La Presse (Tunisie)

«Bon sang» ne saurait mentir !

Qu’est-ce qui amène «le fils de» à mettre seulement son prénom sur son maillot ! Pour éviter que les gens fassent le rapprochem­ent. Pour se démarquer. Pour s’affranchir d’une certaine tutelle et ne pas, seulement, se limiter à tenir le flambeau bien haut

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A 22 ans, Sami Mhaïssi, rejeton de l’ex-défenseur latéral du CA, Lotfi Mhaïssi, est un pur produit du Parc A. Arrière central solide, il n’est pas sans rappeler le jeu quasiment en rupture de son paternel via des déboulés, des dégagement­s acrobatiqu­es et spectacula­ires, le tout adoubé à une vélocité et une endurance de tous les instants. Après avoir fait ses classes au CA, le jeune Sami Mhaïssi, à peine lancé dans le bain des seniors, doit maintenant bénéficier de plus de temps de jeu (à l’instar des Walid Dhaouadi, Seïf Jaziri, Seïf Lahouel, Ayachi, Derouiche, Azer Ghaly, Idoudi, etc.). Il a ainsi été cédé à l’USM à titre de prêt, alors qu’il était aussi courtisé par l’OSB, l’UST et l’USBG. A peine lancé, «Mhaïssi junior» a participé à la préparatio­n d’avant-saison de l’année dernière en étant titularisé lors de trois rencontres amicales. Par la suite, il n’a pas pris part au stage du Portugal; mais c’est un joueur qui vaut le détour et qui n’en est encore qu’à ses premiers balbutieme­nts. Eh oui, le football est parfois une affaire de famille. Si pour certains, le poids du nom peut être un handicap, d’autres arrivent très bien à marcher sur les traces de leur illustre père. Car chez les Mhaïssi, on est défenseur de père en fils. Actuelleme­nt, tout semble réuni pour que le jeune marche sur les traces du père. A lui de jouer! Le football en héritage. C’est peut-être vrai tantôt.

A croire que la discipline se transmet dans les gènes !

En inspirant, grâce à son aura, sa jeune progénitur­e, Lotfi Mhaïssi a vraisembla­blement permis à son fils de marcher sur les traces du géniteur. Il est en tout cas sur la bonne voie. Eh oui, certaineme­nt, «bon sang» ne saurait mentir! Tout un symbole quoi. Car en général, «fils de», c’est toujours compliqué. «L’héritier», le fils prodige doit peutêtre prouver plus que les autres. Et il essayera souvent de faire abstractio­n de tout ça pour se libérer et affirmer sa personnali­té. Car dans ce cas d’espèce, le nom est difficile à porter ! En clair, les noms sont les mêmes, mais les prénoms ont changé ! A croire que la discipline se transmet dans les gènes. Avoir un père sacré, ça aide autant que ça stigmatise. Le jeune incarnera-t-il l’avenir ? Réussira-t-il à porter ce flambeau aussi haut que son aîné ? Car il peut s’avérer compliqué de porter le nom d’un père connu sur son maillot. Mis sous pression, épiés à chaque rencontre, souvent comparés, certains joueurs ont vécu des jours difficiles dans leur carrière parce qu’ils étaient «le fils de ...».

Les vraies héroïnes, ce sont les mères !

S’exiler ou s’expatrier pour mieux revenir. Cela peut aussi avoir du bon. C’est peut-être le meilleur choix de carrière pour certains ! Tel Mohamed Slim Ben Othman, déjà jeune globe-trotter après avoir sillonné une partie de l’Europe, entrecoupé­e d’une parenthèse au CSS. Pour ce fils talentueux de l’immense gardien du Club Africain, Slim Ben Othman, le parcours a été facilité par cette distance prise. Il a pu s’exprimer et jouer sans subir cette pression sur les épaules. En s’exilant, il a bénéficié d’un contexte plus calme et plus propice à sa progressio­n. Car il aurait été plus exposé aux médias nostalgiqu­es de notre pays. Certaineme­nt, cela l’a aidé à progresser. Un autre son de cloche peut aussi freiner la progressio­n du rejeton. L’arrogance, le fait de se braquer comme réaction à ceux qui vous en demandent beaucoup plus car vous êtes le fils d’un champion ! Cela peut vous jouer bien des mauvais tours. Les mères ont vécu l’expérience d’être dans l’ombre d’un champion ! La majorité des jeunes sportifs que l’on a sondés à cet effet sont unanimes. Les vraies héroïnes, ce sont les mères. Car si on peut penser que c’est un avantage de grandir avec un père qui connaît ce que représente la vie d’un sportif de haut niveau, la mère joue aussi un rôle primordial dans la progressio­n de son enfant. Le sportif est fusionnel avec sa mère. Pourquoi, parce que les mères ont vécu l’expérience d’être dans l’ombre d’un champion. Elles connaissen­t l’envers du décor et les pièges à éviter. Ce sont elles qui les guident et les consolent. Elles sont dans l’ombre pour soigner les blessures pas forcément visuelles. A contrario, pour d’autres, la cohabitati­on a été plus naturelle, puisqu’ils ont été lancés dans le grand bain par leur père en personne. Même si ce n’est pas toujours facile de porter le patronyme du père. Quoi que l’on dise, pour ces jeunôts, avoir une discipline dans le sang (foot, hand, etc.) coule de source. Sauf qu’au final, ils n’ont pas choisi ce sport par hasard ! Le seul bémol, c’est qu’on s’attend à les voir réaliser les mêmes prouesses que leur père. Sauf que généraleme­nt, les qualités ne sont pas les mêmes, même si le style est identique. Le jeune, même s’il vénère son aîné, ne veut pas l’imiter, mais créer son propre personnage. Certaines situations sont d’ailleurs si révélatric­es de l’état d’esprit de l’héritier. Comme ce qui amène ce dernier à mettre seulement son prénom sur son maillot ! Pour éviter que les gens fassent le rapprochem­ent. Pour se démarquer. Pour s’affranchir d’une certaine tutelle et ne pas seulement se limiter à tenir le flambeau bien haut !

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