La Presse (Tunisie)

«J’ai brisé un tabou»

Celui qui est passé à côté d’une grande carrière espère voir son fils faire mieux que lui

- S.H.

Parlez-nous de vos débuts ?

J’ai débuté comme tous les jeunes de mon âge au quartier. Puis en 1973-74, feu Mounir El Ghoul, le frère du Stadiste Saber El Ghoul, m’a conseillé d’opter pour le Club Africain. A cette époque, l’ASAriana me voulait. Etant fou de Attouga qui était mon idole, j’ai vite fait de rejoindre les rangs du Club Africain.

Contre l’avis de vos parents, certaineme­nt…

Je m’entraînais en cachette. Mon père n’était pas au courant. Il ne l’a su que lorsque je fus convoqué en équipe nationale cadets. Attouga était en ce temps-là mon entraîneur. Il avait créé une école de gardiens de but au Club Africain et m’avait pris sous sa coupe.

Ne ressentez-vous pas un goût d’inachevé dans votre carrière sportive?

En effet. Pourtant, j’avais rapidement grimpé les échelons. A cette époque, c’était la dictature au Club Africain. Mais je ne me taisais pas. J’avais toujours mon mot à dire. Cela m’a porté préjudice, mais je ne le regrette pas. J’ai commencé en même temps que le Marocain Badou Zaki. J’étais en concurrenc­e avec Mokhtar Naïli, mais je voulais toujours jouer. Personne ne m’a fait le moindre cadeau. Mais je ne suis pas rancunier.

Votre fils, Mohamed Slim, a mieux percé que vous…

C’est un fervent supporter du CA. A 7 ans, il commençait à taper dans une balle, mais je ne voulais pas qu’il soit gardien de but. C’est un gaucher, un numéro 10 et j’ai toujours admiré ce genre de joueur. Jeune, il allait au stade avec ses copains. J’ai senti qu’il possédait un don pour le football et je l’ai encouragé. Il a débuté avec les jeunes du CA avant d’être injustemen­t écarté parce qu’il était le fils de Slim Ben Othman, le gardien de but qui ne se taisait pas et qui vous disait la vérité en face.

Ce fut en tout cas un mal pour un bien…

Je l’ai emmené à l’ASAriana et c’est Chokri Khatoui qui l’a lancé dans le bain à 17 ans à peine. Puis il est allé au Stade Tunisien où il a perdu trois saisons sans jouer, tout en percevant son salaire. Il est allé ensuite jouer avec Zoubeïr Beya à Msaken, alors en seconde division, avec de nouveau Khatoui à la barre. Puis il a de nouveau atterri au Stade Tunisien avec Nabil Kouki. Il n’a pas fait long feu après avoir reçu une offre d’Ukraine.

L’aventure profession­nelle allait justement commencer pour lui…

A 20 ans, il voulait partir à l’étranger, en Europe de l’Est. Il a débarqué dans un club ukrainien sur les recommanda­tions de l’ex-Clubiste Achref Khalfaoui. Ce fut le décollage.

Le CSS s’est ensuite attaché ses services…

Le club avait de gros problèmes à cette époque. Le caractère de Mohamed Slim, timide du reste, ne l’a pas aidé à se frayer un chemin. Il a effacé son contrat pour prendre la route de l’Hexagone.

Le club d’Angers a en effet vite fait de le récupérer…

Ce fut le véritable départ de sa carrière à l’étranger. Il a évolué à Angers, puis est parti au Portugal. Ça commençait à bien marcher pour lui. Aujourd’hui, il évolue en Bulgarie dans un club de première division, Lokomotiv Gorna. Il a signé pour deux saisons et a pour coéquipier Sofiène Moussa, l’ex-attaquant de l’AS Marsa et de l’Etoile Sportive du Sahel.

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