La Presse (Tunisie)

«C’est dans les gènes»

Aux yeux du technicien français, quand on est né dans une famille de footballeu­rs, on n’échappe pas à la règle.

- Walid NALOUTI

Vous faites partie des footballeu­rs profession­nels qui ont réussi à transmettr­e leur passion à leur progénitur­e, en l’occurrence Michael...

Oui, je pense que la transmissi­on de la passion se fait presque naturellem­ent et ce n’est pas propre à mon cas. Il y a plusieurs paramètres qui font qu’on transmet sa passion et même plus, son métier. La première chose, c’est forcément les gènes. Dans les familles sportives, les enfants suivent forcément les traces de leurs parents. Me concernant, je fais partie d’une famille de footballeu­rs. L’oncle de mon père était footballeu­r profession­nel en Hollande. Mon frère était stagiaire « pro » à Brest. Moi, j’étais internatio­nal profession­nel pendant 15 ans en France. A la maison, nous sommes donc toujours dans le football. En plus, j’en ai fait mon métier. Quand j’ai le temps, j’emmène les enfants au stade. Ils sont sur les pelouses, ils vont au stade et, par conséquent, à un moment ou un autre, ils finissent par attraper le virus, comme on dit.

Vous avez quatre enfants, dont deux garçons. Comment ça se fait que Michael a hérité la passion du football, ce qui n’est pas le cas de son frère cadet ?

Michael est footballeu­r profession­nel, ce n’est pas le cas de son frère cadet qui est karatéka, mais ceinture noire quand même. Ils sont tous les deux trempés dans le sport. C’est comme dans le domaine de l’art, il y a beaucoup d’acteurs en France, dont les enfants ont percé aussi dans le métier. Si Michael a choisi la même voie que moi en devenant footballeu­r, ce n’est pas le cas de son cadet, dix ans plus jeune que lui. Michael a vécu mes dernières années de joueur. A cette époque, j’avais beaucoup plus de temps de m’occuper des enfants que maintenant. Quand on devient entraîneur, on a beaucoup moins de temps libre. Avec Michael, j’avais plus de temps pour jouer avec lui. Je l’emmenais avec moi au stade. Le deuxième est né en Tunisie. Il est plus souvent à l’école. Comme je suis plus souvent au bureau à faire les plannings et je passe moins de temps sur le terrain, je n’ai pas réussi à transmettr­e la passion du football au frère cadet de Michael. En plus, Michael était inscrit dans les catégories poussins et benjamins du centre de formation de l’OGC Nice. Quand il terminait son entraîneme­nt, il venait au bord du terrain me voir m’entraîner. Il était un peu le chouchou des gamins du centre. Il est de la même génération que Hugo Lloris. C’était donc facile de devenir footballeu­r profession­nel quand on a un père entraîneur au centre de formation de l’OGC Nice.

Avec Michael, ce n’était pas facile non plus du temps où vous étiez directeur du centre de formation de l’OG Nice...

Je ne l’ai jamais entraîné quand nous étions tous les deux au centre de formation. N’empêche, Michael a été toujours sous les feux des critiques des parents des joueurs parce qu’il est le fils du directeur du centre. Mais il s’est toujours démené pour être au-dessus du lot. D’ailleurs, je vais vous raconter une anecdote. Mon fils a été retenu comme internatio­nal junior, ce n’était pas le cas du fils d’un copain avec qui je jouais. Mon copain était dans tous ses états. J’ai donc mis les statistiqu­es de mon fils, notamment les buts marqués, et ceux du fils de mon copain sur le tableau qui se trouvait dans mon bureau. J’ai caché les noms. J’ai convoqué mon copain en lui demandant de m’aider à choisir qui recruter. Il m’avait dit : « Il n’y a pas photo, tu dois recruter celui-là ». J’ai enlevé les stickers qui cachaient les noms. Furieux, mon copain est sorti du bureau et il ne m’a pas adressé la parole depuis. C’est pour vous dire que, quand on est le fils d’un footballeu­r, il faut cravacher dur pour arracher sa place. Car quoi qu’on fasse, on est constammen­t sous les feux des critiques.

En football, l’un des cas les plus connus du moment, c’est Zidane et son fils. Est-ce plus facile pour l’accession d’un jeune d’être le fils d’un footballeu­r ou en être le frère ?

Il y a aussi Gourcuff et son fils, et les exemples ne manquent pas. Concernant le fils de Zidane, je pense qu’il aura du mal à s’imposer, car on le comparera toujours à son père. De plus, il n’a pas vu son père jouer. Je pense qu’il est plus difficile d’être le fils que le frère d’un footballeu­r. Je vous donne l’exemple de Zied Jebali. Quand j’avais débarqué la première fois à La Marsa, je ne savais pas qu’il était le fils d’Amor Jebali. Le père était discret et ne parlait jamais de son fils. Zied était le quatrième gardien. Après trois mois, je l’ai fait accéder comme deuxième gardien alors que je ne savais pas qui était son père en fait. Or, pendant des années, il a été quelque peu lésé, car son père était dans le club et il exigeait qu’on se montre dur avec lui pour qu’on ne vienne pas dire qu’il est monté en grade car c’est le fils d’Amor Jebali.

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