«Un atout plutôt qu’une source de pression»
Pour le membre de la Commission internationale d’arbitrage d’escrime, l’engagement d’un ancien athlète dans la vie sportive de son fils est généralement une forme de soutien moral et social plutôt qu’une source d’inquiétude et d’angoisse.
«Dans le domaine de l’escrime, les adultes et les parents, en particulier, jouent un rôle clef. En effet, ils constituent pour leurs enfants non seulement un soutien moral et social, mais aussi un moyen de s’évaluer et de progresser. Au sein de ce cadre familial, l’engagement d’un ancien athlète consiste en l’application et l’organisation des programmes sportifs pour ses jeunes fils auxquels ils doivent participer assidûment. De plus, et selon mon expérience en tant que père de Farès et Ayoub, ainsi que membre de la Commission internationale d’arbitrage avec plus de 900 arbitres formés dans le monde, j’ai souvent constaté que la plupart des entraîneurs sportifs exerçant auprès des jeunes sont des parents bénévoles. En outre, au fur et à mesure,ces jeunes deviennent, avec le temps, l’admiration, l’encadrement et la formation appropriée de plus en plus doués. A ce stade-là, le rôle du parent évolue : il passe de celui d’entraîneur à celui de manager, d’agent de voyages ou parfois de «supporter». Donc, ce constat révèle qu’un tel engagement est susceptible de constituer un poids supplémentaire pour les parents, dont plusieurs enfants pratiquent une activité requérant leur soutien. Cela prouve que l’influence extraordinaire exercée par les adultes, tels que parents et entraîneurs, constitue généralement un atout majeur pour le développement d’un jeune athlète dans un sport qui exige non seulement du talent, mais aussi de la qualité technique et de l’endurance physique. A mon avis, chaque athlète tra- verse un processus de maturation en trois étapes : les premières années, les années intermédiaires et les dernières années.Les escrimeurs tout comme les joueurs de tennis, suivent la même progression au cours des trois phases du développement de leur expertise. Pour les jeunes sportifs, les années intermédiaires impliquent un degré d’engagement accru, de même que des progrès sur le plan technique. Cette phase commence généralement lorsque les enfants entrent à l’école primaire ou y sont déjà depuis deux ou trois ans. Le recours à un soutien familial, notamment en termes de temps, d’argent et d’engagement augmente durant cette phase intermédiaire du développement du talent. Pour leur part, certains observateurs ont démontré que l’engagement sportif des jeunes peut avoir de multiples retombées positives sur leurs familles entières, sans nier les répercussions que leurs attentes et leur comportement pouvaient avoir en termes de degré de stress ou de plaisir rencontré par l’enfant dans sa pratique sportive. En conclusion, je pense que les comportements de pas mal de parents qui ont déjà pratiqué une discipline similaire peuvent influer dans deux sens contradictoires sur les sportifs. D’ailleurs, la forte pression parentale, qui s’exprime par une volonté chez l’athlète de répondre aux attentes du parent et par une inquiétude face au jugement social des adultes, était directement liée aux phénomènes d’angoisse constatés avant les grandes compétitions».
Ab.SAK.