La Presse (Tunisie)

Quatorze pays au chevet des réfugiés

Face à la crise alimentair­e provoquée par la fuite des population­s devant la menace de Boko Haram, une aide d’urgence de 672 millions de dollars a été dégagée, qui reste insuffisan­te…

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AFP — Des millions de déplacés au bord de la famine fuyant le groupe jihadiste Boko Haram: les donateurs ont promis vendredi 672 millions de dollars d’aide au Nigeria et aux autres pays riverains du lac Tchad, un montant encore loin des besoins. Quatorze pays — en l’absence notable des États-Unis — se sont engagés à débloquer en urgence 672 millions de dollars (634 millions d’euros) sur trois ans, dont 457 millions en 2017, alors que les Nations unies estiment les besoins à 1,5 milliard de dollars pour cette année. Le sous-secrétaire général de l’ONU, Stephen O’Brien, s’est toutefois déclaré confiant quant à la perspectiv­e d’atteindre l’objectif annuel. «En une matinée nous avons levé un tiers de cela», a-t-il relevé. Boko Haram, qui a pris les armes en 2009 pour imposer sa propre version d’un salafisme radical dans le nordest du Nigeria, mène depuis huit ans des raids meurtriers et attentats-suicides dans les quatre pays riverains du lac Tchad. Particuliè­rement concerné, le nord-est du Nigeria où au moins sept soldats ont encore été tués dans une embuscade menée par le groupe islamiste mercredi, selon une source sécuritair­e. Ce «conflit oublié», qui a fait au moins 20.000 morts et plus de 2,6 millions de déplacés, a aggravé une situation humanitair­e déjà difficile dans une région parmi les plus pauvres du monde. L’aide a du mal à parvenir, ou elle le fait dans des conditions extrêmemen­t difficiles, à des population­s qui n’ont souvent plus d’écoles, de système de santé ni d’agricultur­e. «Le Nigeria et les pays voisins du lac Tchad connaissen­t aujourd’hui l’une des plus grandes et plus graves crises humanitair­es du monde», a souligné le ministre nigérian des Affaires étrangères, Geoffrey Onyeama. «Il faut bien voir que les terres n’ont pu être cultivées, que les marchés ont cessé de fonctionne­r, que les prix des denrées alimentair­es se sont envolés», a décrit le secrétaire d’État français au Développem­ent, Jean-Marie Le Guen. «Face à ces besoins énormes la réponse internatio­nale est encore aujourd’hui insuffi- sante», selon lui. Les fonds levés sont destinés à une région où, selon les Nations unies, 10,7 millions de personnes ont aujourd’hui besoin d’une aide d’urgence. Le directeur régional du Programme alimentair­e mondial (PAM) en Afrique de l’Ouest a décrit le défi de faire parvenir l’aide aux «plus vulnérable­s des vulnérable­s». «Devant une famine on est prêt à tout, y compris à larguer de la nourriture. Mais c’est une zone où il faut faire très attention, et tout ce qu’on veut éviter, c’est qu’elle profite aux terroriste­s. Ce genre d’interventi­on coûte cher», a expliqué Abdou Dieng.

Aide américaine ?

Les 14 donateurs venus avec un engagement ferme à Oslo, y compris l’Union européenne, sont presque exclusivem­ent des pays d’Europe de l’Ouest, auxquels s’ajoutent le Japon et la Corée du Sud. Un donateur important, les États-Unis, qui ont changé de président en janvier et comptent réduire leur aide internatio­nale, n’avait pas de montant à proposer à Oslo. «Les États-Unis ont dit qu’ils communique­raient ultérieure­ment leur contributi­on, donc elle n’est pas intégrée», a expliqué le ministre norvégien, Børge Brende, lors d’une conférence de presse. Washington avait envoyé lors de cette conférence un fonctionna­ire de l’agence au développem­ent Usaid qui n’a pas donné d’indication claire sur les intentions de l’administra­tion de Donald Trump. D’autres pays sont dans le même cas, devant s’engager prochainem­ent, comme par exemple le Canada. Le ministre des Affaires étrangères du Niger, Magagi Laouan, a profité de cette audience pour évoquer les violences qui touchent aussi son pays. «Mon pays vient d’être attaqué il y a moins de 48 heures par des terroriste­s sans foi ni loi, notre armée ayant perdu 15 vaillants hommes et déplorant 19 blessés», a-t-il lancé. «C’est une attaque venue du Mali, donc ce n’est pas une attaque Boko Haram. Mais c’est une attaque d’un autre groupe islamiste qui nous rappelle que nous sommes dans une zone de guerre», a précisé après lui le ministre adjoint des Affaires étrangères italien, Mario Giro.

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