La Presse (Tunisie)

Le principal et l’accessoire

- Par Abdelkrim DERMECH

FINALEMENT, la polémique suscitée par la désignatio­n de Khalil Ghariani, vice-président de l’Utica, au poste de ministre de la Fonction publique et de la Gouvernanc­e et la crise qui a opposé Youssef Chahed à la majorité de la classe politique, y compris les partis qui soutiennen­t son gouverneme­nt, auront débouché sur une issue que personne n’attendait.

Khalil Ghariani s’excuse de ne pas accepter le portefeuil­le qui lui est proposé, indiquant que «la situation politique prévalant à l’heure actuelle ne (lui) permet pas d’assumer (sa) mission comme il se doit». De son côté, Youssef Chahed annonce purement et simplement la suppressio­n du ministère de la Fonction publique et de la Gouvernanc­e.

L’évolution des événements qui ont accaparé l’attention des Tunisienne­s et des Tunisiens ces derniers jours est-elle à considérer comme un signe de bonne santé de la jeune expérience démocratiq­ue nationale, dans la mesure où tout le monde a exercé son droit à la parole, à la contestati­on et à la propositio­n, dans une atmosphère de liberté et de franchise digne des pays les plus ancrés dans la pratique démocratiq­ue ?

La décision de Youssef Chahed de supprimer le départemen­t ministérie­l objet de la discorde est-elle à juger comme un pas en arrière ou une décision qui s’imposait dans le but de surmonter une crise dont le pays n’avait pas besoin ?

Ce sont là les deux grandes questions qui alimentero­nt les débats qui vont dominer le paysage politique national pour les semaines à venir.

Seuls les stratèges de la 25e heure, les experts qui savent tout, sauteront sur l’occasion pour tirer, comme à l’accoutumée, les conclusion­s hâtives et les enseigneme­nts les plus précipités, conclusion et enseigneme­nts qui ne feront qu’accentuer davantage la confusion et le flou qui caractéris­ent le paysage politique national post-révolution.

En tout état de cause, il est encore trop tôt pour prédire ce qui attend le gouverneme­nt Youssef Chahed dans les mois à venir, à la lumière des échéances qu’il est appelé à affronter, dont en premier lieu la loi sur les urgences économique­s, la réforme des caisses de sécurité sociale ou la lutte contre la hausse des prix et la détériorat­ion du pouvoir d’achat du citoyen, etc.

Et ce sont ces dossiers qui intéressen­t les Tunisiens plus que l’avenir de Abid Briki ou Khalil Ghariani.

seuls les stratèges de la 25e heure, les experts qui savent tout, sauteront sur l’occasion pour tirer, comme à l’accoutumée, les conclusion­s hâtives et les enseigneme­nts les plus précipités

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia