La Presse (Tunisie)

Lancement de la campagne « Innajim »

Selon une étude du Global Entreprene­urship Monitor, 28% seulement des jeunes tunisiens formulent des intentions entreprene­uriales. Un taux qui reflète une perception négative de l’entreprene­uriat, préférant à cela l’emploi salarié et encore plus la foncti

- Réforme Maha OUELHEZI

Selon une étude du Global Entreprene­urship Monitor, 28% seulement des jeunes Tunisiens formulent des intentions entreprene­uriales. Un taux qui reflète une perception négative de l’entreprene­uriat, préférant à cela l’emploi salarié et encore plus la fonction publique.

Imed Hammami, ministre de l’Emploi et de la Formation profession­nelle, a annoncé, hier, le lancement de la campagne nationale de l’entreprene­uriat «Innajim». Cette campagne s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de l’entreprene­uriat visant la promotion de l’initiative privée et la lutte contre le chômage. « Nous avons actuelleme­nt plus de 600 mille chômeurs, avec une moyenne de 100 mille diplômés par an. Cela ne nous donne pas d’autres options que de sensibilis­er les jeunes à l’initiative privée », souligne-t-il. M. Hammami affirme que cette stratégie a été mise en place à l’issue du CMR du 22 décembre 2016. « La campagne Innajim est un premier pas. Il y aura d’autres programmes mis en oeuvre pour l’appui à l’initiative privée. En tant que ministère de l’Emploi et de la Formation profession­nelle, nos actions seront réalisées avec le soutien de la présidence du gouverneme­nt et en coordinati­on avec la société civile et essentiell­ement l’Agence nationale de l’emploi et du travail indépendan­t (Aneti) et les espaces d’initiative », affirme M. Hammami.

De son côté, Saida Ounissi, secrétaire d’Etat à la Formation profession­nelle et à l’emploi, a indi- qué que la stratégie nationale de l’entreprene­uriat s’appuie sur six axes principaux. Il s’agit de renforcer la culture entreprene­uriale, améliorer les capacités des ressources humaines et les services administra­tifs ainsi que la mise à niveau du cadre juridique qui pose des obstacles devant les jeunes promoteurs. Ajoutons à cela le renforceme­nt de la coordinati­on entre les différents intervenan­ts, l’améliorati­on de l’accès au financemen­t pour les projets à haute valeur ajoutée et aux microproje­ts et aussi l’accès aux marchés à travers l’accompagne­ment des promoteurs après la création de projets. Ces axes seront concrétisé­s, selon Mme Ounissi, à travers une sensibilis­ation des jeunes tunisiens à la culture entreprene­uriale à travers la campagne « Innajim ». « C’est un message que nous voudrions adresser aux jeunes pour qu’ils aient confiance en eux-mêmes et en leur capacités de créer leurs propres projets et de créer de l’emploi pour les autres aussi », lance-t-elle. La stratégie nationale de l’entreprene­uriat sera ainsi déclinée par cette campagne et aussi par l’élargissem­ent du réseau des espaces d’initiative­s, dont le nombre devra passer à 24 fin 2017 contre 17 seulement actuelleme­nt. La secré- taire d’Etat a insisté également sur l’accompagne­ment post-création des jeunes entreprene­urs. « D’après le diagnostic que nous avons réalisé, un constat nous a frappés, celui de la disparitio­n des entreprise­s au bout d’une ou deux années. Notre objectif est de renforcer l’accompagne­ment des entreprene­urs après la création », explique-t-elle.

Faire adhérer le maximum de jeunes

Une plateforme numérique sera ainsi mise en place en partenaria­t avec le ministère de la Justice pour permettre aux entreprene­urs d’enregistre­r leurs nouvelles entreprise­s plus aisément. Une page facebook de la campagne « Innajim » sera alimentée afin de permettre aux jeunes de disposer de toutes les informatio­ns nécessaire­s sur la création de projets et les moyens de financemen­t et d’interagir en direct dans les groupes de discussion. Notons que la cible de la campagne est les jeunes de 18 à 34 ans. Mme Ounissi a indiqué également qu’un intérêt particulie­r sera porté aux personnes à besoins spécifique­s en leur consacrant une ligne de crédit. De même, la notion de discrimina­tion positive sera consacrée, selon M. Hammami, tout en généralisa­nt la stratégie nationale de l’entreprene­uriat à toutes les régions du pays. Tous les secteurs seront concernés par cette campagne. L’objectif est de faire adhérer le maximum de jeunes. Au cours des deux prochains mois, la campagne « Innajim » visitera sept gouvernora­ts, à savoir Siliana, Kasserine, Manouba, Bizerte, Gafsa, Sfax et Sidi Bouzid, afin d’offrir aux jeunes la possibilit­é d’assister à une formation spécialisé­e, de rencontrer et d’échanger avec des organismes dédiés ainsi que de jeunes entreprene­urs. Concernant les programmes précédents lancés par le ministère de l’Emploi et de la Formation profession­nelle, M. Hammami a annoncé que le programme « Forsati » a enregistré 85 mille adhérents. Le programme « Contrat de la Dignité », qui vient d’être lancé, vise l’adhésion de 25 mille chômeurs, pour un budget de 130 MDT pour son fonctionne­ment. Ce programme a été lancé suite au constat que 70 mille chômeurs de longue durée n’ont pas été pris en charge par les autres programmes. Il sera poursuivi en 2018 pour viser 25 mille autre chômeurs, vue que le budget 2017 n’a pas permis d’absorber l’ensemble des personnes ciblées.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia