La Presse (Tunisie)

changer de perception de la gouvernanc­e publique

- Rafik EL HERGUEM

AU moment où le budget de l’Etat se compresse de plus en plus, au moment où le déficit devient une vérité inévitable, et au moment où les revenus de l’Etat, essentiell­ement ceux de la fiscalité, ne permettant plus de financer les besoins de financemen­t, une réorganisa­tion et une restructur­ation profonde du secteur public s’imposent. L’idée n’est pas nouvelle, mais le problème est que les différente­s approches de réforme opérées depuis 2011 n’ont pas pris en compte que les règles du jeu ont changé. Les différents gouverneme­nts ont épuisé la trésorerie publique pour payer la masse salariale gonflée du secteur public, notamment les sociétés nationales dont une grande partie se trouve dans des spirales d’inefficien­ce et de déficit. L’Etat s’endette non pour investir sur le secteur public, ressources humaines et matérielle­s, mais pour payer des salaires qui montent de plus en plus sans qu’il y ait rentabilit­é et équilibre financier minimum. L’idée-cliché que le secteur public doit fournir un service non marchand (l’Etat par les outils de compensati­on offre des prix bas ou inférieurs au coût réel) et que sa valeur ajoutée consiste à payer des salaires, doit être remise en cause. Les pays développés se sont, certes, ouverts sur le secteur privé, mais ont investi sur leurs sociétés publiques. Sans les brader à la vente, ils ont modernisé ces sociétés, opté pour des révisions étudiées de leurs effectifs et des plans sociaux austères mais efficaces à terme. Le tout en présentant des produits et services de qualité et en misant sur une rentabilit­é raisonnabl­e. Dans notre cas, on ne gère pas les sociétés publiques selon les règles de la bonne gouvernanc­e, mais l’idée absurde qui règne consiste à observer les institutio­ns publiques comme un lieu qui paye les gens qui ne sont pas appelés à fournir une productivi­té meilleure et à générer des bénéfices. Effectif en surplus, dossiers de corruption à la pelle, absence de vision dans les grandes sociétés publiques, cumul de pertes, et probableme­nt une voie libre à la privatisat­ion sauvage et en catastroph­e, le gouverneme­nt a besoin de revoir son approche et sa vision à propos de la notion du secteur public.

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia