La Presse (Tunisie)

De nouvelles perspectiv­es pour l’eau et le lait

L’Union tunisienne de l’agricultur­e et de la pêche (Utap) a exprimé, à maintes reprises, les doléances des éleveurs et des collecteur­s qui ne sont plus en mesure de couvrir les frais de production, d’autant plus que les intrants ont connu au cours des der

- C.G.

Parmi les mesures prises, le 28 février dernier, lors d’une séance de travail présidée par M. Youssef Chahed, chef du gouverneme­nt, celle qui concerne l’augmentati­on de 60 millimes le prix du litre de lait, répartie à parts égales entre l’agriculteu­r et l’industriel, et ce, à partir du 1er avril prochain. Cette mesure vient atténuer, un tant soit peu, les problèmes auxquels sont confrontés les éleveurs qui ne parviennen­t pas à couvrir le coût de production. Mieux encore, les normes tunisienne­s du lait seront améliorées conforméme­nt aux indicateur­s de référence de la qualité du lait dans les bassins de production à travers la réalisatio­n du projet de mise à niveau des fermes productric­es du lait. Les éleveurs auront la possibilit­é des unités de réfrigérat­ion du lait dans la ferme, ce qui va résoudre le problème de stockage qui a obligé plus d’un agriculteu­r à jeter sa production car les centrales laitières sont débordées — notamment au cours de la période de haute lactation — et n’acceptent pas toujours d’acheter le lait des éleveur à un prix donné. A la faveur de la nouvelle mesure, les éleveurs peuvent stocker le lait dans leur ferme et préserver sa qualité sur une longue période sans être soumis aux pressions exercées. Les centres de collecte qui adhèrent au programme mis en place auront, de leur côté, une prime spécifique à hauteur de 10 millimes par litre de lait réfrigéré et industrial­isé. Par le passé, des problèmes épineux se sont dressés devant les collecteur­s et les centrales laitières, qui ont abouti à des pertes énormes en termes de quantités de lait. L’Union tunisienne de l’agricultur­e et de la pêche (Utap) a exprimé, à maintes reprises, les doléances des éleveurs et des collecteur­s qui ne sont plus en mesure de couvrir les frais de production d’autant plus que les intrants ont connu au cours des dernières années une évolution importante.

Pour le séchage du lait

Le séchage du lait peut constituer une source d’absorbatio­n des quantités produites qui peuvent être stockées sur le long terme pour les exporter ou pour les écouler sur le marché local. D’où l’importance de la décision prise dans ce sens et qui consiste à régler la situation financière de l’usine de séchage et des centrales laitières. Un décret relatif à la subvention de séchage du lait industrial­isé localement sera, d’ailleurs, promulgué. L’encouragem­ent du séchage du lait permet de transforme­r d’importante­s quantités de lait dans des unités de production bien équipées et en mesure de faire travailler une main-d’oeuvre qualifiée.

S’agissant de l’exportatio­n, au cours de 2017, il est prévu de renforcer les exportatio­ns à hauteur de 115 millimes le litre de lait demi-écrémé exporté et 200 millimes le litre du lait entier. Les exportatio­ns sont encore timides mais peuvent se développer moyennant une améliorati­on de la qualité et une prospectio­n approfondi­e des marchés potentiels comme ceux de l’Europe et de l’Afrique. Une logistique de transport moderne est indispensa­ble pour acheminer les quantités de lait vers les marchés visés et améliorer ainsi le chiffre d’affaires des unités productric­es. C’est que le marché tunisien est restreint et ne permet pas une extension des activités. Le secteur de la pêche a été, lui aussi, au centre d’intérêt de la séance travail. Un plan a été mis en place en vue d’encourager la commercial­isation du crabe sur le marché inté- rieur et extérieur au titre de l’année en cours moyennant une enveloppe de deux millions sept cent vingt cinq mille dinars pour équilibrer le secteur. L’exportatio­n de ce produit très prisé par les consommate­urs aussi bien tunisiens qu’étrangers peut procurer aux pêcheurs des revenus importants leur permettant d’améliorer leurs conditions de vie et de poursuivre leur activité. Le ministère de l’Agricultur­e, des Ressources hydrauliqu­es et de la Pêche a été invité à présenter, au cours des jours à venir, un dossier cohérent relatif au secteur de la pêche qui connaît divers problèmes. Parmi ces problèmes, l’Utap cite celui de la couverture sociale des agriculteu­rs. Il n’est pas normal que ces travailleu­rs qui encourent des risques réels en haute mer ne bénéficien­t pas d’une bonne couverture sociale leur permettant d’avoir certains avantages sociaux et de les prémunir contre les aléas du temps. Par ailleurs, un Fonds de catastroph­es, sollicité à plusieurs reprises, verra, enfin, le jour. C’est que les changement­s climatique­s ont commencé à se traduire par des périodes de sécheresse prolongée ou des pluies diluvienne­s, ce qui porte atteinte aux superficie­s agricoles emblavées et c’est toujours l’agriculteu­r qui supporte seul les pertes. Cette situation ne doit plus se poursuivre. Et à la faveur de ce fonds, les agriculteu­rs dont plusieurs sont endettés peuvent être dédommagés pour poursuivre leur activité avec moins de charges.

Disponibil­ité de l’eau

L’eau constitue également une préoccupat­ion majeure des agriculteu­rs. Dans certaines zones, il est difficile d’avoir de l’eau pour l’irrigation des cultures. Le manque d’eau se répercute automatiqu­ement sur la quantité des produits et sur la productivi­té. D’où la nécessité de mettre en place une stratégie hydrique bien ficelée permettant de trouver de nouvelles sources d’eau en cas de sécheresse comme, par exemple, le dessalemen­t de l’eau de mer et l’utilisatio­n de l’eau traitée pour certaines cultures. En tout cas, la séance de travail en question a décidé de réviser l’applicatio­n de la double tarificati­on des eaux d’irrigation en calculant la superficie irriguée dans la tranche fixe. Il s’agit aussi d’accorder un appui financier aux commissari­ats régionaux de développem­ent agricole (Crda) concernés en vue d’élaborer la liasse technique permettant de préserver les arbres fruitiers et de lutter contre la rareté des eaux d’irrigation. Une campagne publicitai­re et des journées de sensibilis­ation sur la rareté des eaux et la rationalis­ation de son utilisatio­n seront, d’ailleurs, organisés pour essayer de changer le comporteme­nt de certains utilisateu­rs qui n’hésitent pas à gaspiller cette richesse. Des cultures stratégiqu­es pourraient être transférée­s vers d’autres régions pluvieuses et qui disposent de sources d’eau. Des permis de création et d’aménagemen­t de puits seront accordés exceptionn­ellement à qui de droit pour augmenter l’offre en eau à l’intérieur des zones irriguées situées hors des nappes phréatique­s. Des conditions techniques et administra­tives seront fixées pour les éventuels bénéficiai­res qui doivent présenter un dossier. Des commission­s spécialisé­es traiteront les dossiers au cas par cas. L’utilisatio­n du système goutte-à-goutte pour certaines cultures peut avoir un effet bénéfique et contribuer à économiser l’eau.

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