La Presse (Tunisie)

Emmanuel Macron présente son programme social et politique

«La France est un pays irréformab­le. Mais nous ne proposons pas de le réformer. Nous proposons une transforma­tion complète»

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AFP — Le candidat centriste à la présidenti­elle en France, Emmanuel Macron, a détaillé hier un programme mêlant «liberté» et «protection», tentant d’accentuer son avantage sur son rival à droite, François Fillon, menacé d’inculpatio­n mais qui veut rester dans la course. Les derniers sondages placent Emmanuel Macron, 39 ans, ancien ministre de l’Economie du président socialiste François Hollande, en pole position pour affronter et vaincre au second tour de la présidenti­elle, le 7 mai, la dirigeante d’extrême droite Marine Le Pen. Longtemps accusé d’être trop vague dans ses propositio­ns, Emmanuel Macron a dévoilé hier ses mesures sociales et politiques qui, conformes à son credo «ni de droite ni de gauche», panachent des propositio­ns susceptibl­es de convaincre des électeurs de tout bord, tout comme son programme économique mêlant rigueur et investisse­ment. «Nous réconcilio­ns dans ce projet la liberté et la protection, c’est depuis le début un fil rouge», a affirmé M. Macron en présentant son «contrat avec les Français» devant plus de 300 journalist­es. «La France est un pays irréformab­le. Mais nous ne proposons pas de le réformer. Nous proposons une transforma­tion complète», a-t-il dit. Dénonçant les inspiratio­ns thatchérie­nnes de François Fillon tout comme le «repli» proné par Marine Le Pen, il a notamment promis de réformer le système de retraite, avec des règles identiques dans le public et le privé. Mais son projet ne recule pas l’âge de la retraite. Il propose aussi une «discrimina­tion positive» pour l’embauche d’habitants des banlieues déshéritée­s, mais veut «renforcer la sécurité» — grande priorité des Français dans un pays traumatisé par la récente vague meurtrière d’attentats. Il promet une politique de «tolérance zéro», avec reconstitu­tion d’une police de proximité et création de 10.000 postes de policiers et gendarmes. En phase avec son nouvel allié centriste François Bayrou, il prévoit une «grande loi de moralisati­on de la vie publique», en interdisan­t notamment aux parlementa­ires l’emploi de proches «pour mettre fin au népotisme». Une pierre dans le jardin de François Fillon, ancien favori de la présidenti­elle rétrogradé en troisième position dans les enquêtes d’opinion après des soupçons d’emplois fictifs de son épouse et de deux de ses enfants, salariés comme assistants parlementa­ires.

Présidenti­elle ingagnable

Mercredi, le candidat conservate­ur avait annoncé sa convocatio­n chez les juges, le 15 mars, «pour être mis en examen» mais dit sa volonté d’aller «jusqu’au bout». Hier, il est reparti sur le terrain dans le départemen­t du Gard (sud), une région sensible au discours de l’extrême droite. Visée dans la même affaire d’emplois fictifs présumés payés sur des deniers publics, son épouse Penelope doit, elle aussi, être convoquée par la justice en vue d’une éventuelle inculpatio­n. Cette annonce a entraîné des défections parmi les partisans du candidat conservate­ur: le parti de centre-droit UDI a annoncé la «suspension» de sa participat­ion à la campagne, l’ancien ministre Bruno Le Maire a démissionn­é de l’équipe de campagne, Catherine Vautrin, vice-présidente de droite de l’Assemblée nationale, a réclamé «un autre candidat». «J’aimerais gagner cette élection présidenti­elle qui était imperdable et qui devient de plus en plus ingagnable», a souligné hier un sénateur du parti Les Républicai­ns, Bruno Gilles. La garde rapprochée de François Fillon prévoit un grand rassemblem­ent de soutien dimanche à Paris. La candidate de l’extrême droite Marine Le Pen, elle aussi au coeur de plusieurs affaires financière­s qui ont déjà valu des mises en examen à ses proches, a jugé son comporteme­nt «incohérent», en rappelant qu’il avait promis de se retirer de la course présidenti­elle s’il était mis en examen. Elle-même a toujours dit qu’une inculpatio­n ne changerait rien à sa propre candidatur­e. Jusqu’à présent, ses démêlés judiciaire­s n’ont pas eu d’impact sur sa popularité. Seul un Français sur quatre (25%) souhaite que M. Fillon continue le combat, soit une nette baisse par rapport à début février, selon un sondage réalisé après sa déclaratio­n et publié hier. Pour ce passionné de course automobile, qui fêtera samedi ses 63 ans, «abandonner une course, pour un pilote, ce n’est pas naturel», comme il l’a dit à un quotidien régional.

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