Les raids américains s’intensifient contre les jihadistes
Les Etats-Unis considèrent Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa) comme la branche la plus dangereuse du réseau jihadiste
AFP — Au moins douze membres présumés d’Al-Qaïda ont été tués hier dans des frappes aériennes, attribuées à des drones américains, dans le sud et le centre du Yémen, ont indiqué des sources sécuritaires et tribales. Ces attaques, inhabituelles par leur intensité, se sont concentrées sur les provinces d’Abyane et de Chabwa (sud), ainsi que dans celle de Baïda (centre). A l’aube, un drone a visé des jihadistes présumés rassemblés devant la maison d’un membre d’Al-Qaïda dans la vallée de Yashbum, dans la province de Chabwa, tuant quatre d’entre eux, a indiqué un responsable. Dans la province voisine d’Abyane, un drone américain a visé un camion chargé d’armes dans la région de Wadea, contrôlée par AlQaïda, tuant cinq jihadistes, selon une source de sécurité. Plus tôt dans la journée, une position tenue par Al-Qaïda à l’est de la ville côtière de Chaqra, sur le Golfe d’Aden, a également été visée par un raid de drone, selon un autre responsable de la sécurité qui n’a pas été en mesure de fournir un bilan de cette deuxième attaque. Mais c’est dans la province centrale de Baïda que les drones américains ont été les plus actifs avec plusieurs raids contre des cibles dans la région de Sawmaa, fief d’Al-Qaïda, selon un responsable local et des sources tribales. Trois combattants présumés d’AlQaïda ont péri dans des attaques de drone à Al-Qaïfa, également dans la province de Baïda, selon ces dernières sources. Certaines sources ont parlé d’au moins dix attaques dans la province de Baïda. C’est dans cette dernière province que des forces spéciales américaines avaient mené le 29 janvier une opération commando contre un site d’Al-Qaïda. Mais ce premier raid d’envergure sous l’administration de Donald Trump avait mal tourné avec la mort d’un militaire américain et de plusieurs femmes et enfants. Trois soldats américains avaient aussi été blessés dans des combats. Le président Trump a défendu cette opération, vivement critiquée aux Etats-Unis et par des ONG. Il a expliqué mardi au Congrès que l’opération lui avait été décrite par son secrétaire à la Défense comme «une grande réussite ayant fourni de grandes quantités de renseignements vitaux» sur le réseau jihadiste. Les Etats-Unis, les seuls dans la région à disposer de drones pouvant atteindre des cibles au Yémen, considèrent Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (Aqpa) comme la branche la plus dangereuse du réseau jihadiste.
Scandalisé
Les forces progouvernementales yéménites, soutenues depuis mars 2015 par une coalition arabe sous commandement saoudien, affrontent à la fois des rebelles houthis, qui contrôlent une partie du territoire dont la capitale Sanaa (nord), et des groupes jihadistes bien implantés dans le sud et le sud-est du Yémen. Les combats se sont concentrés depuis le début de l’année dans la région de Mokha (sud-ouest), conquise début février par les forces progouvernementales. Les rebelles ont lancé une contreoffensive au nord de Mokha où ils ont perdu jeudi 12 hommes, mais ont pu reprendre aux forces progouvernementales Jebel Al-Nar, un site militaire stratégique où six soldats ont été tués, selon des sources militaires et médicales. Le patron des opérations humanitaires de l’ONU, Stephen O’Brien, a indiqué hier, au terme d’une visite de quatre jours au Yémen, que seul un règlement pacifique aiderait à stopper la détérioration de la situation dans ce pays pauvre qui risque la famine. «La meilleure solution humanitaire, c’est la paix», a dit M. O’Brien, qui a dû renoncer mardi à une visite dans la ville de Taëz (sud-ouest), assiégée par les rebelles, apparemment en raison de tirs. «J’ai été scandalisé que les efforts humanitaires pour atteindre des personnes dans le besoin soient entravés par des parties en conflit, notamment au moment où des millions de personnes (...) risquent la famine», a-t-il déclaré à la presse à l’aéroport de Sanaa. En deux ans, la guerre au Yémen a fait plus de 7.500 morts et 40.000 blessés, dont de nombreux civils, selon M. O’Brien.