La Presse (Tunisie)

De graves accusation­s en attendant la réponse du ministère

La directrice démissionn­aire et les journalist­es présents se sont retrouvés devant des locaux fermés et la conférence de presse a eu lieu dans la cafétéria d’à-côté. ▸

- Asma DRISSI

Lundi soir vers 18h00, Amel Moussa, directrice de la 53e édition du Festival internatio­nal de Carthage a annoncé sa démission de son poste de directrice, d’abord, via un communiqué de presse, ensuite, dans quelques médias pour des raisons qu’elle a qualifiées d’«objectives». Et a convié la presse nationale à une conférence de presse qui devait se tenir hier matin dans les locaux du festival de Carthage à Montplaisi­r. Une heure après, le ministère des Affaires culturelle­s a annoncé la démission des membres du comité directeur de la 53e session du Festival internatio­nal de Carthage «par manque de communicat­ion et de travail collectif avec la directrice artistique, Mme Amel Moussa». «L’affaire sera traitée d’urgence pour réunir les conditions de l’action sérieuse du Festival et afin de lui assurer les conditions du succès habituel», souligne le départemen­t de tutelle dans un communiqué. Mardi matin, arrivés à l’heure, on se retrouve devant des locaux fermés… paraît-il, la serrure a été changée dans la nuit. La directrice démissionn­aire et les journalist­es présents se sont retrouvés dans la rue et la conférence de presse a eu lieu, dans la cafette d’à-côté. Amel Moussa a commencé sa conférence de presse en s’indignant face à ce genre de pratiques, « peu courtoises et indignes du ministère de tutelle, elle aurait souhaité rencontrer la presse nationale dans d’autres circonstan­ces pour présenter le fruit de son labeur. Elle a tenu à préciser que sa démission n’avait rien d’un conflit personnel ni d’un problème d’ego mais une indignatio­n face à la marginalis­ation de sa responsabi­lité en tant que directrice de la session et le parti pris du ministre en faveur du directeur général de l’organisati­on nationale des manifestat­ions artistique­s et des festivals internatio­naux, Ali Marmouri, considéré comme le premier responsabl­e du festival, omettant la responsabi­lité historique et morale du directeur du festival devant l’opinion publique, la presse et les artistes» , selon ses termes. Elle a justifié également, sa démission par «la mainmise du ministre sur le festival en imposant le comité qui avait travaillé avec lui lors de sa direction du festival l’année dernière et son interféren­ce dans ses orientatio­n» et en faisant pression sur elle, notamment la mobilisati­on de certains de ses conseiller­s pour lui dicter (ses ordres) durant les trois derniers mois». Amel Moussa a affirmé : «Je n’adhérerai pas à une politique qui ne reconnaît pas le projet culturel artistique et ne croit pas à l’indépendan­ce des idées, outre l’ambiguïté du dossier financier du festival», et a exprimé son refus «de répéter les abus dangereux de la précédente édition dont le nombre exorbitant des gratuités qui se sont élevées à plus de 2.000 places pour certains concerts». Avant de conclure, Amel Moussa a tenu à présenter ses excuses à tous ceux qui lui ont accordé leur confiance, ainsi qu’à tous les intellectu­els, créateurs, artistes, mais «les conditions de travail sont devenues insupporta­bles et empêchent d’assurer une session digne du festival de Carthage et de la Tunisie» . Elle a tenu aussi à présenter aux médias présents une esquisse de sa programmat­ion, fruit de son travail durant les trois derniers mois et des premières négociatio­ns avec des artistes internatio­naux et nationaux dont «Scorpions», «Dhafer Youssef», «Chirine», «La comédie musicale Notre Dame de Paris», «Nouba 2» de Fadhel Jaziri, Soufia Sadok, «Riadh Fehri», «Noujoum - The Voice»…, conclut-elle.

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Amel Moussa: «Ma démission n’a rien d’un conflit personnel»

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