Les femmes, toujours ignorées !
Le secteur des médias reste encore à forte dominante masculine, la représentation et la participation féminines demeurent timides !
La Journée internationale de la femme est célébrée chaque années le 8 mas. Cette journée offre aux femmes l’opportunité d’exiger d’être traitées sur un pied d’égalité avec les hommes. Dans ce cadre, le ministère chargé des Relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et des droits de l’Homme a organisé hier, à Tunis, en partenariat avec le Conseil de l’Europe, un atelier de travail sur le thème : «La participation et la représentation des femmes dans les médias». Cet atelier vise à promouvoir les droits des femmes, ainsi que leur image afin de leur procurer le statut qu’elles méritent en mettant en oeuvre les engagements internationaux de la Tunisie et les conventions et traités ratifiés dans le domaine. L’atelier est un forum de débat et de dialogue entre les différents intervenants, à savoir des représentants de l’Assemblée des représentants du peuple, des représentants des ministères et des organismes publics, afin de renforcer la place de la femme dans les médias. Il est à noter que ce qui enferme la femme dans des concepts étroits et restreints, ce sont les traditions culturelles tunisiennes affectant le processus de promotion de ses droits. Mahdi Ben Gharbia a notamment souligné : «L’autonomisation effective de la femme dans le domaine médiatique est toujours absente. L’atelier a pour objectif également de proposer des échanges sur les défis et les mécanismes nécessaires pour promouvoir le rôle des médias à travers ses différents supports dans le traitement des principales problématiques portant sur les droits des femmes, ainsi que son rôle dans la diffusion d’un discours qui prône et valorise le statut des femmes dans la société et leur participation en tant qu’acteur principal dans la vie publique». Le débat a porté aussi sur les difficultés et les obstacles que rencontrent les femmes journalistes ainsi que leur présence dans les postes de décision qui reste limitée. Ce qui entrave leur contribution effective au changement radical de l’image et des stéréotypes sur le rôle prépondérant qu’a la femme dans la société tunisienne. Une journaliste raconte sur un ton amer son expérience personnelle faite de sanctions d’ordre moral et professionnel de la part de ses supérieurs hiérarchiques. Mme Soukeina Bouraoui, directrice du Centre arabe «Woman for Training and Reserch» (Cawtar), a souligné que «les médias influencent considérablement la façon dont les normes sociales et culturelles rapportées à la profession des femmes sont conçues. Cela étant, l’image des femmes et leur rôle dans les médias ont fortement évolué. Ils sont conditionnés par les normes sociales et culturelles existantes. La conférence du Conseil de l’Europe sur les médias et l’image de la femme a examiné les rapports entre les médias et l’image des femmes qu’ils projettent, y compris les questions liées à l’utilisation de stéréotypes et au sexisme, à la liberté d’expression et à l’égalité entre les femmes et les hommes. Les médias peuvent entraver ou accélérer les avancées structurelles en faveur de l’égalité des sexes. Du fait qu’ils jouent un rôle crucial dans la formation des perceptions, des opinions et des comportements». Une équité dans les traitements professionnels est recommandée dans l’exercice des fonctions liées à l’univers médiatique suscitant une meil- leure parité homme-femme. Mme Mariem Ben Hassine, rédactrice en chef à Attessia TV, déclare : «Jamais dans l’histoire, les médias n’ont joué un rôle aussi important dans la socialisation des êtres humains, ni ne sont arrivés à faire autant partie intégrante, à devenir l’élément obligé de la vie quotidienne de la population. Ils ont le pouvoir de transmettre des messages et des images du monde entier. Ils ne sont pas simplement le miroir du monde, ils façonnent activement les images et les idées». L’atelier a également été une occasion pour échanger les expériences en la matière, à travers la participation des experts et professionnels des médias de Tunisie et de France. Ainsi, Mme Sophie Marsandon, rédactrice en chef adjointe à Radio France internationale ( RFI) souligne- t- elle : «En France aussi, la situation des femmes journalistes est à déplorer puisqu’elles sont sous-payées par rapport à leurs collègues hommes même si elles accomplissent les mêmes tâches et disposent des mêmes diplômes».