Les grands signes avant-coureurs
Alors que les moeurs politiques donnent à voir, suite aux récents piratages audio, une inquiétante baisse de niveau, l’opinion publique attend désespérément les grands signes avant-coureurs d’un déclenchement solennel des hostilités à l’encontre des plaies déclarées dont souffre la Tunisie : fraude fiscale, délit d’initié, malversation, favoritisme, népotisme, détournement de fonds, faux et usage de faux... Le but recherché n’étant pas tant de voir les coupables du moment sévèrement punis, que de rétablir le bon droit, la discipline et l’autorité de l’Etat et du vivre-ensemble.
Car c’est à l’aune du prestige reconnu à l’Etat, à l’aune de son autorité et de la considération que lui voue la communauté nationale, que se mesure la capacité des pouvoirs publics de mener à bien les charges majeures qui leur sont dévolues.
Lorsque l’on a vent, outre-Méditerranée, d’un sit-in conduit dans un patelin perdu, par deux ou trois bonshommes présumés sans emploi, et que l’on apprend que le gouvernement a dû signer avec ces energumènes un cessez-le-feu autorisant provisoirement une reprise de la production de l’usine, l’on se demande s’il fait bon d’investir ou même simplement de bronzer sous ces cieux par trop révolutionnaires.
Mais les amis des sans-emploi — syndicalistes, associatifs, harakistes, libertaires... — trouvent la parade en le fait que les emplois sont aux abonnés absents et les sans-emploi trop nombreux dans ces régions. D’où le cercle vicieux qui désarme l’Etat, si démocratique soit-il, et remet en avant les griefs qu’on lui oppose : dettes non recouvrées, mauvaise gestion, crédits accrochés voire carbonisés, projets non concrétisés, emprunts «volatilisés»...
C’est donc l’oeuf ou la poule. Et, en fait, malgré les efforts des gouvernements, ni l’une ni l’autre ! Car le retard pris se creuse et le désaveu cumulé inquiète, sachant que des sites concurrents ont raflé bien des mises.
Le gouvernement Chahed a, certes, désigné clairement l’objet du tourment, mais trop de blocages freinent le convoi. Dont les cris des puristes zélés qui veulent «plus», tout de suite et gentiment. Et exigent comme préalable: justice et équité, ici et maintenant ! Tout en soutenant tous les crocs-en-jambe, en tout temps et tout lieu.
Voilà pour quelle raison il est ici question de répondre présent à ceux qui attendent un signe avant-coureur, un grand coup de tonnerre. Une opération coup de poing signant la fin de la «prise de butin».