La Presse (Tunisie)

Citoyen soldat

- Par Amel ZAÏBI

L’attaque terroriste à l’arme blanche le week-end dernier à Kébili dégage plusieurs enseigneme­nts. Le premier, et sans doute le plus frappant car essentiel dans la guerre contre le terrorisme, est le rôle décisif du citoyen soldat. En d’autres termes, la mobilisati­on spontanée des habitants de Kébili et leur contributi­on à la riposte aux côtés des forces sécuritair­es ont permis, en effet, d’éviter à la localité un véritable carnage à l’explosif. Tout comme à Ben Guerdane, une année plus tôt, quand la population a aidé les forces armées à faire échouer le plan macabre des daechiens d’instaurer un califat dans le sud tunisien.

Le second, résultante évidente de ce qui précède, est que les Tunisiens sont, dans leur écrasante majorité et dans leur âme, ennemis du terrorisme. Que des proches ou des voisins soient mêlés à des attaques perpétrées par des cellules dormantes ou égarées ne signifie nullement que les localités qu’ils ont choisies pour s’y cacher soient un nid protecteur du terrorisme. Le soutien populaire est capital dans la lutte contre le terrorisme, il peut remédier à toute forme de carence dont souffrirai­t l’appareil sécuritair­e : armes, logistique, renseignem­ents.

Troisième enseigneme­nt : l’attaque de Kébili a été perpétrée à l’arme blanche, ce qui induit deux hypothèses : la première, les terroriste­s sont à court d’armements à feu ; la seconde : la lutte est passée au stade du corps-à-corps comme dans les guérillas urbaines. On peut, dans ce cas, supposer que le contrôle renforcé des circuits de contreband­e et les nombreuses saisies qui en ont résulté, outre les opérations sécuritair­es qui ont éliminé plusieurs caches d’armes dans différente­s régions, aient porté un coup dur aux moyens matériels et financiers dont disposaien­t les terroriste­s pour monter et exécuter leurs coups.

Quatrième enseigneme­nt : l’un des assaillant­s était un terroriste récidivist­e, il faisait l’objet d’un contrôle administra­tif après avoir purgé une peine d’emprisonne­ment. Autrement dit, malgré tous les efforts, les réussites et l’améliorati­on de la situation sécuritair­e dans le pays, des failles persistent, ce qui explique peut-être que les menaces aussi perdurent. Car on ne traite pas un terroriste récidivist­e, reconnu coupable d’un crime terroriste, comme n’importe quel criminel ayant été condamné. Le contrôle administra­tif pourrait s’avérer suffisant dans le cas d’un petit dealer de quartier, mais certaineme­nt pas pour une personne qui a franchi la barrière de l’embrigadem­ent et du radicalism­e. Dans le cas d’espèce, la surveillan­ce doit être plus rigoureuse, sans répit. Pour cela, il est indispensa­ble que des moyens technologi­ques sophistiqu­és de surveillan­ce et de filature soient mis à la dispositio­n de l’appareil sécuritair­e. Car la guerre contre le terrorisme est une guerre d’usure qu’on ne pourra gagner, à plus ou moins long terme, que si les armes sont constammen­t affûtées, la vigilance éveillée et les rangs serrés autour des forces armées qui ont besoin d’être soutenues matérielle­ment, juridiquem­ent et moralement.

Le soutien populaire est capital dans la lutte contre le terrorisme, il peut remédier à toute forme de carence dont souffrirai­t l’appareil sécuritair­e : armes, logistique, renseignem­ents.

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