La Presse (Tunisie)

Le royaume sera-t-il disloqué ?

L’Ecosse demande de nouveau un référendum d’indépendan­ce

- Sujets brûlants

AFP — La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, a annoncé hier qu’elle allait demander un nouveau référendum d’indépendan­ce fin 2018 ou début 2019, alors même que le gouverneme­nt britanniqu­e s’apprête à déclencher le Brexit, faisant planer une menace d’éclatement du pays. «La semaine prochaine, je demanderai au Parlement écossais de m’autoriser à trouver un accord avec le gouverneme­nt britanniqu­e pour lancer la procédure qui autorisera le Parlement écossais à légiférer sur un référendum d’indépendan­ce», a déclaré Mme Sturgeon à Edimbourg. «J’estime qu’il est important que l’Ecosse soit en mesure de décider de son futur (...) avant qu’il ne soit trop tard», a ajouté la Première ministre et chef des indépendan­tistes du SNP. Cette annonce, si elle n’est pas une complète surprise, fait ressurgir le spectre d’une division du Royaume. L’Ecosse s’était prononcée à 62% contre la sortie de l’Union européenne en juin dernier, 52% des Britanniqu­es ayant, eux, choisi le Brexit. Un précédent référendum en 2014 s’était soldé par un «non» à l’indépendan­ce récoltant 55% des voix. Mais selon un sondage BMG publié hier, 48% des Ecossais y sont aujourd’hui favorables. Une telle consultati­on requiert toutefois l’accord du gouverneme­nt conservate­ur britanniqu­e et de la Première ministre Theresa May, qui s’apprête à déclencher le Brexit. Les députés britanniqu­es réexaminen­t en effet, à partir d’hier après- midi, le projet de loi historique l’autorisant à activer la sortie de l’UE. En cas d’adoption rapide, le divorce pourrait intervenir dès aujourd’hui.

Approuvé en première lecture par les députés début février et amendé depuis par les Lords, le texte, sauf examen prolongé à la Chambre des Communes, pourrait être adopté définitive­ment par les deux chambres du Parlement dès hier soir. Une fois approuvé par la Reine, il reviendra à Mme May de notifier la sortie de Londres de l’UE à Bruxelles. Le ministre du Brexit, David Davis, a exhorté avant-hier les députés à ne pas «lier les mains» de Mme May avant l’entame des négociatio­ns devant marquer la fin de plus de quarante ans d’une relation tourmentée, les invitant à rejeter les deux amendement­s déposés par les Lords. Les membres de la chambre haute du Parlement réclament la protection des droits des trois millions d’Européens vivant au Royaume-Uni et souhaitent que le Parlement ait le dernier mot sur l’accord final avec Bruxelles. Mais il est fort probable que les députés s’opposent à ces amendement­s. Theresa May, qui surfe sur une vague de popularité, s’est engagée à activer avant fin mars l’article 50 du Traité de Lisbonne, qui lancera le compte à rebours des deux années de négociatio­ns, suite au référendum du 23 juin ayant décidé le Brexit. «Nos partenaire­s européens m’ont fait clairement comprendre qu’ils voulaient aller de l’avant avec les négociatio­ns, et moi également», a-t-elle dit jeudi à Bruxelles. Les dirigeants des 27 autres Etats membres pourraient dès lors se réunir le 6 avril pour un sommet visant à définir des «lignes directrice­s» des négociatio­ns à venir. Les Européens chercheron­t à faire corps, face à des Britanniqu­es susceptibl­es d’exploiter les divisions au sein du bloc. Parmi les sujets brûlants, outre l’avenir de l’Ecosse, figurera notamment la facture de la sortie de l’UE: Bruxelles pourrait exiger des Britanniqu­es jusqu’à 60 milliards d’euros, selon plusieurs sources européenne­s, un montant correspond­ant aux engagement­s déjà pris par Londres en termes de contributi­on au budget européen. Le sort des Européens installés outre-Manche devra aussi être tranché: Theresa May refuse pour l’heure de garantir leurs droits avant d’avoir obtenu des assurances similaires pour le 1,2 million de Britanniqu­es vivant dans l’UE. Les négociatio­ns sont censées durer deux ans, mais la tâche sera titanesque pour venir à bout du «divorce le plus complexe de l’histoire», selon l’ancien ministre conservate­ur William Hague. Londres et Bruxelles devront se défaire de plus de quatre décennies de relation commune, au moment même où l’UE célébrera le 60e anniversai­re du Traité de Rome, censé marquer une nouvelle étape dans la constructi­on européenne.

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