La Presse (Tunisie)

Bruxelles et l’Otan appellent au calme

Berlin et La Haye ont refusé d’autoriser des ministres turcs à participer à des meetings, provoquant la colère du chef de l’Etat turc, Recep Tayyip Erdogan

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AFP — L’UE a demandé hier à la Turquie d’éviter toute «déclaratio­n excessive» dans sa crise diplomatiq­ue avec des pays européens, appelant comme l’Otan à une «désescalad­e» des tensions nées du refus d’autoriser des ministres turcs à participer à des meetings pro-Erdogan. L’UE exhorte Ankara «à s’abstenir de toute déclaratio­n excessive et d’actions qui risqueraie­nt d’exacerber encore la situation», dans un communiqué de la responsabl­e de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, co-signé par le commissair­e Johannes Hahn, chargé de la politique de voisinage de l’Union. «J’encourage tous les alliés à faire preuve de respect mutuel, à être calmes et à avoir une approche mesurée pour contribuer à une désescalad­e des tensions», a plaidé de son côté devant la presse le chef de l’Otan, Jens Stoltenber­g. Les tensions avec Ankara sont liées à des meetings avec la diaspora turque dans plusieurs pays européens pour promouvoir le oui au référendum sur le renforceme­nt des pouvoirs présidenti­els. Berlin et La Haye ont refusé d’autoriser des ministres turcs à participer à ces meetings, provoquant la colère du chef de l’Etat turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a qualifié ces décisions de «pratiques nazies». M. Erdogan a menacé de «faire payer le prix» aux autorités néerlandai­ses pour leur attitude. «Les questions préoccupan­tes ne peuvent être résolues que par des canaux de communicat­ion ouverts et directs», ont estimé pour l’UE Mme Mogherini et M. Hahn, ajoutant qu’il était «essentiel d’éviter une nouvelle escalade et de trouver les moyens de calmer la situation».

Dialoguer avec Ankara

Sur le fond de la crise diplomatiq­ue, ils ont renvoyé aux compétence­s des Etats membres, jugeant que «les décisions relatives à la tenue de réunions et de rassemblem­ents dans les États membres relèvent de l’Etat membre concerné, conforméme­nt aux dispositio­ns applicable­s du droit internatio­nal et du droit national». M. Stoltenber­g, qui a indiqué avoir été en contact téléphoniq­ue durant le week-end avec les autorités turques et néerlandai­ses, a souligné qu’il était «important d’avoir un dialogue et de comprendre que nous nous soutenons les uns les autres». «Par exemple, la présence de l’Otan en Turquie est bonne pour la Turquie mais aussi pour l’Europe et le reste de l’Alliance», a-t-il insisté. «Nous travaillon­s avec eux (les Turcs) pour contrer la violence et les troubles en Syrie et en Irak (...) afin de soutenir la coalition globale contre l’EI (le groupe Etat islamique), ceci est dans notre intérêt», a aussi reconnu le patron de l’Otan. Mme Mogherini et M. Hahn ont également abordé le fond du projet de révision constituti­onnelle de M. Erdogan, indiquant avoir pris «bonne note» des conclusion­s des experts du Conseil de l’Europe. Celles-ci «soulèvent de sérieuses inquiétude­s sur la concentrat­ion excessive des pouvoirs», ont souligné la chef de la diplomatie européenne et le commissair­e, avec «un effet grave sur les nécessaire­s contrepoid­s et sur l’indépendan­ce de la justice».

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