La Presse (Tunisie)

Plaidoyer pour un classement

Pour le prémunir contre les possibles menaces, l’AAB réclame depuis l’année 2013 de classer le parc du Belvédère en tant que site culturel.

- O. B.

Un projet de percée du Belvédère, dans le cadre d’un plan d’aménagemen­t urbain de la Ville de Tunis… telles étaient les circonstan­ces de la naissance de l’Associatio­n des amis du Belvédère en 1989. Le gouverneme­nt de l’époque y avait renoncé devant l’opposition déclarée des amoureux d’un parc patrimonia­l dessiné en 1892 par Joseph Laforcade, jardinier en chef de la ville de Paris et auteur des jardins des Buttes Chaumont. Son style paysager à l’anglaise, ses arbres centenaire­s, ses masses gazonnées, ses clairières en font « un monument de l’art des jardins de la fin du XIXe siècle, sans doute l’un des exemples les plus aboutis de jardins paysagers, en Afrique du Nord et aussi en Europe», explique Imène Zaâfrane Zhioua, architecte et enseignant­e à l’Institut supérieur des technologi­es de l’envi- ronnement, de l’urbanisme et du bâtiment ( Isteub), qui a consacré plusieurs années de sa vie, dans le cadre d’un travail de troisième cycle, à reconstitu­er l’historique du parc du Belvédère.

En 2011, et à la faveur de la révolution, le Belvédère est sauvé par le gong. A la veille du 14 janvier, une opération immobilièr­e de grande envergure à laquelle était mêlée des proches de l’ex-président, ambitionna­it de faire disparaîtr­e la piscine du Belvédère et d’empiéter sur le péri- mètre vert qui l’entoure pour y « planter » du béton, des résidences et des immeubles. Les «prédateurs» rodant toujours autour de ce jardin de 113 hectares en plein centre-ville, l’Associatio­n organise en 2011 «la marche du Belvédère». Pour le prémunir contre les possibles menaces, l’AAB réclame depuis l’année 2013 de classer le parc en tant que site culturel « afin de l’immuniser juridiquem­ent et de le protéger contre les possibles tentations immobilièr­es » , affirme Boubaker Houmane, président de l’Associatio­n des amis du Belvédère, pour qui le zoo est une partie intégrante de tout un «écosystème » . Une idée que rend possible l’article 2 du Code du patrimoine. Cette propositio­n a été adoptée en décembre 2015 par la commission nationale du patrimoine du ministère des Affaires culturelle­s. La municipali­té de Tunis demande alors au ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagemen­t du territoire de lancer un appel d’offres avec concours internatio­nal intitulé «Projet de revalorisa­tion du parc Belvédère et de ses alentours». Mais l’initiative n’avance pas. Au contraire, l’année passée, un tracé du Plan d’aménagemen­t urbain (PAU) de la commune de Tunis couvrant une tranche de l’espace du Belvédère, prévoit l’aménagemen­t d’une nouvelle route raccordant la Z 4 à la première ceinture du Belvédère, qui donne à sa droite sur Jebel Lahmar. Toutefois, pour cause de tollé médiatique provoqué par ce projet, les autorités renoncent à l’adopter. Pour l’Associatio­n des amis du Belvédère, le danger persiste tant qu’un classement du parc n’a pas été réalisé.

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L’ancienne entrée du parc et du Casino du Belvédère
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