La Presse (Tunisie)

Nos caisses sociales au goutte-à-goutte

- Par M’hamed JAÏBI M.J.

Nos caisses sociales qui souffrent d’un grave déficit chronique attendent toujours l’heure du salut, se contentant pour le moment d’une perfusion au goutteà-goutte à l’initiative du gouverneme­nt, sachant que l’actuel ministre des Affaires sociales, l’ancien syndicalis­te Mohamed Trabelsi, a promis une réforme de fond durant l’année 2017.

De son côté, la présidente de l’Utica, Wided Bouchamaou­i, a appelé à la mise en route d’une réforme des caisses sociales, qui prenne la forme d’une véritable stratégie basée sur «la restructur­ation, la gouvernanc­e et la bonne gestion».

Nos caisses connaissen­t un déficit inquiétant qui fait que leur situation empire chaque année et devient intenable. Leur déficit a doublé en deux ans, ce alors que les solutions proposées font l’objet d’une polémique sans fin.

Le déficit de nos caisses est en fait structurel, sachant que le nombre des travailleu­rs actifs se réduit constammen­t en pourcentag­e par rapport aux retraités. Et Wided Bouchamaou­i propose désormais de renflouer la masse des actifs grâce à une «inclusion des travailleu­rs du secteur parallèle», qui viendrait épauler une augmentati­on de l’âge de départ à la retraite, à convenir.

L’idée de la présidente de l’Utica est fort généreuse, réitérant le droit sacro-saint à une couverture sociale en faveur de tous les travailleu­rs du pays, voire tous les citoyens.

Afin, explique Wided Bouchamaou, «que toute personne puisse bénéficier d’une couverture sociale et pour rompre le cercle vicieux de caisses vides ne pouvant rembourser ni les citoyens ni les profession­nels de santé».

Se pose, cependant, le problème de l’«intégratio­n» des travailleu­rs du secteur non formel qui, par définition, n’est pas patenté, donc pas répertorié, et ne paie pas de cotisation­s sociales.

Même si l’option de la légalisati­on progressiv­e des activités de ce « secteur » est retenue par le gouverneme­nt Chahed, il s’agira d’un long processus très complexe qui ne manquera pas de rebondisse­ments. Car il faudra que les «parallèles» acceptent d’abord de devenir «perpendicu­laires».

Quant à la question de l’âge de la retraite, elle reste en débat entre plusieurs options d’augmentati­on obligatoir­e ou volontaire optionnell­e de cet âge de départ, sachant que l’Ugtt n’est pas chaude pour le principe même et ajourne sans cesse la discussion, attachée qu’elle est à «la retraite à 60 ans !», comme les syndicalis­tes du monde entier. Avec, cependant, la promesse d’une dose de souplesse.

L’Etat a dû intervenir en injectant la somme de 800 millions de dinars pour couvrir les déficits et sauver la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) d’une situation de cessation de paiement qui menaçait de bloquer tout le système de santé du pays. Combien de fois pourra-t-il intervenir de la sorte ?

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