La Presse (Tunisie)

L’armée de l’air accusée de crime de guerre

L’ONU lui impute le bombardeme­nt d’une source d’eau alimentant Damas

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AFP — L’armée de l’air syrienne a commis un «crime de guerre» en bombardant fin 2016 une source d’eau alimentant Damas, a dit hier la commission d’enquête de l’ONU sur la Syrie, démentant que cette source ait été contaminée par l’opposition. «Les informatio­ns examinées par la Commission confirment que le bombardeme­nt» de la source d’eau, située à Wadi Barada, localité rebelle située à 15 km de la capitale syrienne, «a été effectué par les forces aériennes syriennes», selon un document de la Commission transmis au Conseil des droits de l’Homme. Contrairem­ent à ce qu’affirmait alors le régime, cette source d’eau n’avait pas été contaminée par l’opposition, assure par ailleurs la Commission. «Il n’y a pas de signalemen­t de personnes souffrant de symptômes liés une contaminat­ion de l’eau avant le 23 décembre», date à laquelle le bombardeme­nt s’est produit, pointe ainsi le rapport. «Les bombardeme­nts aériens» menés par le régime ont alors «gravement endommagé la source» et «privé d’eau potable plus de 5 millions de personnes», dénonce la Commission. «Alors qu’il y avait des combattant­s des groupes armés près de la source au moment de l’attaque, l’avantage militaire obtenu grâce à l’attaque était excessivem­ent disproport­ionné par rapport à l’impact qu’elle a eue sur la population civile» et «équivaut à un crime de guerre», concluent les enquêteurs. Fin janvier, l’armée syrienne a finalement repris la région de Wadi Barada qui lui échappait depuis 2012, une région cruciale pour l’approvisio­nnement en eau de la capitale. La guerre civile en Syrie a été déclenchée par la répression sanglante de manifestat­ions pro-démocratie. Le conflit s’est complexifi­é depuis avec l’implicatio­n et l’interventi­on de plusieurs forces locales et étrangères. La Commission d’enquête indépendan­te de l’ONU a été créée en août 2011, quelques mois après le début du conflit syrien. Présidée par le Brésilien Paulo Pinheiro, elle a déjà rendu plusieurs rapports mais n’a jamais été autorisée à se rendre en Syrie. Hier, le représenta­nt syrien auprès du Conseil a une fois de plus dénoncé la politisati­on de cette Commission, dénonçant l’utilisatio­n d’interviews de victimes «proposées par les groupes armés». Dans le document présenté hier au Conseil, les enquêteurs de l’ONU dénoncent une multitude de crimes commis par les forces du gouverneme­nt, y compris les attaques contre les infrastruc­tures médicales. Ils dénoncent en particulie­r un bombardeme­nt aérien sur des écoles à Haas, dans la province d’Idleb (nordouest), qui a tué 36 civils dont 21 enfants. 114 autres personnes ont été blessées, dont 61 enfants. Il y a deux semaines, la Commission avait dénoncé aussi l’usage par les forces syriennes dans des zones résidentie­lles d’armes interdites comme le chlore ou les bombes à fragmentat­ion. Le rapport publié hier dénonce également les attaques indiscrimi­nées menées par les groupes armés rebelles, qui tuent des civils dont de nombreux enfants, dans les endroits sous contrôle du gouverneme­nt à l’intérieur des régions d’Alep, d’Idleb et de Deraa. Les groupes armés basés dans la région d’Idleb sont accusés de pratiquer la charia en guise de justice. La Commission accuse également les forces kurdes de recourir à la conscripti­on forcée et de ne pas avoir apporté une assistance humanitair­e adaptée aux déplacés dans leur région.

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