La phase des poules en point de mire

Forte d’un large succès qui ne souffre d’aucune contestation, l’ESS peut raisonnablement gérer son avance, dimanche prochain, dans la capitale ivoirienne.

La nouvelle formule des coupes africaines est née sous une bonne étoile pour l’Etoile Sportive du Sahel. Comme du reste pour le quartette de nos représentants qui a totalisé quatre victoires et un score global de… 20 buts marqués contre 2 encaissés, record battu! Le week-end a été faste pour les quatre mousquetaires lesquels s’apprêtent — sauf improbable surprise — à signer un carton plein. Un tir groupé qui en dit long sur l’avance qu’ils savent, quoiqu’on dise, toujours garder sur une bonne partie du gotha continental si vraiment on peut appeler gotha des clubs comme l’AS Tanda ou les Young Sports Academy… Dès dimanche prochain, on sera fixé sur l’issue de ce premier tour des compétitions continentales. Les hommes d’Hubert Velud vont se produire sur la pelouse en tartan du petit stade Robert-Champroux d’Abidjan d’une capacité d’accueil de 3 000 places. Leur avance est suffisamment sécurisante : trois buts marqués sans le moindre but encaissé. En ne prenant aucun but à Sousse, le vainqueur de la Ligue des champions 2007 a consolidé ses chances de qualification. Mais il faut avouer qu’il le doit beaucoup plus à la frilosité des Bleu et Jaune de la ville de l’Est de la Côté d’Ivoire qu’à une véritable grande prestation de son arrière-garde qui n’a du reste jamais été sollicitée, si ce n’est sur deux ou trois tirs lointains. Point de combinaisons offensives, de balles arrêtées à exploiter ou de percussion par les ailes ou à l’axe : rien de tout cela! Une partie cent pour cent défensive à l’enseigne d’une prudence excessive et d’une stratégie carrément renonciatrice. A Sousse, les Konate, Sagoula, Asare et consorts n’ont jamais montré qu’ils cherchaient vraiment le fameux but à l’extérieur.

Par contre, la gestion étoilée de la rencontre a été intelligente, traduisant une grosse maturité et beaucoup d’expérience, celle d’un gros parcours continental. Les copains d’Ammar Jemal ont patiemment attendu une bonne demi-heure avant de trouver l’ouverture dans les derniers instants du premier half. Par deux fois sur des balles arrêtées, les fameuses balles stratégiques, les deux défenseurs axiaux Ziad Boughattas, puis Ammar Jemal, ont su se trouver au moment opportun et au bon endroit pour suppléer aux carences des attaquants, notamment du Brésilien Acosta dont les maladresses et les absences et approximations aux avant-postes ont fini par ulcérer le public. Résultat : son remplacement à vingt minutes de la fin par Ameur Bouazza lequel réussira le précieux troisième but tout juste deux minutes après son entrée en jeu. Les balles arrêtées de Hamza Lahmar et le coaching gagnant du technicien Hubert Velud auront de la sorte permis au champion de Tunisie 2016 d’assurer l’essentiel, soit une victoire sécurisante de nature à lui donner le plein de confiance avant le déplacement en terre ivoirienne. Car on voit mal comment les partenaires d’Aymen Mathlouthi vont s’écrouler d’un seul trait à Abidjan et sombrer au point de prendre quatre buts sans en rendre un seul. Les compères d’Ali Badara Sangaré vont se porter résolument en attaque et laisser derrière beaucoup d’espaces dont raffolent les Hamza Lahmar et Aleya Brigui, les meilleurs Etoilés lors de cette première manche. Toutefois, il faut remédier au déchet offensif. Acosta peut s’exprimer beaucoup mieux dans le contexte d’un match de contres, sans négliger la carte de l’Algérien Ameur Bouazza, remplaçant dimanche dernier. Quant à l’arrière-garde, qui va sans doute supporter le poids de la seconde manche, elle sera toujours privée de sa carte-maîtresse Hamdi Nagguez sur le flanc droit. Son suppléant, Rami Bédoui, très offensif dimanche, a tout intérêt à se montrer vigilant dans les tâches défensives prioritaires, celles sur lesquelles il sera jugé dans cinq jours. Bref, avec un Coulibaly aussi fragile le côté gauche, et qui aurait mérité au moins un carton jaune tant il fut dépassé à chaque accélération de Bangoura et Bédoui, il y a un bon coup à jouer dimanche prochain à Abidjan. D’autant plus que l’animation défensive a constitué le talon d’Achille des Ivoiriens, y compris à l’axe. Sans aller plus vite que la musique, les Etoilés peuvent d’ores et déjà raisonnablement penser à la phase des poules…