La conjoncture a pesé lourd
Les investissements touristiques ont entamé un trend haussier pour atteindre en 2016 une enveloppe de 261 millions de dinars, soit le même niveau qu’en 2004.
Après avoir enregistré, en 2010, son plus haut niveau durant les deux dernières décennies avec près de 380 millions de dinars, l’investissement dans le secteur touristique a connu une chute vertigineuse l’année suivante pour frôler son plus bas de cette période, légèrement au-dessus des 200 millions de dinars, selon le graphique réalisé par l’universitaire Moez Kacem. Dans l’ensemble, le rythme des investissements a évolué de pair avec la conjoncture et les autres performances du secteur, comme le montrent les chutes qui ont suivi les attentats de 2002 à Djerba et l’avènement de la révolution en 2011. De ce plus bas historique, l’investissement a entamé un trend haussier pour atteindre en 2016 une enveloppe de 261 millions de dinars, soit le même niveau qu’en 2004, si l’on ne prend pas compte de l’effet de change et la dépréciation du dinar. Et les prévisions tablent sur 272,8 millions en 2017. Encore trop loin de la performance de 2010. Cette hausse serait due, principalement, à l’engagement des travaux de rénovation de plusieurs unités hôtelières en cette période de baisse de l’activité. Mais également à des investissements nouveaux réalisés dans le sillage des annonces d’installation et d’extension de plusieurs enseignes internationales en Tunisie, à l’instar de Sofitel, Fourseason et Mövenpick. Cela témoigne de l’attractivité du site tunisien pour certains et de la résilience du secteur du tourisme pour d’autres.
Mettre les bouchées doubles
Si les pays asiatiques ont repris de plus belle après le Tsunami, le Maroc affichait une croissance du secteur après l’attentat de Mar- rakech, l’Egypte est de plus en plus prisée suite à la série d’attentats sanglants au Sinaï, on ose dire que la situation est rattrapable. Mieux encore, au niveau stratégique, la destination tunisienne figure depuis toujours dans les manuels de plusieurs chaînes hôtelières de renommée et le retard d’installation de certaines enseignes serait plutôt imputé à la recherche de partenaires locaux, qui pourrait durer un peu trop longtemps ainsi que les investissements y afférents. Le spécialiste en tourisme, M. Kacem, estime que, pour assurer la relance des investissements dans le secteur, il faudrait actionner plusieurs leviers. Premièrement, il faut communiquer davantage sur les nouvelles lois qui sont en relation avec les projets touristiques, relève-t-il, notamment le cadre juridique de l’agritourisme, les apports du nouveau Code d’in- vestissement, etc. Deuxièmement, il faudrait lancer un site web dédié aux investissements touristiques en plusieurs langues et renforcer la présence de la Tunisie dans les salons spécialisés, dans l’objectif d’assurer une meilleure efficacité de la première recommandation. Troisièmement, il est capital de créer un méga incubateur dans le tourisme, poursuit-il, reposant sur un programme qui fédère toutes les parties prenantes de la chaîne de valeur touristique autour de l’innovation dans le secteur et stimule l’émergence des start-up touristiques. Et, quatrièmement, il est temps de migrer d’une stratégie de développement basée sur le concept de zones touristiques vers une stratégie de développement de territoires touristiques. Secteur clé du développement de l’économie mondiale, le tourisme l’est aussi pour la Tunisie. Après avoir dépassé le seuil de 1.2 milliard de touristes en 2015, les prévisions tablent sur deux milliards en 2030.
La Tunisie est bien positionnée pour capter une part de ce marché mondial, du moins celle du Bassin méditerranéen de par sa position géographique au coeur de la Méditerranée et proche des principaux marchés émetteurs du Vieux continent. Et les investisseurs sont très regardants quant à ces prévisions.