Les difficultés financières freinent l’investissement
Une reprise a été enregistrée sur les chiffres de la basse saison, soit +20% sur les marchés européens
L’endettement hôtelier présente toujours une problématique pressante pour le secteur touristique tunisien. Et avec les contraintes sécuritaires de ces dernières années, il l’est devenu encore plus, impactant considérablement la qualité du produit touristique et l’attractivité de la destination. L’investissement touristique est, ainsi, un préalable pour la montée en gamme du secteur et son repositionnement sur les marchés classiques et dans la recherche de nouveaux marchés, selon Mouna Ben Halima, membre du bureau exécutif de la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH). Mouna Ben Halima estime que certains hôtels sont en très grande difficulté et ne sont plus capables de se mettre à niveau. Elle indique que les mesures exceptionnelles annoncées en 2015 n’ont pas été appliquées en totalité, à l’exception de la baisse de la TVA. “C’est la seule mesure appliquée. Mais rien n’a été fait pour la prise en charge patronale et le rééchelonnement de la dette. Les hôtels ne sont plus en mesure d’améliorer leurs offres, de relooker leurs produits et de monter en gamme”, affirme-t-elle. De plus, elle indique qu’ils ne bénéficient plus d’avantages fiscaux, selon la nouvelle loi sur l’investissement. Ce qui affecte grandement l’investissement dans le secteur touristique et la qualité des produits proposés. A ce niveau, Mme Ben Halima a ajouté qu’un livre blanc est en cours d’élaboration en coordination entre la FTH, l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF) et la Banque centrale de Tunisie (BCT) afin de proposer des solutions pour le redressement financier des hôtels en difficulté. “C’est un projet élaboré d’une manière concertée afin d’éviter les décisions parachutées”, souligne-t-elle. D’ailleurs, cette question a été évoquée, au cours de la communication financière de la Société tunisienne de banque (STB), vendredi dernier. Le directeur général de la STB a indiqué qu’un programme de redressement des créances hôtelières est en cours d’élaboration.
Restructuration
Concernant la performance actuelle du secteur touristique, Mme Ben Halima a indiqué qu’une reprise a été enregistrée sur les chiffres de la basse saison, soit +20% sur les marchés européens, ainsi qu’un redémarrage au niveau des réservations. «Mais il s’agit plus d’une montée de moral» , selon elle, affirmant que le niveau de 2010 ne sera jamais atteint. «La reprise est très lente. Reste que c’est pour la première fois, depuis 18 mois, qu’on parle de reprise» , lance-t-elle. Evoquant les contraintes actuelles du tourisme tunisien, elle affirme que le transport aérien est l’une des principales difficultés. «On nous a promis l’open sky pour mars 2017. On est déjà à la mi-mars et rien n’a été fait» , s’interroge-t-elle. Elle ajoute que l’open sky permettra une meilleure accessibilité des clients potentiels à la destination Tunisie et une préservation des emplois existants dans le secteur. D’ailleurs, Mme Ben Halima affirme qu’actuellement, il n’y a aucune stratégie pour la mise à niveau du secteur, indiquant que la restructuration de l’Office national du tourisme tunisien est une nécessité. «La profession exige d’être consultée sur ces projets de restructuration. Nous exigeons d’être partie prenante dans toute décision relative à notre secteur. Nous voulons avancer ensemble et que chacun connaisse ses prérogatives. Tout cela profite au secteur touristique. Nous voulons être partie prenante dans l’élaboration de la stratégie de restructuration», insiste-t-elle.