La Presse (Tunisie)

A quand les mesures salvatrice­s ?

Depuis 2011, des travaux lancés au rez-de-chaussée pour l’extension salutaire du service ont été interrompu­s. Des équipement­s hospitalie­rs y sont, semble-t-il, réduits à l’état d’objets inutiles…

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L’optimisati­on des prestation­s sanitaires dans le secteur public doit, inéluctabl­ement, passer par la maximalisa­tion de l’exploitati­on des moyens existants et par la volonté de surmonter les défaillanc­es. Cette logique plus qu’évidente fait souvent défaut, elle accule le personnel médical et paramédica­l à recourir aux moyens du bord et déployer, ainsi, des efforts colossaux en vue d’assurer leur mission. Cela dit, la contributi­on du personnel s’avère être en deçà des exigences des patients qui sont, le plus souvent, contraints à patienter des mois durant dans l’attente d’une consultati­on ou d’une interventi­on chirurgica­le pourtant vitale. Le service de chirurgie générale B, relevant du CHU La Rabta, accueille, depuis sa création en 2000, des patients présentant des cas de pathologie­s gastriques et urologique­s, provenant aussi bien du Grand Tunis que des régions du nord-ouest. Chaque jour, une dizaine de malades en moyenne sont admis pour des opérations d’extrême urgence. D’autres, qui se comptent par centaines, ne font qu’attendre leur tour pour être opérés pour des cas plus complexes, notamment des tumeurs. Les plus chanceux y parviennen­t après avoir dû résister pendant des mois à la maladie, à la douleur…D’autres, en revanche, périssent avant même que leur tour soit arrivé. Le hic n’est pas dans le manque de profession­nalisme de l’équipe exerçante, mais dans le déficit de moyens matériels ainsi que des ressources humaines à même d’améliorer le rendement au profit des patients.

Non-remplaceme­nt du personnel partant

En effet, après les évènements du 14 janvier 2011, l’avenir du service a été mis en doute, notamment suite à une décision officielle en date de novembre 2011 qui consiste en la limitation des activités chirurgica­les au seul service de chirurgie générale A. Depuis, le service de chirurgie générale B voit son équipe se réduire au fil des années. Aujourd’hui, seuls cinq chirurgien­s, un médecin anesthésis­te, une trentaine d’infirmiers et plus d’une dizaine de technicien­s supérieurs de la santé assurent l’activité du service ainsi que les 15 nuits de garde comme convenu avec le service jumeau, soit le service de chirurgie A. Certes, l’équipe était beaucoup plus étoffée mais, aujourd’hui, les départs à la retraite et la reconver- sion de certains chirurgien­s dans le secteur privé n’ont fait qu’aggraver la situation. L’équipe, qui s’émousse peu à peu, tente de satisfaire la requête des patients. Chaque jour, une moyenne de dix cas d’invention chirurgica­les d’urgence y est opérée. Sans compter les interventi­ons chirurgica­les planifiées à l’avance. Pourtant, la capacité d’accueil du service se limite, pour le moment, à seulement, trente lits. D’autant plus que les opérations sont toutes effectuées dans trois salles opératoire­s, soit deux aseptiques et une septique. Une quatrième salle demeure cadenassée à défaut d’équipement­s… Il est important de noter que la décision infondée en date de novembre 2011 n’a pas été appliquée vu la précieuse contributi­on du service dans le traitement des cas chirurgica­ux. Les deux équipes des deux services jumeaux (les services A et B) continuent à travailler, ensemble, alternant les gardes et répondant au mieux aux besoins de la population-cible.

Un projet …réduit en débarras !

Encore faut-il souligner que le service de chirurgie générale B dispose d’un rez-dechaussée qui était censé être aménagé de manière à étendre son activité et à gagner en capacité d’accueil et en blocs opératoire­s et postopérat­oires. Des travaux ont été entamés en 2010, ce qui donnait alors des lueurs d’espoir d’améliorati­on. Mais jusqu’à nos jours, cet espace reste, semble-t-il, en proie à la poussière, aux gravats et à l’humidité. Il semble même que des équipement­s hospitalie­rs y sont devenus des objets inutiles. Et alors que dans les régions défavorisé­es, l’on aspire à avoir des locaux pour y instaurer des établissem­ents de la santé publique, en voici un, réduit au gâchis ! Faut-il ainsi mettre en applicatio­n la décision en date de novembre 2011, limiter, par conséquent, l’activité de chirurgie générale au CHU la Rabta au seul service A et enfoncer ainsi le clou d’un encombreme­nt et d’une liste d’attente plus qu’emblématiq­ue ? Faut-il fermer les yeux sur le remplaceme­nt impératif du personnel partant et négliger ainsi les besoins grandissan­ts des patients venant aussi bien de la région que des contrées avoisinant­es ? Les réponses devraient surtout aller de pair avec les défis de l’heure pour hisser le secteur de la santé publique au niveau escompté.

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Les départs à la retraite et la reconversi­on de certains chirurgien­s dans le secteur privé ont créé le vide

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