Le besoin d’une « nouvelle approche »
C’est le constat amer du gouvernement américain à propos des relations avec la Corée du Nord
AFP — Le chef de la diplomatie américaine a fait hier un constat d’échec des efforts diplomatiques menés ces 20 dernières années face aux ambitions nucléaires en Corée du Nord et a appelé à adopter «une nouvelle approche». Lors d’une visite au Japon, première étape d’une tournée en Asie consacrée à la récente crise nord-coréenne, Rex Tillerson a aussi appelé Pékin, où il se rendra demain, à faire plus fortement pression sur son allié nord-coréen. «Je pense qu’il est important de reconnaître que les efforts politiques et diplomatiques des vingt dernières années pour mener la Corée du Nord à se dénucléariser ont échoué», a déclaré le nouveau secrétaire d’Etat. Pyongyang a tiré le 6 mars une salve de missiles balistiques dont trois ont fini leur course en mer près de l’archipel nippon. Le Nord ambitionne de mettre au point un missile intercontinental balistique (ICBM) capable de porter le feu nucléaire sur le continent américain. Le président américain Donald Trump a promis que cela ne se produirait pas. «Face à cette menace qui ne cesse de grandir, il est clair qu’une nouvelle approche est nécessaire», a déclaré M. Tillerson au cours d’une conférence de presse conjointe avec le ministre japonais des Affaires étrangères, Fumio Kishida. Le secrétaire d’Etat américain a réaffirmé que les Etats-Unis continueraient à travailler étroitement avec le Japon et la Corée du Sud, où il est attendu aujourd’hui, afin de contrer les provocations du régime de Pyongyang. Il a néanmoins tendu la main au peuple nord- coréen. « La Corée du Nord et son peuple ne doivent pas craindre les Etats- Unis et leurs voisins » , a-t-il insisté.
Nouveau niveau de menace
M. Tillerson a aussi appelé Pékin à faire plus fortement pression sur son allié. La Chine apparaît comme le dernier pays ayant un ascendant suffisant sur la Corée du Nord, qui a fait fi de plusieurs séries de sanctions prises sous l’égide de l’ONU. « Nous pensons qu’ils ont un rôle très important à jouer», a-til dit. «Nous allons parler avec la Chine d’autres mesures qu’ils devraient entreprendre». «Nous devons appeler, avec les Etats-Unis, la Chine à jouer un rôle constructif», a renchéri son homologue japonais en réaffirmant les déclarations de Tokyo selon lesquelles « les actions provocatrices» de Pyongyang avaient «apparemment atteint un nouveau niveau de menace». Pékin partage les préoccupations de Washington au sujet des tentatives de construction d’un arsenal nucléaire par le régime reclus mais est beaucoup plus mesuré dans ses réactions au sujet de son programme de missiles balistiques. Le gouvernement chinois s’est montré réticent à soutenir toute action qui pourrait déstabiliser le régime de Kim Jong-Un et se montre en public plus inquiet de la décision de Washington de déployer en Corée du Sud le bouclier antimissile américain THAAD (Terminal High-Altitude Area Defense). Ce geste provoque la colère de la Chine, même si Washington assure qu’il s’agit d’un armement «défensif». Au cours de la rencontre Tillerson-Kishida, un ordre du jour de réunions «2+2» des responsables des Affaires étrangères et de la Défense du Japon et des Etats-Unis a été discuté, selon M. Kishida. «Nous nous sommes accordés pour en accélérer le calendrier afin de les tenir le plus tôt possible», a-t-il précisé. Arrivé mercredi soir au Japon, Rex Tillerson s’est également entretenu avec le Premier ministre Shinzo Abe. Le chef de la diplomatie américaine sera aujourd’hui à Séoul, une ville à portée de l’artillerie et des batteries lance-missiles de la Corée du Nord. Il s’y entretiendra avec le président par intérim Hwang Kyo-Ahn et le ministre des Affaires étrangères Yun Byung-Se avant de partir le lendemain pour Pékin. Il s’agit pour M. Tillerson du baptême du feu dans la diplomatie de crise, après de brèves visites à Bonn et à Mexico.