La Presse (Tunisie)

De l’ombre à la lumière

Dans un système assez hybride, le CA a eu le loisir de contrôler ses mouvements, décaler parfois, varier ses amorces et démonter à terme le fragile équilibre adverse.

- Khaled KHOUINI

Comme quasiment toutes les rencontres qui se jouent à Radès, l’adversaire du CA, qui plus est, en compétitio­n continenta­le, sait qu’il n’aura pas la possession comme noté lors de l’entrée en matière clubiste récemment face au représenta­nt de Sierra Leone. D’ailleurs, même la compositio­n clubiste indiquait que Chiheb Ellili en était conscient et fortement imprégné. Et c’est donc le plus normalemen­t du monde que l’équipe locale s’est installée dans le camp adverse. Les Clubistes sont les premiers à frapper, à harceler et à presser. Sur le coup, ils ne pensaient qu’à la démobilisa­tion des Sierra-Léonais. Les quelques nouveautés dues à la compositio­n inédite de l’équipe clubiste ont plus qu’isolé un adversaire qui n’avait que son courage à opposer. Il faut dire que les longues phases de possession clubiste qui s’appuient sur un bloc relativeme­nt bien en place n’ont pas facilité la tâche du RSLAF. Juste le temps de faire illusion sur le but de Sylali (le revers de la médaille des espaces dans le dos de la défense clubiste). Avec des sorties de balle bien senties par Darragi et la vivacité de Khelifa, le CA est vite parvenu à mettre à mal la défense adverse. Un CA revanchard, Ghandri de retour, titularisa­tion d’Oussama Darragi qui pourrait bien être la première d’un long bail, retour de Ifa aux affaires, c’est presque en toute logique que le CA mène 3-0 dès l’entame du premier quart d’heure. Chiheb Ellili a même injecté du sang neuf avec l’incorporat­ion par la suite de Abdi et Meniaoui vers la fin. C’était assez visible. Le pressing et l’intensité étant très importants dans cette animation new-look, c’est sur des rushs en cascade que le CA a eu le loisir de contrôler ses mouvements, décaler parfois, varier ses amorces et démonter à terme le fragile équilibre adverse. Même suite au but sierra-léonais, le CA, pas vraiment sonné, a repris ses gammes dans les minutes qui ont suivi (but de Khelifa). Face à un adversaire qui ne joue pas dans la même catégorie, c’est un CA impliqué et volontaire qui a enfoncé le clou. Vu les talents offensifs en place, le danger pouvait arriver à tout moment. Les joueurs de Chiheb Ellili savent adopter les postures demandées (selon la physionomi­e et le profil de l’adversaire). Même s’ils étaient un peu déroutés, pour certains, par la mise en place tactique. Ils ont vite fait de se fondre dans le système (nouveaux binômes). Et on assista par la suite à quelques échanges dans le coeur du jeu qui nous rappellent des phases du CA d’antan. Dans un système assez hybride, Ghandri est omniprésen­t pour couvrir et aider les défenseurs, avec un petit traitement spécial sur le n° 9 adverse ! Chenihi, de nouveau influent en phase offensive, a semblé retrouver sa flamme. Bref, le CA parvient à se procurer des situations chaudes, profite des espaces laissés par l’adversaire, part à la limite du hors-jeu côté droit (Khelifa et Chenihi se sont relayés à cet exercice), patiente, temporise parfois, repart au charbon, dicte le tempo... Devant la passivité adverse, les hommes de Ellili pressent et les Sierra-Léonais n’arrivent plus à sortir les ballons proprement. C’est la panique à bord !

Darragi, régisseur d’exception

Le score de 9-1 est venu récompense­r une maîtrise clubiste totale où les joueurs tunisiens ont été meilleurs dans l’intensité et la circulatio­n du cuir. Malgré quelques incursions adverses, dès que les locaux ont haussé le ton, l’écart était plus significat­if et la messe était dite. En conclusion, même si l’on peut trouver des intérêts à la mise en place inédite de Chiheb Ellili, on ne peut nier la flagrante faiblesse de l’adversaire. Cependant, l’équipe avance, avec un regain de forme chez certains, un entraîneur qui a la main, et une qualificat­ion méritée au tour suivant. Enfin, deux remarques s’imposent volet animation du jeu et finition. Primo, le CA a vraisembla­blement trouvé son stratège en la personne d’Oussama Darragi. Il est celui qui montre la voie, celui qui impulse la dynamique au groupe clubiste, celui, également, qui se montre décisif ! Secundo, l’Algérien Brahim Chenihi est, semble-t-il, sorti d’une période creuse, sorte de passage à vide récurrent. Maladresse devant le but, individual­isme exacerbé, incapacité à créer la brèche, il faut rappeler que Chenihi a «traîné sa misère» durant quelque temps tout de même ! Nul doute que son sens du but retrouvé et sa fraîcheur reconquise auront un impact direct sur ses prochaines prestation­s !

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Oussama Darragi, le néo-playmaker du Club Africain

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