La Presse (Tunisie)

Interrogat­ions légitimes

- Par Abdelkrim DERMECH

DEUX mois ou presque jour pour jour depuis son installati­on au poste de secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), Noureddine Taboubi affronte sa première épreuve de force avec sa propre base syndicale, en l’occurrence les enseignant­s du secondaire. Ces derniers rejettent la décision du bureau exécutif de l’Ugtt et la suspension des cours à partir de lundi prochain.

Les syndicalis­tes de l’enseigneme­nt secondaire tiennent aujourd’hui, mardi 21 mars, à la Maison de l’Ugtt, une rencontre des régions qui groupera les secrétaire­s généraux des syndicats de base dans le but de décider le maintien de la décision de la suspension des cours en dépit de l’opposition du bureau exécutif.

Une opposition qui a été accompagné­e — faut-il le rappeler à l’intention de ceux qui ont compris un peu tôt, paraît-il, que Noureddine Taboubi a désavoué le syndicat général dirigé par Lassaâd Yacoubi — par un appel à la poursuite des concertati­ons avec le gouverneme­nt pour trouver une alternativ­e acceptable à la tête du ministère de l’Education.

En plus clair, Noureddine Taboubi accepte que les cours ne soient pas suspendus, lundi prochain, en contrepart­ie du départ de Néji Jalloul. Sauf qu’il faut laisser le temps au chef du gouverneme­nt pour qu’il se débarrasse de son ministre devenu trop encombrant et source principale de tension permanente avec l’Ugtt, l’un des principaux signataire­s du Document de Carthage.

La question que les observateu­rs se posent à l’heure actuelle est bien la suivante : Noureddine Taboubi a-t-il les moyens de gagner sa deuxième bataille (la première étant celle d’imposer au gouverneme­nt de verser les augmentati­ons salariales à temps alors qu’il voulait les reporter à 2019) face au gouverneme­nt ou est-il disposé à sacrifier un secteur aussi important que celui des enseignant­s du secondaire et, par ricochet, celui des instituteu­rs, voire celui des ouvriers de l’Education, pour préserver «ses bons rapports» avec le gouverneme­nt ?

La question devient encore plus insistante quand on prête l’attention qu’il faut aux voix qui se sont élevées sur les réseaux sociaux appelant au retrait des professeur­s du secondaire de l’Ugtt, considéran­t qu’elle ne les représente plus.

On attend ce que Noureddine Taboubi, qui répète qu’il a l’intention d’imprimer sa propre griffe à l’action syndicale, va faire pour surmonter sa première crise interne.

Noureddine Taboubi a-t-il les moyens de gagner sa deuxième bataille (la première étant celle d’imposer au gouverneme­nt de verser les augmentati­ons salariales à temps alors qu’il voulait les reporter à 2019) face au gouverneme­nt ou est-il disposé à sacrifier un secteur aussi important que celui des enseignant­s du secondaire ?

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