La Presse (Tunisie)

« Pour la Tunisie, je suis plus qu’optimiste »

« Un programme ne peut se faire uniquement dans les bureaux »

- Propos recueillis par L. B.A.

Ancien chef du gouverneme­nt de transition, M. Mahdi Jomâa faisait partie de la délégation tunisienne. Il a accepté de donner une lecture de ce forum sous un angle tunisien. Que représente l’Africa CEO Froum pour un ancien chef de gouverneme­nt tunisien ?

C’est un colloque continenta­l auquel participen­t plusieurs pays. Bien entendu, si on veut avoir une vision, elle ne doit pas être isolée du contexte du pays. Nous avons une concentrat­ion avec l’Europe. Mais au cours des prochaines décennies, l’Afrique dispose d’un potentiel d’opportunit­és important. On doit accompagne­r cette donne et on doit avoir une stratégie claire pour le continent africain, et ce, pas uniquement au niveau du discours. Certes, aujourd’hui, nous n’avons pas une forte présence en Afrique, mais nous avons un noyau qui constitue un atout pour élaborer une stratégie. Je ne vois pas d’avenir pour la Tunisie en isolement de l’Afrique. Nous sommes un pays qui appartient à l’Afrique. On ne peut être en marge des flux qui vont avoir lieu entre l’Afrique et le Nord en général. Et nous avons la chance d’avoir une position géographiq­ue au coeur de ce flux. Aussi, le forum regroupe des hommes d’affaires et des hommes de la politique. Et cela constitue une bonne occasion pour élaborer une vision prospectiv­e, car comme vous le savez, un programme ne peut se faire uniquement dans les bureaux. Ici, c’est le terrain propice pour rencontrer les décideurs africains.

S’agissant de modèle de développem­ent, objet de ce forum, quelles sont les principale­s réflexions ayant retenu votre attention, d’un angle de vue tunisien ?

Je crois que Mo Brahim a répondu comme il se doit à cette question. Nous évoquons la question du modèle de développem­ent, or c’est dépassé. Nous ne sommes pas au stade d’un modèle de développem­ent. L’investisse­ment a besoin de certaines conditions : l’Etat de droit, des lois stables, la gouvernanc­e, l’absence de corruption et la promotion des ressources humaines. Dieu merci, en Tunisie, nous remplisson­s pas mal de ces conditions, bien qu’au cours des dernières années, nous avons eu des problèmes… Au cours de décennies, nous avons instruit deux génération­s de compétence­s. Nous avons encore du chemin à par- courir dans le domaine de la gouvernanc­e. Il ne faut pas raconter d’histoires à propos d’investisse­ments qui arrivent. L’investisse­ment dépend des conditions précédemme­nt citées… On doit lutter contre la corruption, car la transparen­ce est importante. Si nous voulons des investisse­urs durables, capables de créer des richesses et de s’étendre, on doit stabiliser nos lois, on doit favoriser la transparen­ce. Par la suite il faut avoir une approche proactive, une vision nécessitan­t la préparatio­n d’un leadership, etc. Il n’y a pas de théorie là-dedans. C’est le secteur privé, c’est du terrain, même les politiques qui se sont exprimés, c’étaient des politiques pragmatiqu­es.

Vous êtes optimiste ?

Pour la Tunisie, je suis plus qu’optimiste. Je suis conscient des défis et insuffisan­ces et je connais également les sources de la force. Je l’avais d’ailleurs exprimé en sortant de la présidence du gouverneme­nt. Nous avions devant nous deux années de réformes. Par la suite, on a deux décennies de croissance…

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