L’armée et des rebelles s’affrontent
Après une attaque surprise, les forces loyalistes ont rapidement lancé une contre-offensive qui leur a permis de faire reculer les insurgés
AFP — Les troupes du régime syrien menaient des combats contre les rebelles dans l’est de Damas après avoir repoussé la veille une attaque surprise des insurgés à l’intérieur de la capitale. La situation s’était brutalement tendue avant-hier avec l’offensive surprise, la plus importante à Damas depuis plus de deux ans, lancée par des combattants menés par des jihadistes du Front Fateh Al-Cham, l’ex-branche d’AlQaïda en Syrie. L’attaque éclair était destinée à ouvrir un nouveau front pour soulager les insurgés actuellement bombardés par le régime dans trois quartiers du nord de la capitale, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (Osdh). Mais les forces du président Bachar Al-Assad ont rapidement lancé une contre-offensive qui leur a permis de faire reculer les insurgés, notamment grâce à leur supériorité militaire dans les airs. «Nous avons réussi à reprendre la quasi-totalité des positions où les rebelles avaient avancé (dimanche)», a indiqué une source militaire à l’AFP. « Nous voulons maintenant repousser encore ces groupes liés à Al-Qaïda», a-t-on indiqué.
Les rebelles perdent 70% de leurs positions
Grâce à deux voitures piégées et plusieurs kamikazes, les attaquants avaient pendant quelques heures pénétré avant-hier dans le quartier des Abbassides, dans le centre de Damas, se rapprochant ainsi plus du coeur de la capitale depuis deux ans. L’attaque est partie de Jobar, quartier de l’est de capitale et adjacent aux Abassides. Grâce à cette avancée, les jihadistes et leurs alliés ont pu brièvement faire la jonction entre Jobar et le quartier de Qaboun, plus au nord. «Le régime et ses alliés ont mené une contre-offensive et repris 70% des positions capturées par les rebelles mais les combats se poursuivent dans la partie située entre Qaboun et Jobar», a indiqué à l’AFP, Rami Abdel Rahmane, directeur de l’Osdh. L’agence de presse officielle syrienne Sana a précisé que les troupes gouvernementales visaient, «au nord de Jobar, des bases de terroristes, dont un grand nombre a été tué». Après de multiples frappes aériennes hier matin, les raids aériens se sont poursuivis dans l’après-midi mais avec moins d’intensité, à mesure que l’armée avançait. D’après l’Osdh, il n’était pas clair si les frappes aériennes étaient menées par l’aviation du régime ou par celle de son allié russe.
47 morts, avant-hier
Jobar est partagé entre les forces progouvernementale, d’une part, et les rebelles et des jihadistes, d’autre part. La partie des insurgés est visée par des bombardements depuis deux ans. «C’est une ligne de front importante» à cause de sa proximité avec le centre-ville de Damas, a expliqué M. Abdel Rahmane. Les combats d’avant-hier ont provoqué la mort d’au moins 26 combattants prorégime et de 21 rebelles ou jihadistes, selon M. Abdel Rahmane, qui n’avait pas de bilan pour les frappes d’hier matin. Le secteur de la place des Abbassides, survolé par des avions, avait retrouvé hier une animation quasi normale, avec la réouverture des routes et des habitants attendant le bus, ont constaté des correspondants de l’AFP. Mais le bruit de tirs et de bombardements pouvait être entendu et des écoles ont annoncé qu’elles restaient fermées. Damas, relativement épargnée par la violence depuis le début de la guerre, a été récemment frappée par des attentats-suicide, dont l’un a fait 74 morts dans la vieille ville et a été revendiqué par le Front Fateh Al-Cham.
Faire pression avant Genève
Ces combats se déroulent avant un nouveau round de négociations intersyriennes qui doit s’ouvrir jeudi à Genève, sous l’égide de l’ONU, en présence de représentants du régime de Bachar Al-Assad et de l’opposition. D’après Bachar Al-Jaafari, chef de la délégation du régime aux pourparlers, «les dernières attaques terroristes à Damas (...) et ailleurs en Syrie visent à faire pression sur le gouvernement syrien avant Genève», dans une interview avec la télévision d’Etat. Tous les efforts diplomatiques, encadrés ou non par l’ONU, ont jusqu’à présent échoué à trouver une solution au conflit qui déchire la Syrie depuis six ans et a fait plus de 320.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés, engendrant une grave crise humanitaire. Un cessez-le-feu avait été négocié en décembre avec l’aide de la Russie, alliée du régime, et la Turquie, qui soutient des groupes rebelles, mais les combats n’ont pas pour autant cessé dans le pays.