La Presse (Tunisie)

Devoir d’apaisement et de sérénité

- Hédi JENNY

Après une lune de miel que l’on pensait durable suite à l’accord trouvé et signé au terme de longues tractation­s sur les droits de retransmis­sion des matches de la Ligue 1, et qui a mis fin à tant de frictions et à beaucoup de nuages dans la relation entre le bureau fédéral et la Télévision tunisienne, la hache de guerre a été déterrée de nouveau par les deux parties après les déclaratio­ns du président du CSS, Moncef Khemakhem, lors de l’émission «Dimanche Sport» jugées “indécentes” au cours de la réunion de Wadii El Jari avec les présidents des clubs des Ligues 1 et 2 et «désapprouv­ées avec fermeté et insistance» dans un communiqué rendu public. Visée et même pointée du doigt, la direction de la chaîne publique a répondu du tac au tac et, depuis, la guerre des communiqué­s n’a pas cessé, au risque d’embraser le paysage sportif. En fait, l’affaire Moncef Khemakhem n’était que la goutte qui a fait déborder le vase. Selon une source proche du bureau fédéral, l’émission «Dimanche Sport» s’est livrée depuis quelque temps «à une vaste campagne de dénigremen­t et de harcèlemen­t, voire de lynchage pur et simple de ce bureau et un analyste comme Khaled Hosni n’a pas manqué une seule occasion pour tirer à boulets rouges sur le président de la FTF, Wadii El Jary, l’accusant de tous les maux du football tunisien sans qu’il ait été rappelé à l’ordre ou interrompu par le présentate­ur de l’émission Razi Ganzoui comme s’il cautionnai­t tous ses propos et tout le linge sale déballé sur un plateau de télévision publique qui est devant l’obligation de réserve et de souci minimum d’objectivit­é» . Voilà le coeur de ce conflit allumé par de petites étincelles répétées qui n’est dans l’intérêt de personne et surtout pas dans l’intérêt général de notre football qui a besoin d’être soutenu et pas détruit. Certes, Wadii El Jary n’est pas un surhomme, irréprocha­ble et au-dessus de tout le monde, mais —il faut le reconnaîtr­e— il jouit toujours de la confiance et de l’estime de la grande majorité des clubs qui l’ont élu et ce n’est pas d’un revers de main ou par le biais d’une campagne médiatique, même bien orchestrée, qu’on va le pousser à la sortie. Et ce n’est pas par hasard s’il béné- ficie toujours du soutien des deux hommes sages de notre football que sont Hamdi Meddeb et Ridha Charfeddin­e. Au cours de la réunion «incriminée» par certains médias, le président de l’Etoile a bien mis les points sur les «i» et a tiré la sonnette d’alarme : «Arrêtons de part et d’autre de mettre de l’huile sur le feu et de noircir le tableau, a-t-il indiqué, notre mission à tous est de construire et pas de détruire. Il y a de vrais et de gros problèmes de fond dans le football tunisien, mais ce n’est pas à coup de déclaratio­ns intempesti­ves et irresponsa­bles qui fusent tous les jours et de matraquage médiatique que nous allons les résoudre. Le football est un produit qui se vend et la FTF a raison de chercher les meilleures offres possibles pour renflouer les caisses des clubs dont elle dépend. Et pour que ce produit se vende à sa juste valeur pour qu’il trouve preneur, il lui faut un climat serein, une ambiance pas surchauffé­e mais apaisée, des gens responsabl­es et raisonnabl­es, à commencer par nous présidents avec tous ces feux braqués sur nous mais aussi cette lourde tâche que nous portons sur les épaules jusqu’aux médias publics et même privés qui ont pleinement le droit et la liberté de jouer leur rôle dans le paysage mais qui ont aussi l’obligation morale d’être constructi­fs et de savoir séparer le bon grain de l’ivraie. L’heure aujourd’hui est à la responsabi­lité et à la sérénité dans tous les camps et à tous les niveaux. La barque, notre barque à tous risque de prendre l’eau de toutes parts et de faire naufrage. Et ça personne ne le veut et ne le souhaite» . Un message très clair envoyé à tout le monde pour que le débat soit élevé et digne et ne serve pas la soupe à ceux qui cherchent uniquement à pêcher dans les eaux troubles. C’est la seule manière pour que le feu ne vire pas au rouge au moment où justement les matches du play-off et du play-out battent leur plein et abordent leurs premiers virages cruciaux et décisifs. Enterrons donc vite la hache de guerre et revenons à l’essence même de ce jeu qu’est le football qui est de rapprocher et pas de diviser.

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