La Presse (Tunisie)

Le travail : cette valeur perdue !

- Rafik EL HERGUEM

On nous a appris en économie que la production et la création de richesse sont une combinaiso­n de différente­s formes de deux facteurs, le capital et le travail. La théorie a évolué, mais ces deux composante­s, ces deux facteurs sont toujours présents, avec une hégémonie du facteur capital, expliqué essentiell­ement par l’effrayante variable technologi­que. Le travail reste un facteur fondamenta­l dans la création de la valeur, et ce n’est pas la crise de l’emploi dans le monde entier qui va le contredire. Les diplômés, les demandeurs d’emplois n’ont pas assez de débouchés pour diverses raisons. Le chômage dans notre pays est un indicateur alarmant. On a beaucoup de jeunes à la traîne qui n’ont pas de travail et qui ne contribuen­t pas à la création de la richesse. C’est un taux pénible avec 15 %. Pour combattre ce fléau, plusieurs alternativ­es se présentent. Mais parlons plutôt de gens actifs qui travaillen­t. Là encore, on a un problème de rendement. Dans plusieurs secteurs, et surtout le public, les taux de productivi­té sont assez bas. Absentéism­e, travail incomplet, retard conséquent, toutes les formes de l’«improducti­vité » sont là. Du coup, on a des sociétés publiques déficitair­es avec une surcharge d’effectif et une bonne partie du personnel qui ne justifie pas ses salaires. Cette valeur sacrée du travail, on l’a perdue quelque part. Ce n’est pas une question de secteur public seulement, mais aussi du privé où des chefs d’entreprise, dans des secteurs qui souffrent, vous parlent de doléances salariales infinies et un rendement qui n’est pas à la hauteur.

Est-ce qu’on travaille avec motivation ? Est-ce que le rendement permet une production de qualité qui peut défier la concurrenc­e étrangère ? Ou finalement, sommes-nous en train de léser le personnel démobilisé et qui n’a pas une forme d’emploi stable et qui, dans des conditions déplorable­s, ne peut fournir ce qu’on demande de lui ? C’est beaucoup plus compliqué que cela. Il y a une chose évidente : le travail, comme moyen d’enrichisse­ment, comme façon de créer de la valeur et de monter dans l’échelle profession­nelle et sociale, est perdu dans les polémiques sociales. Les grandes nations qui ont fait leur épopée économique, comme la Turquie en 2002, le doivent au travail, au rendement et à des taux exceptionn­els de productivi­té qui permettent des performanc­es économique­s à moyen terme. Ça on doit le comprendre tous et aucune loi ne peut l’imposer.

Dans plusieurs secteurs, et surtout public, les taux de productivi­té sont assez bas

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