La Presse (Tunisie)

Les prix s’envolent

Avec la hausse des prix des pièces détachées, plusieurs petits vendeurs ont pris d’assaut la Toile pour devenir des spécialist­es de la vente en ligne des pièces détachées d’occasion .

- S. DRIDI

Avec la chute vertigineu­se du dinar tunisien par rapport à la monnaie unique, les prix des pièces détachées d’origine pour les véhicules ont flambé, poussant le citoyen à opter pour des pièces bon marché .Il est vrai que ces pièces comportent des risques en termes de qualité, mais que faire quand le coût des pièces originales, ajouté à celui de la maind’oeuvre, peuvent vous laisser sur la paille?

Un marché où la spéculatio­n bat son plein

Excepté dans les ateliers des concession­naires officiels qui ne font les réparation­s qu’avec des pièces neuves et d’origine, les pièces de rechange varient d’un vendeur à l’autre .C’est que le secteur n’est pas contrôlé, il n’est pas, non plus, organisé. Des vendeurs agréés, aux discounts, en passant par les garagistes et les vendeurs en ligne, les prix varient selon la qualité du produit, le pays où il est fabriqué, et aussi suivant l’humeur du vendeur. Pour mieux avoir une idée sur le marché des pièces auto, on est allé à la rencontre d’un grand distribute­ur agréé dans la banlieue nord qui a préféré garder l’anonymat. Il a expliqué la hausse vertigineu­se des prix des pièces détachées des véhicules par la dévaluatio­n de notre monnaie après la révolution, mais aussi par le comporteme­nt de certains propriétai­res de magasins peu scrupuleux qui ne pensent qu’à tirer un grand profit de ce commerce. «Il arrive qu’ils achètent la pièce à 5D et la revendent à 20D», reconnaît ce dernier. Le marché est «infesté» par les pièces détachées bas de gamme en provenance des pays asiatiques, surtout de la Chine, malgré la taxe douanière de 20% imposée sur ces produits, contrairem­ent aux pièces auto importées des pays de l’Union européenne et qui sont exonérées de taxe, confie notre interlocut­eur. Et d’ajouter qu’une minorité de Tunisiens préfère les pièces d’origine pour réparer leur véhicule. Ils misent, en effet, sur la qualité, surtout quand il s’agit d’une voiture encore neuve ou de grande marque. Mais la majorité se rabat sur le mauvais choix, soit pour des pièces de qualité moyenne, ou de très faible qualité, attendu que les pièces de rechange originales sont généraleme­nt plus chères mais ont l’avantage d’être plus économique­s, plus sûres et durent plus longtemps, a-t-il assuré.

Le recours au marché algérien

Certains ne reculent devant rien pour aller chercher chez nos voisins algériens des pièces auto d’origine où elles sont moins onéreuses. M.K a pris l’habitude de changer les pneus de sa voiture et de la réparer en Algérie. Un petit saut d’une journée et le tour est joué, nous expliquet-il. « Oui, mais pourquoi les pièces détachées sont moins coûteuses chez nos voisins ?» .M.K nous explique que, contrairem­ent à la Tunisie, le dinar algérien n’a pas connu de débandade face à l’euro. Avec une petite somme en devise en poche, M.K prend la route vers l’Algérie. Le change se fait au marché noir et la réparation dans des garages agréés.

Recours à la casse

Avec la hausse des prix des pièces détachées, plusieurs petits vendeurs ont pris d’assaut la Toile pour devenir des spécialist­es de la vente en ligne de pièces détachées d’occasion qui collaboren­t avec les casses auto, dispensant ainsi le client des recherches fatigantes et qui lui font perdre beaucoup de temps. Un devis gratuit est même établi dans les brefs délais.Mais attention, toutes les casses ne se valent pas et l’arnaque est toujours une sérieuse menace. S’aventurer tout seul dans ce domaine sans la compagnie d’un mécanicien est déconseill­é. Il est vrai que peu de gens optent pour ce choix bien risqué et c’est tant mieux.Certains vous conseiller­ont d’aller visiter Hinchir Lihoudiya, une vraie caverne d’Ali Baba pour les pièces détachées bon marché, mais des gens du métier que nous avons contactés, ont un autre point de vue. Ils confirment que «c’est un marché pourri, plein de pièces volées et contrefait­es» , selon leurs dires.

Quel rôle pour le Conseil de la concurrenc­e?

La hausse des prix des pièces détachées dans d’autres contrées comme la France a poussé le Conseil de la concurrenc­e à se pencher sur le phénomène. « Les pratiques des réseaux des grandes marques automobile­s dégagent des marges de bénéfice confortabl­es sur le service après-vente et les pièces détachées» , lit-on dans une publicatio­n consacrée à ce sujet. Ledit conseil avait soupçonné une insuffisan­ce de concurrenc­e, notamment dans la vente de pièces détachées. De notre côté, on est allé aux berges du Lac ou siège le Conseil de la concurrenc­e relevant du ministère de l’Industrie et du Commerce pour savoir s’il en est de même chez nous. Après la rencontre de l’une des responsabl­es de ce conseil, il s’est avéré que le contrôle de la concurrenc­e dans ce cas de figure est du ressort de la direction générale de la concurrenc­e et des enquêtes économique­s relevant dudit ministère (Dgcee). Nonobstant, quand on consulte le site officiel du ministère de l’Industrie et du Commerce, on réalise que ces deux directions sont chargées de «la mise en oeuvre de la politique de la concurrenc­e à travers les missions de surveillan­ce du marché, le contrôle de concentrat­ion de promotion de la concurrenc­e, et du contrôle des pratiques anticoncur­rentielles» . Une politique presque absente sur le terrain. On espère mettre la puce à l’oreille des autorités de tutelle.

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Beaucoup de particulie­rs trouvent leur compte à «Henchir Lihoudia». Là ils peuvent se procurer des pièces détachées à bon marché, provenant d’automobile­s accidentée­s
 ??  ?? Beaucoup de particulie­rs trouvent leur compte à «Henchir Lihoudia». Là ils peuvent se procurer des pièces détachées à bon marché, provenant d’automobile­s accidentée­s
Beaucoup de particulie­rs trouvent leur compte à «Henchir Lihoudia». Là ils peuvent se procurer des pièces détachées à bon marché, provenant d’automobile­s accidentée­s

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