La Presse (Tunisie)

Les leaders sont là en attendant les programmes

Mehdi Jomaâ revient sur la scène politique nationale avec son parti Al Badil Attounsi, Mohsen Marzouk et Slim Riahi annonceron­t demain la naissance de leur Front du salut. ▸

- A. DERMECH

Mehdi Jomaâ revient sur la scène politique nationale avec son parti Al Badil Attounsi, Mohsen Marzouk et Slim Riahi annonceron­t demain la naissance de leur Front du salut, Ennahdha entame les congrès de ses structures locales et Nida Tounès attend la révolution tranquille promise par Borhène Bessaies. Les élections municipale­s sont prévues pour fin 2017. Et déjà, la campagne bat son plein. Mais on attend toujours les programmes

Finalement, Mehdi Jomaâ, le chef du gouverneme­nt de compétence­s apolitique­s qui a succédé, faut-il le rappeler, à Ali Laârayedh, chef du gouverneme­nt de la Troïka II, par la grâce du Dialogue national piloté par l’Ugtt à l’époque où Hassine Abassi faisait la pluie et le beau temps, a révélé le nom de son parti politique : «Al Badil Attounsi» (l’alternativ­e tunisienne, mais on parlera d’Al Badil comme on parle déjà d’Al Machrou de Mohsen Marzouk) et l’identité des personnali­tés qui l’aideront à reconquéri­r le pouvoir d’ici 2019 (en attendant, il grignotera ce qu’il pourra grignoter à l’occasion des municipale­s de fin 2017) et à appliquer les orientatio­ns et les choix qu’il n’a pas réussi à exécuter quand il occupait le palais de La Kasbah et aussi nous éclairer une fois pour toutes sur «les milliards de barils de pétrole sur lesquels nous dormons» et nous dire s’ils existent réellement ou si Moncef Marzouki, ses lieutenant­s et les experts nous roulent le plus simplement du monde. Demain, dimanche 2 avril, Mohsen Marzouk, le chef de Machrou Tounès, et Slim Riahi, le président de l’Union patriotiqu­e libre (UPL), l’homme qui ne veut plus attendre fin 2019, pour briguer le palais de Carthage, annonceron­t, si rien d’imprévisib­le ne se produit aujourd’hui, samedi 1er avril, la naissance officielle du Front du salut qui comprendra six partis politiques qui coaliseron­t à l’occasion des élections municipale­s. Donc, si on fait les comptes, on va s’apercevoir que l’espace de quatre jours (du mercredi 29 mars au dimanche 2 avril), le paysage politique national enregistre l’apparition de deux nouvelles entités politiques, Al Badil Attounsi et le Front du salut, les deux appartenan­t à ce qu’on appelle la droite libérale et se positionna­nt — même si leurs leaders ne le reconnaiss­ent pas publiqueme­nt — contre Nida Tounès qui défend pratiqueme­nt les choix que Mehdi Jomaâ et Slim Riahi voudraient appliquer. Et la question que se posent les observateu­rs est la suivante : la Tunisie a-t-elle besoin du parti de Mehdi Jomâa et du Front du salut de Marzouk et Riahi ? A qui va profiter la création de ces deux nouvelles entités politiques? Comment vont se comporter au Parlement les députés qui seront recrutés par Mehdi Jomaâ et aussi ceux de Machrou Tounès, de l’UPL ainsi que les députés nidaïstes rangés derrière Ridha Belhaj quand il s’agira de voter les grandes lois comme celles sur la réconcilia­tion politique ou sur les urgences économique­s? La reconfigur­ation du paysage politique national avec une droite libérale plus que jamais effritée comme l’a été la gauche dite révolution­naire le 23 octobre 2011 va-t-elle constituer une bouffée d’air frais, une manne céleste dont profitera Ennahdha où Abdellatif El Mekki a déjà déclaré la guerre à Rached Ghannouchi et ne veut plus que son parti «continue à faire des concession­s honteuses au profit de Nida Tounès, un parti en voie de disparitio­n même si son directeur exécutif Hafedh Caïd Essebsi vient d’engager le grand communicat­eur Borhène Bessaies qui promet de révolution­ner Nida Tounès et de lui faire gagner les prochaines municipale­s, législativ­es et présidenti­elle», comme le confie à La Presse un observateu­r proche d’Ennahdha ?

La compétence peut-elle remplacer l’expérience ?

Et comme les municipale­s approchent à grands pas, il est normal de se demander comment les anciens ministres de Jomaâ accourus des USA, d’Allemagne et de France pour diriger le pays quand il a été décidé de mettre fin à la Troïka II vontils convaincre les citoyens des grandes villes ou des nouvelles mairies pour leur donner leurs voix. D’autres observateu­rs pensent qu’il est «difficile pour d’anciens ministres qui n’ont jamais fait de terrain de se transforme­r en militants qui vont à la rencontre des Tunisiens là où ils vivent pour écouter leurs revendicat­ions et leur promettre les solutions qu’ils attendent, alors que ces ministres ne savent même pas s’exprimer en langue arabe». Idem pour les leaders du Front du salut (à condition qu’il voie le jour comme promis) dont la plupart ont disparu de la circulatio­n et se contentent de refaire le monde sur les plateaux TV quand Samir El Ouafi ou Moëz Ben Gharbia se souvient qu’ils existent encore, alors que Hizb Etahrir continue à «gouverner» à Kerkennah et qu’Ennahdha réussit «à mobiliser à El Jem trente-cinq associatio­ns de la société civile pour obtenir la fermeture d’un espace de vente de boissons alcoolisée­s».

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