Rifaat Al-Assad débouté par la justice
Les enquêteurs avaient évalué à environ 90 millions d’euros le patrimoine détenu en France par l’oncle du président syrien et sa famille
AFP — La justice française a validé des saisies de biens immobiliers appartenant à Rifaat Al-Assad, l’oncle du président syrien, en France, où il est soupçonné de les avoir acquis en détournant les richesses de son pays, a appris l’AFP hier de sources proches du dossier. Dans des arrêts rendus lundi, la cour d’appel de Paris a rejeté des appels de Rifaat Al-Assad, frère de l’ancien président Hafez Al-Assad, qui l’avait écarté du pouvoir dans les années 1980, et confirmé les saisies opérées sur plusieurs sociétés détenant des biens immobiliers dans les quartiers huppés de la capitale française. Parmi eux, deux hôtels particuliers situés dans le 16e arrondissement, dont l’un de 6.000 m2, sur la prestigieuse avenue Foch, décrit l’une de ces sources à l’AFP. Figure aussi la saisie d’une créance de 9,5 millions d’euros qu’une des sociétés détenait sur la ville de Paris, après l’expropriation d’un terrain par la mairie, pour construire des logements sociaux. Après la plainte d’une association luttant contre les crimes économiques, Sherpa, les enquêteurs avaient évalué à environ 90 millions d’euros le patrimoine détenu en France par Rifaat Al-Assad et sa famille, entre ses biens immobiliers à Paris, un haras dans le Val-d’Oise, près de Paris, ou un ensemble de bureaux à Lyon. D’autres contestations de saisies seront examinées ultérieurement par la justice, a indiqué une source proche du dossier. Contacté, l’un de ses avocats n’a pas donné suite. Rifaât Al-Assad, 79 ans, a été mis en examen le 9 juin 2016 pour recel de détournement de fonds publics et blanchiment en bande organisée de fraude fiscale aggravée. Alors que le juge d’instruction le soupçonne d’avoir détourné des fonds publics syriens avant de partir en exil en Europe, avec sa famille et sa suite, Rifaat Al-Assad s’est défendu en racontant que toute sa richesse provenait de dons de la famille royale saoudienne, qui l’aurait soutenu politiquement depuis les années 80. Lors d’une audition fin octobre, il a cité les rois défunts Fahd et Abdallah, rapporte une source proche du dossier. Il s’est également présenté comme un homme politique ne s’occupant pas de son patrimoine, disant ignorer les documents qu’il signe, a raconté la même source, une version fragilisée par la cour d’appel. Dans l’une de ces décisions, la chambre de l’instruction s’appuie sur des écoutes téléphoniques pour relever qu’un gestionnaire «rendait compte» à Rifaat Al-Assad «très régulièrement» de la situation de son patrimoine immobilier, a-t-on appris de même source.