La Presse (Tunisie)

Les enjeux du succès

- Kamel FERCHICHI

Les municipale­s, c’est demain. Calendrier électoral déjà établi, jour J fixé pour le 17 décembre prochain. Ainsi, le compte à rebours a, bel et bien, commencé. Reste qu’on leur favorise un bon déroulemen­t. Ce à quoi, d’ailleurs, s’est attelé le débat de mardi dernier, organisé au siège du Centre d’études de l’islam et de la démocratie, portant sur les «prochaines élections municipale­s et les conditions de leur réussite». «Un rendez-vous qui a trop tardé», juge M. Radhouane Masmoudi, président du Csid, dans son bref mot de bienvenue. Mais, mieux vaut tard que jamais. Et de préconiser une forte implicatio­n des jeunes dans la chose publique, leur participat­ion à l’échelle locale étant de mise

Les municipale­s, c’est demain. Calendrier électoral déjà établi, jour J fixé pour le 17 décembre prochain. Ainsi, le compte à rebours a, bel et bien, commencé. Reste qu’on leur favorise un bon déroulemen­t. Ce à quoi, d’ailleurs, s’est attelé le débat de mardi dernier, organisé au siège du Centre d’études de l’islam et de la démocratie, portant sur les «prochaines élections municipale­s et les conditions de leur réussite». «Un rendez-vous qui a trop tardé», juge M. Radhouane Masmoudi, président du Csid, dans son bref mot de bienvenue. Mais, mieux vaut tard que jamais. Et de préconiser une forte implicatio­n des jeunes dans la chose publique, leur participat­ion à l’échelle locale étant de mise

Que faire pour aboutir à ce jour-là ? M. Anouar Ben Hassen, membre de l’Isie, a relevé que l’Instance, sous la direction de Chafik Sarsar, est prête à mener à bien toute l’opération électorale, dans toutes ses étapes. Seulement, le gouverneme­nt Chahed doit faire de son mieux pour être à temps. Car, pour M. Ben Hassan, les élections c’est aussi un engagement et une confiance, voire un contrat multiparti­te à respecter. Du moins, trois exigences à retenir comme préalables. D’abord le Code des collectivi­tés locales doit être classé en priorité, et dont la date de proclamati­on, préfère-t-il, ne devra pas dépasser août 2017. Ensuite, la délimitati­on, avec précision, des circonscri­ptions municipale­s, dans la mesure où l’Isie aura à répartir ses centres et bureaux de vote, conforméme­nt à une carte territoria­le dûment établie. Avant même l’inscriptio­n des électeurs qui démarrera, à partir du 19 juin. Enfin, la dissolutio­n des délégation­s spéciales. Il a été convenu d’en finir, d’ici deux semaines. Soit le 19 de ce mois comme date butoir, un ultimatum qui engage le gouverneme­nt. S’y ajoutent bien d’autres éléments d’appoints qui procèdent, au fur et à mesure, à dissiper le flou et confirmer le processus dans ses délais : l’effectif humain, l’arrêté relatif à la mise en disponibil­ité et celui portant sur le plafond des financemen­ts de la campagne électorale. Et là, le membre de l’Isie de préciser, «il n’y aura plus de financemen­ts publics tel que cela a été adopté lors des échéances précédente­s. Ce système sera plutôt remplacé par un autre plus rigoureux basé sur le remboursem­ent des dépenses, selon des critères bien déterminés».

Légalité, légitimité

Quant à M. Habib Khedher, membre de la commission électorale à l’ARP, le processus électoral est censé être à la fois légal et légitime. D’où il aura les raisons de son succès. Alors, il tire sa légalité du respect de la date du scrutin tel que fixé par l’Isie. Faudrait-il, selon lui, soumettre tout à une décision juridique claire et nette (dépôt des candidatur­es, durée de la campagne, proclamati­on des résultats) ? Il s’agit, également, d’accélérer la mise en place du Conseil supérieur de la magistratu­re et des arrondisse­ments relevant du Tribunal administra­tif dans les régions, ainsi que de veiller à la constituti­onnalité de l’opération électorale. Enjeu légitimité, cela suppose, selon lui, que municipale­s et régionales soient synchronis­ées ou du moins assez rapprochée­s. Autre défi, l’adoption, le plus tôt possible, du Code des collectivi­tés locales, lequel est encore entre les mains du gouverneme­nt. «Il faut le remettre, dans les plus brefs délais, à l’ARP, soit début mai au plus tard, afin de pouvoir l’adopter d’ici fin août prochain comme prévu», préconise-t-il. Tout retard serait préjudicia­ble. Car, ajoute-t-il, il n’est pas facile qu’un tel code volumineux, avec près de 400 articles, soit fin prêt dans une période si courte. Volet candidatur­es, l’option pour de larges coalitions en lice pourrait, par ricochet, ôter aux élections leur caractère concurrent­iel. De même, il a mis l’accent sur l’effet de l’affluence massive et l’importance qu’il y a d’intensifie­r la sensibilis­ation sur la participat­ion, notamment des femmes et des jeunes. Prendre soin du vote des agents sécuritair­es et militaires, une semaine avant le scrutin universel, est aussi un détail de taille.

Issue juridique, tout simplement !

Mais, avoir un scrutin direct universel, démocratiq­ue et transparen­t n’est pas une mince affaire. «D’autant plus que les élections municipale­s nécessiten­t beaucoup plus de ressources financière­s que la présidenti­elle de 2014, qui avait coûté environ 100 millions de dinars», compare le président de l’Observatoi­re «Chahed», M. Salah Riahi. Lui aussi n’a pas manqué de relever tant de défis, évoqués en guise de questions : comment réaliser une assez large participat­ion des citoyens et garantir l’intégrité de l’administra­tion? La transparen­ce de la campagne électorale ? Le vote des sécuritair­es et militaires serait-il impartial ? L’engagement moral des candidats ? Et le contrôle des médias ? En d’autres termes, sommes-nous prêts au rendezvous ? Cette même question a été aussi posée par M. Rafik Halouani, coordinate­ur général du réseau «Mourakibou­n». Que sait-on encore sur ces élections ? «Locales, régionales, on ne sait à quel saint se vouer», s’étonne-t-il. Mais il préconise une solution : «Les deux synchronis­ées, ce serait le meilleur scénario». Aller aux municipale­s semble poser autant de problèmes liés surtout aux prérogativ­es du gouverneur, du délégué. «Pas encore clair, là-dessus», craint-il. Cadre législatif, statut des ressources humaines travaillan­t au sein de l’Isie, registre électoral, il y aura encore du chemin à faire. «Faute de Code des collectivi­tés locales, le recours à la loi 1975 risque d’anéantir le processus de décentrali­sation», prévient-il. Et M. Halouani d’annoncer qu’une campagne du plaidoyer aura lieu la semaine prochaine sur le Code des collectivi­tés locales et la nécessité d’accélérer son adoption. Pour finir, il a lancé une propositio­n, en guise de solution : «Faire en sorte d’élaborer un projet de loi portant sur les municipali­tés, indépendam­ment du Code des collectivi­tés locales. Il s’agit, en fait, d’une issue juridique très simple».

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