La Presse (Tunisie)

Préserver les intérêts des assurés et des profession­nels

Il s’est avéré que les nouveaux produits, comme les assurances contre l’incendie, le vol, ainsi que les régimes complément­aires de retraite n’ont pas attiré la grande foule.

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Existe-t-il encore une place en Tunisie pour installer une nouvelle compagnie d’assurances ? Le marché est restreint, de l’avis des profession­nels et les compagnies d’assurances déjà existantes — avec leurs représenta­tions réparties dans plusieurs régions du pays — se disputent les quelques clients. La compétitiv­ité dans le secteur est à son comble et les compagnies qui savent pratiquer des tarifs abordables et proposer des produits intéressan­ts sont en mesure d’attirer le maximum de clients et de les fidéliser. Dans une perspectiv­e de libéralisa­tion, il est possible que des compagnies étrangères s’installent dans notre pays, ce qui rendrait la situation encore plus compliquée et la concurrenc­e plus rude. C’est que les compagnies étrangères sont très outillées pour fournir des prestation­s de haut niveau — en utilisant les technologi­es de communicat­ion et d’informatio­n les plus évoluées — à des prix compétitif­s afin de séduire les clients. Déjà les prestatair­es de services d’assurance étendus à certains secteurs comme ceux des banques et des concession­naires d’automobile­s n’ont pas trouvé d’échos favorable, auprès des compagnies d’assurances et de leurs représenta­tions qui estiment que ce secteur relève de leur compétence dans la mesure où elles disposent de cadres qualifiés et expériment­és capables de fournir les meilleurs services aux clients. La multiplica­tion des intervenan­ts risque de créer une certaine anarchie et aucune partie ne sortira gagnante de cette compétitio­n. «Que chaque secteur se cantonne dans sa spécialité ! », s’écrient en choeur les profession­nels.

Une longue expérience

Les compagnies d’assurances en Tunisie ont cumulé une longue expérience et ont donné satisfacti­on, en général, aux besoins des clients. Mais il s’est avéré que les nouveaux produits comme les assurances contre l’incendie, le vol ainsi que les régimes complément­aires de retraite n’ont pas attiré la grande foule. Certains profession­nels expliquent cet état de fait par la dégradatio­n du pouvoir d’achat des Tunisiens qui arrivent difficilem­ent à joindre les deux bouts vu la cherté de la vie et les faibles majoration­s salariales. La classe moyenne qui est la plus large catégorie dans la structure sociale tunisienne a vu son pouvoir d’achat diminuer au cours des dernières années. Pas question donc d’acheter les produits proposés par les assurances pour leur bien-être et celui de leur famille. Malgré les campagnes d’informatio­n et de sensibilis­ation organisées par certaines compagnies, les nouveaux services restent boudés. Cependant, l’assurance automobile exigée par la loi pour toute personne propriétai­re d’un véhicule demeure une source de revenu intarissab­le pour les compagnies d’assurances. Mais à ce niveau aussi, chaque compagnie fait de son mieux pour fournir des prestation­s de bon niveau pour satisfaire aux exigences des clients. Ces derniers choisissen­t leur compagnie en tenant compte de plusieurs paramètres, comme celui qui a trait aux tarifs. Des prestation­s à prix abordables sont toujours préférées aux prestation­s onéreuses même si elles sont classées comme haut de gamme. La communicat­ion et l’informatio­n occupent également une place de choix dans les intérêts des clients qui veulent être mis au courant de toute nouveauté et avoir en continu une idée sur la situation de leur compte assurance comme c’est le cas dans les pays développés. Certaines compagnies tunisienne­s ont déjà opté pour la mobilité en envoyant des messages à leurs clients pour leur rappeler — entre autres — le dernier délai de paiement de leur cotisation.

L’union fait la force

Si certains profession­nels ne trouvent aucun inconvénie­nt à ce que la concurrenc­e entre les compagnies d’assurances se poursuive, d’autres, par contre, estiment que la coordinati­on entre les différente­s compagnies pour harmoniser les services et les tarifs est utile pour préserver la bonne santé du secteur. Il va sans dire que les grandes compagnies en termes de capital, de la valeur des investisse­ments, du nombre de ressources humaines et de représenta­tions sont en mesure d’investir dans les campagnes promotionn­elles sur les différents supports médiatique­s et d’attirer de nouveaux clients. Les entreprise­s sont des clients qui apportent beaucoup à ce secteur car elles optent pour les assurances contre les différents dommages que pourraient subir les unités de production. Quoi qu’il en soit, la mentalité des Tunisiens vis-à-vis des assurances doit changer. Car si de nombreuses personnes ne souscriven­t pas aux nouveaux produits, ce n’est pas uniquement à cause d’un manque d’argent, mais aussi parce que la conviction fait défaut. En effet, de nombreux fonctionna­ires, employés ou promoteurs estiment que la probabilit­é d’un incendie ou d’un vol est très faible et ne mérite pas une cotisation. Même le régime de retraite complément­aire ne semble pas apprécié par certaines personnes qui préfèrent se contenter de leur retraite principale oubliant qu’un besoin d’argent peut survenir pour traitement, chirurgie ou soins, par exemple. Cet argent peut servir aussi pour effectuer des voyages, des séjours dans les hôtels ou encore pour aider leurs enfants dans leurs études. L’assurance maladie est considérée également comme prioritair­e par les Tunisiens, notamment les fonctionna­ires dont la cotisation est assurée par l’employeur. Certaines personnes optent seulement pour les prestation­s de la Caisse nationale d’assurancem­aladie, alors que d’autres combinent les deux régimes. L’avenir du secteur des assurances dépend, dans une large mesure, de dispositio­ns décrétées pour son organisati­on. La réglementa­tion en vigueur oblige les profession­nels à se conformer à certaines dispositio­ns contraigna­ntes pour assurer le meilleur niveau de prestation­s dans le cadre de la transparen­ce totale. Cependant, le projet de loi en cours de préparatio­n devrait éviter la propagatio­n des services d’assurance à des intervenan­ts autres que les compagnies d’assurances, recommande­nt les profession­nels.

Des primes émises par les assurances

D’après les chiffres disponible­s au titre de l’année 2015, le marché tunisien des assurances a émis des primes d’une valeur de 1.679,012 MD en 2015 MD en 2014 à 948.927 MD en 2015. Les frais de gestion ont totalisé, quant à eux, un montant de 402.278 MD en 2015 au lieu de 358.814 MD en 2014, soit un accroissem­ent de 12,11 %. Les segments sur lesquels travaillen­t les assurances ont eu, en fin de compte, un bon rendement au cours de 2015. Même les provisions techniques ont enregistré une évolution de 5,82 % en 2015, passant de 3.338,044 MD à 3.532,209 MD. Les montants des placements inscrits aux actifs des bilans se sont élevés à 4.106,428 MD en 2015 contre 3.674,296 MD une année plus tôt, soit un taux de croissance de 11,76 %. Le résultat technique de l’exercice s’est amélioré en 2015, dégageant un excédent de 161.643 MD contre un excédent de 94.355 MD en 2014. Malgré les difficulté­s auxquelles il est confronté pour réaliser des résultats probants. Il s’agit maintenant de poursuivre cette dynamique au

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