La réforme du cadre institutionnel engagée
Le ministère du Transport a mis en oeuvre une stratégie de modernisation de la logistique focalisée sur plusieurs axes dont le développement de l’infrastructure de base de la logistique, l’organisation des métiers logistiques et de la coordination, la rationalisation des services de transport des marchandises, le renforcement de la compétitivité du secteur de la logistique ▸
Le ministère du Transport a mis en oeuvre une stratégie de modernisation de la logistique focalisée sur plusieurs axes dont le développement de l’infrastructure de base de la logistique, l’organisation des métiers logistiques et de la coordination, la rationalisation des services de transport des marchandises, le renforcement de la compétitivité du secteur de la logistique
«Promouvoir l’investissement dans le secteur de la logistique en vue de renforcer l’intégration de la Tunisie dans la chaîne des valeurs mondiales» est le thème de la conférence organisée hier à Tunis, consacrée à la présentation du rapport élaboré par l’Organisation de coopération et de développement économique à la demande du ministère du transport tunisien qui a pour objectif d’identifier les politiques de transport et de logistique et de contribuer à la réalisation du plan national quinquennal 2016-2020. Ce rapport a pour objectif principal de «favoriser le développement de politiques intégrées et coordonnées dans les secteurs du transport et de la logistique grâce à une réforme institutionnelle de la gouvernance de la chaîne logistique. Cette réforme contribuera à la réalisation des objectifs du plan national de développement 2016-2020, notamment en renforçant la compétitivité de l’économie tunisienne et son intégration dans les chaînes de valeurs mondiales. Elle participera également au développement local par une intégration territoriale accrue et une croissance inclusive», précise Mme Mathilde Mesnard, directrice adjointe de la Direction des affaires financières et des entreprises à l’Ocde.
Absence de politique
Ce rapport montre qu’en Tunisie, «les infrastructures et les services logistiques se sont peu adaptés aux nouvelles tendances mondiales et demeurent relativement peu compétitifs. En particulier, les services de transport maritime de marchandises n’ont pas pu se moderniser, ce qui a conduit à une perte de compétitivité dans le secteur de la logistique par rapport à d’autres pays émergents». Par ailleurs, les coûts élevés de la logistique en Tunisie ont des répercussions importantes sur la compétitivité des secteurs clés de l’économie tels que l’industrie, la distribution et le commerce de détail, l’agriculture et la construction. Selon la même source, les entreprises offrant des services logistiques en Tunisie sont confrontées à certains obstacles au niveau des procédures administratives et des réglementations. En effet, «les entreprises nationales et les investisseurs étrangers souffrent de certaines formalités à la douane et de réglementations contraignantes qui freinent la rapidité des échanges et créent des coûts de transaction élevés pour le commerce». Dans le même contexte, la logistique en Tunisie a souffert de l’absence d’une politique cohérente dans le secteur du transport. «La mise en oeuvre de réformes pour libérer le potentiel de développement du secteur a pris du retard. Cette absence de vision et le manque de coordination n’ont pas permis d’adopter en temps réel un cadre réglementaire régissant les nouveaux métiers de la chaîne logistique et de développer des plateformes logistiques et des pratiques d’optimisation globale dans la chaîne de transport des marchandises». Dans le plan quinquennal de développement 2016-2020, la Tunisie a identifié la mise en place d’un cadre institutionnel pour la coordination du secteur de la logistique comme une priorité. Ce cadre institutionnel devrait accompagner la réalisation de projets d’infrastructure, notamment le lancement du réseau de zones logistiques programmées dans le plan de développement. En favorisant un dialogue élargi entre les secteurs privé et public, ce cadre institutionnel permettra d’identifier et d’engager les réformes d’une manière structurée, participative et proactive. Ce mécanisme institutionnel devra également «prendre en considération les dispositifs institutionnels en cours de mise en place en Tunisie et qui régissent notamment la politique de l’investissement ainsi que l’opérationnalisation des PPP». Autant dire que le secteur du transport et de la logistique est parmi les secteurs compétitifs de l’économie nationale, mais qui ne manque pas de lacunes. «Ces lacunes ont eu un impact négatif sur la logistique dont la contribution au PNB ne dépasse pas 4,5%. De même, le coût de la logistique qui avoisine 20% du PNB dépasse la moyenne du coût dans les pays développés (15%)», précise M. Anis Ghdira, ministre du Transport. En outre, la Tunisie est passée de la 61e à la 110e position d’après l’indicateur d’efficacité logistique fixé par la Banque mondiale. Ces facteurs et bien d’autres ont eu des répercussions négatives sur le développement de cette branche. Ainsi, le ministère de tutelle a mis en oeuvre une stratégie de modernisation de la logistique focalisée sur plusieurs axes, à savoir le développement de l’infrastructure de base de la logistique, l’organisation des métiers logistiques et de la coordination, la rationalisation des services de transport des marchandises, le renforcement de la compétitivité du secteur de la logistique... En vue d’accélérer la mise en oeuvre de cette stratégie, «le ministère du Transport a engagé des réformes et des programmes introduits dans le plan de développement 2016-2020. Parmi ces projets, l’élaboration d’un cadre institutionnel organisant les métiers logistiques, la création et l’exploitation de zones logistiques, le développement du marché de la logistique, la modernisation et l’exploitation à bon escient des ports commerciaux, la réalisation de cinq nouvelles zones logistiques dans le cadre d’un partenariat public-privé sur une superficie de 580 ha, moyennant des investissements de l’ordre de 1.800 millions de dinars».
N. HIZAOUI