Universités sous tension
La Fédération générale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Fgesrs), représentant légitime des enseignants du supérieur, parle d’«imposture», et s’oppose à la grève
«Ijaba syndicat» a annoncé que les enseignants du supérieur sont en grève le 11 et le 12 avril. Cette structure syndicale se définit comme «indépendante». Elle a été lancée en 2011 et se trouve implantée dans les différentes institutions d’enseignement supérieur. Les revendications qu’elle cherche à défendre sont, principalement, au nombre de trois. Selon un responsable de ce syndicat, le mouvement de grève programmé pour ces deux jours vient après plusieurs autres actions visant à attirer l’attention des responsables sur les problèmes que rencontre l’Université tunisienne et les conditions dans lesquelles vit l’enseignant universitaire. C’est, donc, l’ignorance de cette situation par les autorités de tutelle qui a conduit à mener ce débrayage. Parmi les points essentiels figure la réforme de l’enseignement supérieur. Selon notre interlocuteur, il n’y a pas de vraie réforme, puisqu’il n’y a pas eu de vrai diagnostic de la situation. Il n’y a pas, non plus, d’implication des différents acteurs universitaires. Cela sans parler de l’infrastructure défaillante, ainsi que la politique d’austérité en vigueur. L’université publique serait menacée. Le deuxième point concerne la grille des salaires. Celle qui est appliquée ne serait pas appropriée car elle a marginalisé l’enseignant. C’est ce qui aurait «poussé près de 3.000 enseignants à migrer vers d’autres pays» . Enfin, il y a la question des recrutements qui pose problème face au grand nombre de chômeurs diplômés et dont la formation a coûté cher au budget du pays. On recourt, de plus en plus, aux vacataires et aux contractuels. C’est comme de la sous-traitance. Notons que la Fédération générale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Fgesrs) n’adhère pas à ce mouvement et ne se sent pas concernée. Elle l’a fait, clairement, savoir dans un communiqué en date du 10 avril. En tant que représentant des enseignants du supérieur (relevant de l’Ugtt) elle n’a jamais décrété un tel appel à la grève. C’est pourquoi la Fgesrs appelle à la vigilance et à ne pas suivre des réseaux parallèles qui veulent prendre la place de la vraie structure représentative du corp enseignant qui défend ses intérêts. Toute autre partie ne servirait qu’à jeter le flou sur la situation au sein de l’Université.