Investissements : l’etat sème à tout vent
BRUIT sourd et colère dans les régions qui se propagent comme un feu de paille. La revendication est presque la même et se répète comme un leitmotiv: l’emploi et le développement. Les zones marginalisées réclament ainsi leur part de soleil suite notamment aux promesses faites par les gouvernements successifs quant à l’instauration d’un nouveau modèle de développement qui rompt avec le schéma désuet et d’une discrimination positive.
Deux cas de figure illustrent clairement l’immobilisme de l’Etat et de l’administration : le sit-in des ouvriers de l’usine de câblerie automobile au Kef. Celle-ci emploie près de 450 salariés et veut en libérer 53 pour fin de contrat. Mais les ouvriers refusent cette décision, dès lors qu’il s’agit de l’unique unité qui constitue le principal employeur de la région, nourrissant des centaines de familles. En effet, dans cette zone où l’Etat a aménagé des zones industrielles à coups de millions de dinars, l’investissement n’a pas suivi en dépit des incitations que l’Eat a fait miroiter. Ces zones sont ainsi restées presque désertes, faute d’un aménagement adéquat : elles sont implantées presque en pleine campagne, sans centres de vie, sans logements pour les ouvriers et sans moyens de transport, loin des zones urbaines.
A ce propos, l’Etat n’a nullement retenu la leçon pour réviser sa politique d’aménagement de zones industrielles dans les régions en poursuivant un investissement presque à fonds perdus et une action du type «je sème à tout vent», en attendant l’arrivée aléatoire — dans combien d’années — d’improbables investisseurs…
Le deuxième exemple dans ce paysage de la colère est celui de l’unité de cellulose de Kasserine. Cet employeur quasi exclusif de la région qui fait vivre des centaines de familles — entre emplois directs et indirects — est aujourd’hui à l’arrêt, faute de fonds. Les ouvriers en sit-in réclament à l’Etat des subventions pour faire redémarrer l’usine.
Un exemple illustre l’état de ce cas similaire à celui du Kef : dans le secteur du textile, un fléchissement a été enregistré en matière de nouveaux investissements. Ainsi huit entreprises ont fermé et cinq autres ont interrompu leurs activités contre quatre nouveaux projets lancés. Parmi les difficultés auxquelles fait face le secteur : l’insuffisance de la main-d’oeuvre spécialisée, l’absence d’une infrastructure moderne et d’un centre sectoriel du textile.
Résumons-nous : pour promouvoir les régions, l’Etat va-t-il se contenter d’aménager des zones industrielles et d’instaurer des incitations en l’absence d’une vision stratégique, prospective et globale ? Va-t-il ainsi poursuivre la politique des investissements perdus et aléatoires, sans de réelles mesures efficaces d’accompagnement ?…
L’Etat n’a nullement retenu la leçon pour réviser sa politique d’aménagement de zones industrielles dans les régions en poursuivant un investissement presque à fonds perdus et une action du type «je sème à tout vent», en attendant l’arrivée aléatoire — dans combien d’années — d’improbables investisseurs…