Ligne rouge
On ne peut pas aller à l’encontre des chiffres. A l’instar des faits, ils sont têtus. Face à eux, trois postures sont possibles : 1. faire l’autruche ; 2. se faire passer pour un faiseur de miracles ; 3. tenir un langage de vérité. « Gouverner, c’est choisir », dit-on. Or, les différents gouvernements qui se sont succédé jusque-là semblent avoir souvent fait le choix soit carrément du déni de la réalité, soit de l’usage des promesses comme palliatifs et tranquillisants. Le choix, en somme, de la fallacieuse facilité et du courtermisme, de la démagogie et du populisme. Face à la grande complexité de la situation dans laquelle le pays se trouve depuis des années, un tel choix est tout simplement synonyme de fuite en avant. Personne n’ignorait bien sûr qu’une telle voie est périlleuse mais l’immaturité de la classe politique, les petits calculs partisans, les querelles de chapelle, les corporatismes étroits empêchaient beaucoup de monde de voir que, pardelà la survie d’un tel gouvernement ou d’un autre, c’est l’Etat qui pourrait être menacé. Il faudrait à cet égard prendre toute la mesure du propos de Youssef Chahed quand il affirme que « s’opposer au gouvernement ne me dérange pas, s’opposer à l’Etat, c’est grave ». S’opposer au gouvernement, quoi de plus naturel en effet dans une démocratie. Quand elle est une force de proposition, l’opposition est une réelle et véritable source de vigueur et de vitalité pour le pays et pour la démocratie. Dans tous les autres cas, elle devient une source d’obstruction, d’inertie, d’instabilité politique, de régression et d’assèchement de la démocratie. Au risque de choquer, le chef du gouvernement a eu l’audace de dire: « On n’a rien promis, mais on assume notre responsabilité » , faisant ainsi le procès des promesses non tenues de ses prédécesseurs. C’était important de le souligner et plus encore sans doute d’indiquer la ligne rouge à ne pas franchir : mettre en péril l’Etat.
S’opposer au gouvernement, quoi de plus naturel dans une démocratie. Quand elle est une force de proposition, l’opposition est une réelle et véritable source de vigueur et de vitalité pour le pays et pour la démocratie. Dans tous les autres cas, elle devient une source d’obstruction, d’inertie, d’instabilité politique, de régression et d’assèchement de la démocratie.