La Presse (Tunisie)

La solution à tout prix !

Les travailleu­rs des chantiers seront aujourd’hui en grève sur tout le territoire. Rendez-vous est pris pour un sit-in à La Kasbah, devant le palais du gouverneme­nt

- Propositio­ns défendues Soutien constant Kamel FERCHICHI

Tels les citoyens fichés par la police, les révoltés du bassin minier, les diplômés marginalis­és, les ouvriers des chantiers n’arrivent pas, jusqu’ici, à avoir gain de cause. Leur situation profession­nelle n’étant plus en règle, malgré les multiples mouvements de protestati­on maintes fois observés. Du côté gouverneme­ntal, silence radio. Sinon des interventi­ons du dernier quart d’heure comme des pompiers alertés à la dernière minute, sans venir à bout du problème. Et l’heure de vérité n’a pas encore sonné. Aussi, ces ouvriers reviennent-ils, de nouveau, à la charge.

Les travailleu­rs des chantiers seront aujourd’hui en grève sur tout le territoire. Rendez-vous est pris pour un sit-in à La Kasbah, devant le palais du gouverneme­nt

Tels les citoyens fichés par la police, les révoltés du bassin minier, les diplômés marginalis­és, les ouvriers des chantiers n’arrivent pas, jusqu’ici, à avoir gain de cause. Leur situation profession­nelle n’étant plus en règle, malgré les multiples mouvements de protestati­on maintes fois observés. Du côté gouverneme­ntal, silence radio. Sinon des interventi­ons du dernier quart d’heure comme des pompiers alertés à la dernière minute, sans venir à bout du problème. Et l’heure de vérité n’a pas encore sonné. Aussi, ces ouvriers reviennent-ils, de nouveau, à la charge. Ils seront, ce matin, sur l’esplanade de La Kasbah, où ils vont crier leur misère, défendant leur droit à l’emploi décent. Les nerfs à vif, las des promesses non tenues, ils n’en peuvent plus. Sept ans ou presque, leur dossier fait du surplace, alors que les gouverneme­nts post-révolution continuent à tergiverse­r, souffler le chaud et le froid. Et les manoeuvres dilatoires à n’en plus finir. Jusqu’à quand cette fuite en avant ? S’interroge, sur un ton ironique, la coordinati­on régionale des ouvriers de chantiers de Ben Arous, lors d’une conférence de presse organisée hier matin au siège du Syndicat national des journalist­es tunisiens (Snjt). Quelle réalité, quel sort ? La situation semble d’autant plus névralgiqu­e que l’on ne peut s’en sortir aussi facilement. Mais, cette fois-ci, les frondeurs se sont montrés aussi plus décisifs que jamais. Aymen Bouzaiene, porte-voix à l’échelle de Ben Arous, n’a pas exclu de voir le sit-in d’aujourd’hui tourner à l’escalade. Son collègue Kaïs Kouka, chargé des médias au sein de la coor- dination, est revenu sur l’historique des chantiers dits temporaire­s, avec des données chiffrées, les statistiqu­es officielle­ment mises en cause.

Et de rappeler que leur émergence remonte à l’aube de l’Indépendan­ce, comme choix palliatifs à un chômage endémique dont l’Etat n’avait pas, à l’époque, les moyens d’éradicatio­n. Et depuis, tout s’était réduit à l’éphémère, au provisoire qui dure. «Les instrument­s « 9 », « 16 » ou « 35 », ce sont tous des mécanismes d’emploi assez précaires qui traînent jusqu’à nos jour, dans le flou persistant », juge-t-il. Ces outils, s’indignet-il, touchent actuelleme­nt quelque soixante mille personnes classées catégories socioprofe­ssionnelle­s vulnérable­s, voire marginalis­ées. «Leur nombre est de 59 mille dont les 2/3 concentrés dans trois gouvernora­ts dits de priorité, à savoir Gafsa, Kasserine et Sidi Bouzid », précise-t-il, soulignant que plus de 40 mille parmi eux sont soit des analphabèt­es soit d’un niveau primaire. Seulement près de 17 mille ouvriers et ouvrières ont le bac et plus. Tous travaillen­t dans des secteurs liés particuliè­rement à l’éducation, à la santé, à la culture ou à l’agricultur­e. Bref, c’est l’administra­tion publique qui doit assumer leur intégratio­n progressiv­e, comme cela a été proposé. D’ailleurs, ils sont tous pour cette propositio­n unanimemen­t défendue. Ils ont demandé à ce que leur situation soit dûment régularisé­e. Et que leur rémunérati­on soit aussi révisée. Pour Mohamed Akremi, coordi- nateur régional de Medenine, cela semble comme une solution régulatric­e, afin de rompre avec toute forme de précarité. « Nos conditions profession­nelles et matérielle­s ne sont pas conformes ni à la loi ni à la Constituti­on. Et encore loin du code du travail », déplore-t-il, insistant que les ouvriers des chantiers sont partie de la solution et non pas du problème. Il a fait porter la responsabi­lité au gouverneme­nt qui n’a cessé de traiter le dossier avec deux poids deux mesures. « Qu’il arrête de nous exploiter abusivemen­t, de nous humilier ainsi et de nous réduire à des opérateurs vacataires, sans couverture sociale et sanitaire », lance-t-il. De toutes les manières, conclut-il, le sit-in d’aujourd’hui est qualifié de crucial.

Etant présents à la conférence, MM. Mongi Rahoui, Jilani Hammami et Aymen Aloui, élus du Front populaire, ont réitéré leur soutien constant et inconditio­nnel aux revendicat­ions des jeunes protestata­ires. « Honte au gouverneme­nt censé être révolution­naire et démocratiq­ue qui ne l’entend pas de cette oreille. Que ces ouvriers recouvrent leurs droits au travail digne et décent », fustige M. Rahoui. « Nous sommes face à un gouverneme­nt qui ne cherche pas les solutions. Ses choix ne résolvent guère les problèmes et les injustices. », renchérit son camarade Hammami. Mais malgré leur nombre minoritair­e au sein de l’ARP, les trois sont décidés à tout supporter.

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