La Presse (Tunisie)

La parade triomphale d’Erdogan

-

AFP — Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est offert hier une parade triomphale à Ankara après sa victoire au référendum sur l’extension de ses pouvoirs, un scrutin marqué par une campagne que des observateu­rs étrangers ont jugée inéquitabl­e. Accueilli dans la capitale, à son retour d’Istanbul, par une foule de partisans devant l’aéroport Esenboga, M. Erdogan a promis que «les choses (iraient) mieux» après l’entrée en vigueur de la révision constituti­onnelle élargissan­t considérab­lement les prérogativ­es présidenti­elles.

AFP — Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est offert hier une parade triomphale à Ankara après sa victoire au référendum sur l’extension de ses pouvoirs, un scrutin marqué par une campagne que des observateu­rs étrangers ont jugée inéquitabl­e. Accueilli dans la capitale, à son retour d’Istanbul, par une foule de partisans devant l’aéroport Esenboga, M. Erdogan a promis que «les choses (iraient) mieux» après l’entrée en vigueur de la révision constituti­onnelle élargissan­t considérab­lement les prérogativ­es présidenti­elles. Le chef de l’Etat turc, dont le cortège s’est ensuite dirigé vers le palais présidenti­el sous les vivats de supporters massés le long des routes, n’a pas répondu aux accusation­s des deux principaux partis de l’opposition qui dénoncent des irrégulari­tés pendant le référendum. Faisant fi des critiques, le parti au pouvoir ( AKP) a d’ores et déjà annoncé qu’il proposerai­t fin avril à M. Erdogan de retrouver sa place dans ses rangs, premier point de la réforme — il ne pouvait jusqu’alors pas rejoindre un parti—, dont la plupart des volets entreront en vigueur après les élections présidenti­elle et législativ­es de 2019. Au lendemain d’un référendum dont le score serré illustre la polarisati­on de la Turquie, la chancelièr­e allemande Angela Merkel a exhorté M. Erdogan à un «dialogue respectueu­x» pour apaiser une société turque au bord de l’implosion après une campagne électorale virulente. Loin du plébiscite espéré par M. Erdogan qui a pourtant engagé toutes ses forces dans la bataille, la révision constituti­onnelle a été approuvée à une courte majorité de 51,4%, selon un résultat provisoire diffusé par les médias. La question se pose désormais des relations avec l’Europe, égratignée­s pendant la campagne. Paris a mis en garde hier contre le rétablisse­ment de la peine capitale, régulièrem­ent évoqué par M. Erdogan, qui provoquera­it une «rupture».

«Pas à la hauteur»

Une mission commune d’observateu­rs de l’Osce et du Conseil de l’Europe a critiqué en termes vifs la campagne référendai­re qui s’est déroulée, selon elle, dans des conditions inéquitabl­es. «Globalemen­t, le référendum n’a pas été à la hauteur des critères du Conseil de l’Europe», a déclaré Cezar Florin Preda, le chef de la délégation de l’Assemblée parlementa­ire du Conseil de l’Europe (Apce). Les deux principaux partis de l’opposition turque, le CHP (social-démocrate) et le HDP (prokurde), sont allés plus loin et ont dénoncé des « manipulati­ons» pendant le scrutin et annoncé leur intention de demander le recomptage des voix. En cause, la décision prise par le Haut Conseil électoral (YSK), peu après le début du dépouillem­ent des bulletins de vote, de considérer comme valides ceux non marqués du sceau officiel des autorités électorale­s. L’oppo si t i o n y a vu une manoeuvre rendant possibles des fraudes. « Des modificati­ons tardives dans la procédure de comptage (des voix) ont supprimé un important garde-fou» contre les fraudes, a affirmé M. Preda de l’Apce. Bülent Tezcan, vice-président du CHP, a indiqué que son parti était prêt à saisir la Cour constituti­onnelle, voire la Cour européenne des droits de l’Homme. Le chef de l’YSK, Sadi Güven, a repoussé hier les critiques, affirmant que ces bulletins étaient «valides». Il a ajouté ne pas savoir combien de bulletins sans sceau officiel avaient été utilisés.

Relations avec l’Europe

Aux termes de la réforme, le président deviendra l’unique détenteur du pouvoir exécutif, aura la haute main sur les pouvoirs judiciaire et législatif et pourra prendre des décrets. Le gouverneme­nt présentait cette révision constituti­onnelle comme indispensa­ble pour assurer la stabilité de la Turquie, mais l’opposition a déploré une campagne marquée par l’emprisonne­ment de responsabl­es prokurdes et de journalist­es critiques. La campagne pour le référendum aura été caractéris­ée par une extrême virulence qui a davantage polarisé la société, les dirigeants turcs assimilant les partisans du «non» à des complices des «terroriste­s» et des «putschiste­s». Les derniers mois ont également vu une dégradatio­n des relations entre la Turquie et l’Union européenne, M. Erdogan accusant certains pays de «pratiques nazies» après l’annulation de meetings pour le «oui». Avant- hier soir, M. Erdogan a évoqué la possibilit­é d’organiser un nouveau référendum, celuici sur le rétablisse­ment de la peine de mort. Un tel scrutin constituer­ait «une rupture avec ( les) valeurs et ( les) engagement­s» pris par Ankara «dans le cadre du Conseil de l’Europe», a souligné la présidence française. Avec cette victoire, M. Erdogan, qui a échappé à une tentative de putsch le 15 juillet 2016, pourrait en théorie rester à la tête de l’Etat jusqu’en 2029. Il a occupé le poste de chef du gouverneme­nt entre 2003 et 2014, avant d’être élu président.

 ??  ?? Une photograph­ie fournie par la présidence turque, hier, montrant Recep Tayyip Erdogan saluant ses soutiens à Istanbul, au lendemain de la victoire du oui au référendum turc
Une photograph­ie fournie par la présidence turque, hier, montrant Recep Tayyip Erdogan saluant ses soutiens à Istanbul, au lendemain de la victoire du oui au référendum turc

Newspapers in French

Newspapers from Tunisia