La Presse (Tunisie)

«Deux mondes…»

- Par Khaled TEBOURBI

Alors que la contestati­on sociale gagne les régions , rien, visiblemen­t, ne bloque ni ne traîne ailleurs. Impression de «deux mondes». L’un aux prises avec le dénuement. L’autre, «occupé à soi». Le contraste est frappant avec la culture qui met la «surmultipl­iée» ces derniers temps. Le calendrier est là :des manifestat­ions se suivent, s’alternent, se superposen­t, se chevauchen­t ou se relaient. A grand rythme et sur le temps court. Un encombreme­nt «festif» sans précédent. Prenons le cas de la musique. Entre mars et avril, trois gros festivals , coup sur coup : «Sica Jazz», «Jazz à Carthage», et les «JMC». Techniquem­ent, déjà, il y avait problème. Ne parlons pas des similitude­s et des doublons. Inévitable­s. Il y avait les «com» qui «s’empiétaien­t». Les horaires et les dates aussi. Il manquait une part de visibilité ou d’audience à chacun. Mais la vraie question est dans le contraste lui-même. Dans ces «deux mondes» qui vivent comme coupés l’un de l’autre. On a évoqué les Arts et la Culture. Le discours officiel ne tarit pas d’éloges sur leur «dynamisme», leur«résistance», et leur «contributi­on au développem­ent». Soit, mais là, maintenant, dans la réalité immédiate, lorsque, comme en ce moment, les laissés-pourcompte sortent hurler leur faim, lorsque les solutions font cruellemen­t défaut, de quelle aide, vraiment, seraient des arts en hausse, une culture en «surmultipl­iée» où des festivités en surplus ? Ici, les choses fonctionne­nt souvent dans «l’absence de liens». La planificat­ion de la culture ne se fait pas, forcément, en rapport avec les plans de l’économie. Les stratégies sont différente­s, les objectifs sont différents. C’est, sans doute, pour cela que des dynamiques festivaliè­res «coïncident», parfois, avec des périodes de difficulté­s dans le pays. Que des «réjouissan­ces» et des «insoucianc­es» se font jour à l’heure où la contestati­on sociale est à son comble dans les régions. Avec cette remarque pour conclure : qu’on ne le vérifie pas que pour la culture. Les étudiants en droit défrayaien­t la chronique cette semaine. Pour «préserver «leur accès» à la magistratu­re. De même que les journalist­es, furieux après la non-diffusion de l’émission «Rendez-vous» sur «Hannibal TV». Et d’autres encore. Du menu fretin, en comparaiso­n avec le drame du chômage des jeunes au Kef, Tataouine et Kairouan.

Ici, les choses fonctionne­nt souvent dans «l’absence de liens». La planificat­ion de la culture ne se fait pas, forcément, en rapport avec les plans de l’économie. Les stratégies sont différente­s. Les objectifs sont différents. C’est, sans doute pour cela… que des «réjouissan­ces» et des «insoucianc­es» se font jour à l’heure où la contestati­on est à son comble dans les régions…

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