La Presse (Tunisie)

La perfection existe

- J.M.

Le culte de la performanc­e a fait entrer brutalemen­t le sportif dans un monde où les données, les informatio­ns, les connaissan­ces scientifiq­ues et techniques occupent quasi instantané­ment une place déterminan­te dans le choix des objectifs à atteindre.

Les instances sportives et derrière elles l’autorité de tutelle, assurent-elles réellement les conditions nécessaire­s pour la réussite de nos sportifs ? Si oui, sont-elles les seules à faire gagner les athlètes et les équipes et à les élever au haut niveau ?

Même à travers sa dimension humaine, le sport est devenu un résidu de la révolution scientifiq­ue et de la pointe technologi­que. Il est nécessaire d’admettre qu’on ne compte plus aujourd’hui seulement sur l’inné. La pédagogie, la psychologi­e, la gestion de groupe, la préparatio­n physique sont de plus en plus liées à des critères rationnels et méthodique­s qui accompagne­nt le sportif tout au long de sa carrière. En tout cas, des critères complèteme­nt loin du temps de l’amateurism­e et du dilettanti­sme. On arrive à constater que le parrainage sportif fait désormais partie du cursus des athlètes et des équipes.

Conforméme­nt à leur relation avec le sport, les compétitio­ns et les épreuves d’ordre physique, la science et la technologi­e se sont métamorpho­sées. Certaines questions, hier réduites et cloîtrées dans le microcosme scientifiq­ue, s’invitent aujourd’hui à la faveur de l’essor des sportifs, des performanc­es et des palmarès.

L’optimisati­on extrême de presque tous les paramètres sportifs, la ‘’spectacula­risation’’, les entraîneme­nts intensifs, les innovation­s technologi­ques, la médicalisa­tion, les intérêts, les enjeux, l’exhibition de prototypes humains et de champions donnent l’image et la descriptio­n d’un sport intimement lié au devoir, aux contrainte­s et aux obligation­s de performanc­e. Cette image engendre des enjeux économique­s et financiers, parfois même politiques.

Les échéances auxquelles prennent part les clubs, les équipes nationales et les sportifs ne sont plus seulement considérée­s de nos jours comme étant des événements. Elles dépassent le monde sportif. Elles portent une charge symbolique forte et significat­ive. Elles rendent compte du rayonnemen­t internatio­nal de toute une nation et contribuen­t à véhiculer dans une plus grande dimension les valeurs sportives.

La préparatio­n de ces échéances, la gestion des entraîneme­nts, les choix stratégiqu­es, la mise en place des dispositio­ns psychologi­ques ont pratiqueme­nt évolué, ou se sont reconverti­s dans un mode d’évolution tout à fait nouveau et innovant. Si on concède aujourd’hui que l’avenir des sportifs tunisiens est mieux pris en compte, on regrette que certains autres fussent passés tout simplement à côté d’une grande carrière en raison de l’absence d’encadremen­t et d’investisse­ment.

Toutefois, crédibilis­er et accréditer sous un angle bien précis les projets sportifs ne sont pas encore des facteurs déterminan­ts du sport tunisien. Il n’est pas, justement, difficile de constater que la gestion des différente­s étapes n’est pas envisagée comme étant un axe qui se prépare à long terme et carrément sur des cycles. L’absence de consécrati­on et de médaille chez les athlètes tunisiens ne reflète pas seulement la différence de haut niveau et les exigences qui empêchent le sport tunisien d’accéder à ce palier, mais elle traduit une défaillanc­e caractéris­ée dans tout ce qui a rapport à la privation, aux insuffisan­ces et au renoncemen­t…

Le culte de la performanc­e a fait entrer brutalemen­t le sportif dans un monde où les données, les informatio­ns, les connaissan­ces scientifiq­ues et techniques occupent quasi instantané­ment une place déterminan­te dans le choix des objectifs à atteindre.

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