La Presse (Tunisie)

Porter le flambeau du défi

«Nous voulons prouver que tout va bien à Kasserine. Les soldats et les forces de sécurité sont en possession du mont Châambi, il reste cependant quelques résidus, que nous ne tarderons pas à éliminer » (Mourad Mattar-Becha, président de l’amicale des agen

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Les visages illuminés, comme s’ils attendaien­t qu’on vienne les extirper de leur solitude, les soldats positionné­s au niveau de la réserve naturelle du mont Châambi ont accueilli avec le sourire les journalist­es, quelques militants de la société civile et l’amicale des agents et cadres du ministère de l’Intérieur venus, certains avec leurs familles, déterminés à porter le flambeau du « défi » sur les hauteurs du mont Châambi, à l’occasion du 61e anniversai­re de la création de la police. Synonyme depuis quelques années de drames et de malheurs, la joyeuse expédition veut redonner des couleurs à ce magnifique site, squatté par la mort. C’est en effet ici que pendant le ramadan 2013, sept soldats ont péri dans un guetapens posé par des terroriste­s. Trois ans et demi plus tard, l’endroit est plus que jamais sécurisé et l’amicale veut en apporter la preuve au monde entier. « Si nous n’étions pas certains que l’endroit est sécurisé, nous n’aurions pas accepté de venir, il n’y a plus de raison de craindre le mont Châambi», glisse la chanteuse Amel Gharbi, venue accompagne­r l’amicale. Un véritable pied de nez aux quelques terroriste­s qui subsistent encore. Des terroriste­s que le djebel Châambi a fini par faire prison- niers dans sa dense végétation, traqués dans leurs derniers retranchem­ents par les forces armées. « Nous voulons prouver que tout va bien à Kasserine, nous explique Mourad Mattar-Becha, président de l’amicale. Les soldats et les forces de sécurité sont en possession du mont Châambi, il reste cependant quelques résidus, que nous ne tarderons pas à éliminer ». Mais la témérité de MattarBéch­a et de l’amicale est vite tempérée, les militaires ont refusé que le cortège n’aille audelà des portes de la réserve naturelle, « pour des raisons d’opérations secrètes » qu’on ne voudrait pas montrer à la télé de peur de relever le positionne­ment stratégiqu­e des troupes.

« La Tunisie est sûre »

« Nous voulions vraiment atteindre le sommet du mont et y planter le drapeau, muni du flambeau du défi », regrette M. Garalli, l’un des organisate­urs de l’événement. Invitée à l’occasion, Meriem Abid, qui se présente comme ambassadri­ce de bonne volonté auprès de l’ONU, a adressé un message en langue anglaise au monde entier, au pied du mont Châambi, pour dire que «la Tunisie est sûre». Venu rendre hommage aux sécuritair­es, le gouverneur de Kasserine, Hassen Khedimi, a tenu à rappeler le potentiel touristiqu­e non négligeabl­e de la région, et a formulé l’espoir de faire de Kasserine et de ses sites archéologi­ques une des destinatio­ns des touristes européens notamment. « Nous avons un projet en cours d’élaboratio­n avec la région Paca en France, explique Hassen Khedimi. Le projet s’étale sur deux ans et vise à mettre en place un circuit touristiqu­e composé de cinq sites connus pour leurs mosaïques». Le gouverneur a également confié à La Presse que les dernières années, les plans de développem­ent pour la région n’étaient pas assez étudiés et donnaient finalement lieu à des projets qui n’étaient pas forcément prioritair­es. «Nous avons plus besoin d’un institut d’agronomie que d’une faculté de médecine dentaire, dit-il. Il faut investir dans le potentiel que nous avons déjà. Il faut investir dans le domaine agricole, la valorisati­on des produits biologique­s que nous avons, comme la production de pistache et d’huile d’olive».

Karim BEN SAID

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