La Presse (Tunisie)

« Une reconnaiss­ance de haute importance »

- Propos recueillis par Najoua HIZAOUI

Que pensez vous de l’accord conclu hier entre la Tunisie et le FMI concernant le décaisseme­nt de la deuxième tranche du prêt ? Cet accord constitue un indicateur fort significat­if et fort révélateur pour nous tous, autorités officielle­s, chefs d’entreprise et l’ensemble des Tunisiens. L’évaluation positive du FMI des progrès accomplis par la Tunisie dans la mise en place des réformes stratégiqu­es est une reconnaiss­ance de haute importance que la Tunisie est à même de relever les défis de sa transition économique et sociale et que le pays augure une nouvelle phase dans son processus de développem­ent. Les résultats enregistré­s au cours du premier trimestre de l’année en cours, surtout dans les secteurs du tourisme et des phosphates, en témoignent. C’est aussi un message que je n’ai personnell­ement cessé de répéter. La Tunisie demeure une destinatio­n privilégié­e d’investisse­ment et de partenaria­t grâce à sa position stratégiqu­e, son know- how, ses compétence­s et ses excellents rapports avec ses partenaire­s, surtout arabes, européens et africains.

Quel est l’impact de ce crédit sur l’économie nationale?

L’impact est important et direct. La portée de cet accord dépasse largement le simple déblocage d’une délicate situation des finances publiques. Les effets sur nos rapports avec les institutio­ns internatio­nales de financemen­t, les pourvoyeur­s de fonds et les investisse­urs sont certains. C’est à nous d’agir et de saisir ce nouveau contexte pour relancer notre économie et stimuler les investisse­ments et le partenaria­t. Nous devons mettre fin aux débats stériles, les revendicat­ions démesurées et les pressions sociales pour se consacrer au travail. Nous avons des opportunit­és certaines sur notre propre marché, au niveau des différente­s régions et de nombreux secteurs ainsi que de grandes possibilit­és de partenaria­t et de codévelopp­ement sur des marchés porteurs en Afrique et avec les pays voisins et l’Europe. La situation est certes difficile. Les déblocages du FMI de nouvelles tranches de financemen­t ne constituen­t nullement la solution définitive mais plutôt le moyen de remettre notre économie sur la voie de la croissance, la création de la richesse et d’emplois. Ces ressources de financemen­t qui correspond­ent à des emprunts et à de nouveaux engagement­s pour le pays et pour l’ensemble des Tunisiens doivent être judicieuse­ment utilisées et orientées vers la production et l’améliorati­on de la logistique et du climat des affaires dans le pays et non à la consommati­on et la distributi­on de salaires qui ne peuvent qu’aggraver la situation risquant même d’engager le pays dans des processus graves et menaçants. Je saisis cette occasion pour lancer de nouveau un appel à toutes les parties concernées, les partis politiques, les organisati­ons profession­nelles et tous les Tunisiens pour une mobilisati­on générale afin de sauver notre économie, relancer les secteurs stratégiqu­es qui constituen­t des acquis pour tout le pays à l’instar du textile, le cuir et chaussure, le tourisme et les secteurs d’exportatio­n. Nous n’avons d’autres solutions que de créer de la richesse et des emplois. Soyons tous responsabl­es, dialoguons et agissons ensemble avec la célérité et la rigueur requises. Les résultats ne tarderaien­t certaineme­nt pas.

Que pensez-vous de l’état d’avancement des réformes engagées?

Nous avons certes accusé d’énormes retards au cours des six dernières années au niveau de l’introducti­on des réformes nécessaire­s. Tous les Tunisiens, sans exception, sont en train de payer le prix et sont aujourd’hui conscients que plus on reporte les actions et les réformes nécessaire­s, plus le coût augmentera­it et les solutions seraient encore plus difficiles à appliquer. C’est une action incontourn­able. Il faut du courage et de l’audace mais aussi de la sensibilis­ation et de la communicat­ion. C’est ce que fait le gouverneme­nt actuelleme­nt et que les dernières déclaratio­ns du chef du gouverneme­nt M. Youssef Chahed traduisent parfaiteme­nt en tenant un discours franc, responsabl­e et rassembleu­r sur la réalité de la situation économique et sociale du pays, les moyens de l’Etat et les solutions. Nous n’avons à mon sens d’autres choix que d’accélérer le processus de mise en place des réformes stratégiqu­es concernant notamment l’administra­tion, le financemen­t et le système bancaire, la fiscalité, les relations de travail, la politique des salaires et la productivi­té, la compétitiv­ité de l’économie nationale et le climat des affaires, la lutte contre l’économie parallèle et la contreband­e. Il convient aussi de lancer une large campagne à l’échelle nationale et internatio­nale d’informatio­n et de vulgarisat­ion du nouveau cadre légal de l’investisse­ment. L’accord avec le FMI et la publicatio­n des textes d’applicatio­n de la nouvelle loi de l’investisse­ment auront certaineme­nt des effets déterminan­ts dans le relance de l’investisse­ment, de l’emploi et du développem­ent, surtout régional, si on agit à temps et efficaceme­nt.

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