La Presse (Tunisie)

Un répit mais beaucoup de travail en vue

- Propos recueillis par N.HIZAOUI

«L’accord conclu avec le FMI suscite trois commentair­es de ma part. Le premier est qu’il s’agit d’une bonne nouvelle pour notre pays. Les négociatio­ns ont été dures et tout pouvait être remis en cause jusqu’au dernier moment. Mais nous sommes parvenus, au bout d’un suspense haletant, à un accord. Certes, cet accord ne porte malheureus­ement que sur la seconde tranche en souffrance depuis le mois de décembre dernier. On aurait aimé, bien évidemment, que cet accord intègre la troisième tranche qui était prévue pour la fin du mois dernier. Mais, c’est ce qu’on a été en mesure d’obtenir compte tenu du retard que nous avons enregistré dans l’exécution des engagement­s que nous avons pris vis-à-vis de cette institutio­n. En dépit des difficulté­s de négociatio­n et du fait que l’accord n’a porté que sur une seule tranche, je considère que c’est une bonne nouvelle dans la mesure où il nous donne un important répit. Cet accord, qui devrait être confirmé par le conseil d’administra­tion lors de la prochaine réunion qui examinera notre pays au début du mois de juin, pourra libérer la seconde tranche et surtout permettra aux autres institutio­ns, notamment la Banque mondiale, l’UE et la BAD, de libérer leurs appuis budgétaire­s. Il s’agira d’apports importants pour venir en aide à nos finances publiques qui passent par la plus importante crise de notre histoire. Cet accord nous donne un important moment de répit avant d’entamer l’exécution compliquée des engagement­s pris. Le deuxième commentair­e, c’est que nous entamons aujourd’hui la partie la plus dure de cet accord. Nous rentrons dans le vif du sujet où il va falloir trancher et faire preuve de déterminat­ion et de courage. Les engagement­s pris et qui seront examinés lors de la prochaine revue prévue sont d’une toute autre nature. La maîtrise de la masse salariale dans le budget, la réforme de l’administra­tion fiscale, de la fonction publique, des caisses sociales et du système bancaire, ainsi que le système des subvention­s ne sont pas une mince affaire. Il s’agit de réformes complexes à mener et porteuses de conflits. Jusque-là nous avons discuté du hors-d’oeuvre de l’accord, maintenant nous entamons les plats de résistance et ils sont lourds à digérer et à gérer. Il faut de la déterminat­ion, de l’engagement et de la volonté à en revendre. Et ce sera le véritable examen de l’engagement du gouverneme­nt dans les réformes. Le troisième commentair­e est plus large et concerne nos priorités économique­s. L’accord avec le FMI est important mais il faut également accorder de l’importance à nos deux priorités du moment : le retour de la croissance et l’inclusion sociale. Le retour de la croissance doit être au coeur de nos priorités économique­s. Ce retour passe impérative­ment par une relance de l’investisse­ment. Certes, les derniers textes, notamment la nouvelle loi sur l’investisse­ment, sont essentiels pour le retour de la confiance des investisse­urs, mais il serait naïf de croire qu’ils sont suffisants. Beaucoup de travail nous attend dans ce domaine, notamment pour l’améliorati­on de l’environnem­ent des affaires, afin que la reprise de l’investisse­ment devienne franche et massive. Ce retour de la croissance soulagera les finances publiques avec des recettes entre 300 et 400 millions de dinars pour un point de croissance supplément­aire. Il permettra aussi de créer des emplois car un point de croissance ramène près de 15 000 créations de nouveaux emplois. L’autre priorité est celle de l’inclusion sociale et de la réponse aux préoccupat­ions des régions de l’intérieur. Aujourd’hui c’est Tataouine et Le Kef, demain ce seront peut-être d’autres. Il est important d’apporter une réponse globale à ces demandes et de sortir du traitement au cas par cas. Une réponse sociale globale renforcera la cohésion sociale et la stabilité dont nous avons besoin pour poursuivre notre transition démocratiq­ue, lutter contre le terrorisme et exécuter nos réformes économique­s. Le retour de la croissance, de la stabilité et la confiance sociale sont les meilleurs alliés d’un gouverneme­nt dans des négociatio­ns internatio­nales et notamment celles que nous avons avec le FMI».

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