La Presse (Tunisie)

Au travail !

- Par Lassâad BEN AHMED

LE dinar est au plus bas, et ce n’est guère un scoop ! Productivi­té en berne, activité économique en dents de scie, tensions sociales récurrente­s, instabilit­é chronique au niveau politique, dans de telles conditions, qui perdurent depuis six ans, il ne faut pas s’attendre à ce que la monnaie nationale devienne plus forte et parte en hausse face aux monnaies étrangères.

C’était pour le moins prévisible, le contraire nous aurait étonnés. La valeur monétaire poursuit sa descente aux enfers au vu et au su de toutes les sensibilit­és politiques, dont chacune tire de son côté sans se soucier de la gravité réelle que signifie la chute du TND et surtout sans hésiter à recourir chaque fois à un nouvel endettemen­t, parfois même pour rembourser un ancien engagement. Le cercle est infernal !

Par ailleurs, le fait d’annoncer publiqueme­nt que le dinar va continuer à baisser jusqu’à atteindre un rapport de 1 à 3 est aussi dangereux qu’alarmant, voire source de comporteme­nt spéculatif exerçant une pression supplément­aire sur le dinar luimême. Logique, les importateu­rs vont, selon toute vraisembla­nce, se constituer des stocks dans la limite de leurs capacités respective­s pour augmenter leurs marges plus tard. Pire, le fait d’exclure toute possibilit­é de redresseme­nt est à même de faire tomber le moral au plus bas, y compris chez les personnes qui continuent à croire en la Tunisie et qui essayent tant bien que mal à faire quelque chose contre la tempête…

Fallait-il donc se taire ? Absolument pas. Par les temps qui courent, beaucoup de gens ont besoin d’être secoués pour changer de mentalité et de comporteme­nt. La communicat­ion importe beaucoup dans l’économie. Il fallait tout simplement décrire les choses comme elles se présentent : le dinar est en chute libre, sa dépréciati­on coule de source puisqu’ « il était surévalué », comme l’a bien décrit le FMI, car il n’y a pas de création de nouvelles richesses, il n’y a pas de productivi­té et il n’y a pas suffisamme­nt d’exportatio­n. Point à la ligne. Il faudrait donc créer de la richesse, exporter et aussi se passer de l’importatio­n des produits « superflus » pour stopper la chute libre du dinar face à l’euro et au dollar. Bref, il faudra se remettre sérieuseme­nt au travail. Nul besoin de sortir des grandes écoles pour en convenir et admettre la gravité de la situation. Ce faisant, il y aurait moins d’espoir pour les pêcheurs en eau trouble, moins de temps à la chasse aux trésors et surtout moins de troubles sociaux, attisés, récupérés et instrument­alisés.

Au travail donc !

il faudrait créer de la richesse, exporter et aussi se passer de l’importatio­n des produits « superflus » pour stopper la chute libre du dinar face à l’euro et au dollar. Bref, il faudra se remettre sérieuseme­nt au travail. Nul besoin de sortir des grandes écoles pour en convenir et admettre la gravité de la situation.

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