La Presse (Tunisie)

Un phénomène récurrent

Une nouvelle stratégie de protection des bagages sera bientôt mise en place

- Samir DRIDI

En avril 2016, le ministre du Transport, Anis Ghedira, avait annoncé, lors d’une séance d’écoute à l’ARP, que quinze agents et bagagistes affectés à l’aéroport Tunis-Carthage ont été traduits devant la justice pour le vol de bagages de voyageurs. Il a annoncé que son ministère s’est penché sur ce phénomène de vol dont sont victimes plusieurs aéroports. Mais malgré la volonté affichée pour mettre un terme à ces pratiques, certains gangs de bagagistes véreux continuent à échapper au système de contrôle mis en place par les autorités de tutelle. Malheureus­ement, un seul vol de bagage suffit pour que l’anathème soit jeté sur les gestionnai­res des aéroports et pour que les efforts consentis par ces derniers pour juguler ce phénomène soient éclaboussé­s.

Le vol de bagages, un problème commun à tous les aéroports internatio­naux

Le phénomène de vol des bagages des voyageurs n’est pas propre à notre pays. Plusieurs voyageurs dans d’autres contrées sont victimes d’escroqueri­e, ce qui a poussé les gestionnai­res des aéroports à prendre les mesures de sécurité qui s’imposent, comme l’installati­on de caméras de vidéosurve­illance et la formation et le renforceme­nt du personnel habilité à contrôler les points de passage des bagages. Malgré les arrestatio­ns et les nouvelles mesures prises par l’Office de l’aviation civile et des aéroports (Oaca) dans notre pays, certains gangs, bien organisés et encouragés par un climat parfois délétère, guettent toujours le moment propice pour s’adonner à leur sombre et vile pratique. Les vols se succèdent et ne se ressemblen­t pas, comme ce bagagiste qui a été arrêté en septembre 2016 par les unités sécuritair­es de l’aéroport de Djerba-Zarzis après avoir volé une somme de 450 TND des bagages d’un voyageur, ou cet employé qui a dérobé les bijoux de la valise de la femme d’un consul tunisien à l’aéroport Tunis-Carthage en octobre 2016. Mais un vol ça laisse toujours un sentiment de frustratio­n imprégné de courroux chez le voyageur spolié, d’autant plus qu’il est commis dans une zone hautement sécurisée. On se rappelle encore les déclaratio­ns du porte-parole du Tribunal de première instance de Tunis, Sofiène Sliti, sur les ondes d’une radio privée en septembre 2016. Des paroles qui ont mis à nu l’ampleur des dégâts après l’émission de mandats de dépôt à l’encontre de sept agents relevant de l’aéroport Tunis-Carthage qui étaient impliqués dans deux affaires séparées. Pour la première affaire enregistré­e en août 2016, un voyageur algérien a été délesté d’une importante somme d’argent, alors que la deuxième affaire est survenue en septembre 2016 après le dépôt de plaintes de la part de certains voyageurs suite au vol de leurs bagages à l’aéroport Tunis-Carthage.

Une nouvelle stratégie contre le vol de bagages

Comme à l’accoutumée, les autorités de tutelle ne réagissent que lorsqu’elles voient le danger arriver. L’anticipati­on et les mesures préventive­s se font rares, ce qui prépare le terrain à un retour fracassant des anciennes pratiques. Chassez le naturel, il revient au galop. Avec la montée des critiques sur les réseaux sociaux, les responsabl­es au ministère du Transport annoncent dans la foulée une série de mesures visant à juguler ce phénomène qui nuit à l’image du pays. Bientôt une nouvelle stratégie de protection des bagages sera mise en place. Cela nous rappelle une situation similaire vécue en septembre 2016 suite à l’arrestatio­n d’employés impliqués dans le vol de bagages à l’aéroport Tunis-Carthage. On avait annoncé, à cette époque, la multiplica­tion des opérations de surveillan­ce et la supervisio­n des opérations de vidage et remplissag­e des soutes par un agent de contrôle comme l’avait indiqué le ministre du Transport, mais le mal persiste et c’est le voyageur qui en pâtit le plus. L’un des employés à l’Oaca nous a confié que plusieurs mesures ont déjà été prises dans le cadre de la lutte contre ce fléau. Parmi ces mesures, il cite la mise en place d’un nouveau système de caméras de vidéosurve­illance, et une unité de suivi et d’investigat­ion ainsi que l’accroissem­ent des inspection­s de la police et de la douane. Il a toutefois admis que certains vols peuvent être commis depuis la soute à bagages. Préconisan­t le durcisseme­nt des critères de recrutemen­t des bagagistes, il a toutefois pointé du doigt la position de certains représenta­nts syndicaux qui tentent de couvrir ces sombres pratiques. Certes, ce phénomène n’a pas encore pris des proportion­s dantesques et certaines parties ont tendance à affabuler et extrapoler ces pratiques, ce qui peut porter préjudice à nos services dans les aéroports, d’autant plus que des actes de vol peuvent être enregistré­s hors de nos frontières avant même que l’avion n’atterrisse chez nous. Certaines histoires racontées dans le contexte de vol de bagages ne sont fondées que sur le ouï-dire, mais ceci n’exclut pas les cas de vol. Toutefois, il est impératif d’engager la réflexion pour mieux éclairer et cerner le contexte dans lequel ces vols sont commis, et surtout publier périodique­ment les statistiqu­es relatives aux réclamatio­ns pour vol d’effets personnels dans tous nos aéroports pour pouvoir mieux évaluer la situation.

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Des passagers ont été victimes de vol de bagages à l’aéroport de Tunis-Carthage le mois de septembre dernier

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