La préférence au bus
Les moyens de transport publics garantissent aux citoyens une liberté de mouvement et contribuent à réduire les inégalités sociales
Les secteurs de l’industrie, du commerce et de l’artisanat ne peuvent être rentables que si un système de transport développé leur en offre la possibilité. De ce fait, les transports sont étroitement liés à la vie socioéconomique d’un pays. Dans un gouvernorat comme celui de Kairouan où le réseau ferroviaire est inexistant (après la suppression de l’ancien chemin de fer en 1969 suite aux dommages causés par les inondations), le bus est devenu, pour beaucoup de ruraux et de citadins, l’instrument indispensable pour se rendre au travail, à l’école ou dans d’autres cités. Ainsi, il arrive en tête en ce qui concerne les déplacements quotidiens et ce pour des raisons relatives à la sécurité, à la ponctualité et au tarif qui est à la portée des bourses moyennes. Notons dans ce contexte que 90% des bus de la Soretrak sont réservés au transport scolaire et universitaire avec en moyenne 400 navettes par jour sur des itinéraires moyens de 7.000 km. Néanmoins, il est regrettable de constater que les bus assurant le transport des élèves des différentes localités aux établissements scolaires dans les délégations de Sbikha, Nassrallah, Bouhajla, Chébika, font souvent l’objet d’actes de vandalisme commis par des marginaux qui, au moindre retard ou arrêt ou bien suite à une malencontreuse panne, réagissent sauvagement pour arracher les chaises et briser les vitres, causant d’importants dégâts.
Ces élèves qui veulent prendre le bus sans payer leur ticket
En outre, certains élèves n’ayant pas d’abonnements veulent à tout prix prendre le bus et menacent les chauf- feurs et les contrôleurs, aidés en cela par leurs familles. Malgré cela, la Soretrak ne cesse de prendre des mesures en vue d’assurer une meilleure exploitation des lignes reliant le chef-lieu de Kairouan aux sièges des délégations et offrir aux passagers les prestations de service appropriées. D’ailleurs, elle utilise le système GPS pour superviser le trafic de ses bus et collabore avec l’université de Kairouan et la direction régionale de l’éducation pour la révision des horaires d’entrée et de sortie des élèves et des étudiants, de manière à assurer l’écart entre les fréquences afin d’éviter l’encombrement et d’alléger la pression sur la programmation du transport, tout en déterminant les points noirs sur les routes afin d’y intervenir d’une manière précise.
Le transport rural bat de l’aile
Il n’est pas rare de croiser dans les différentes routes du gouvernorat de Kairouan des véhicules de transport rural entassés de passagers dont le nombre dépasse la trentaine. Prétextant une fête de mariage ou de circoncision, les chauffeurs, dont plusieurs sont clandestins et s’adonnent au transport illicite, mettent la vie d’autrui en danger, au vu et au su de tout le monde. C’est pourquoi on assiste très souvent à de graves accidents provoqués par des conducteurs indélicats et dont les camionnettes laissent à désirer. C’est ainsi qu’il y a deux mois, vers midi, une camionnette bourrée d’ouvrières agricoles, et roulant à vive allure sur la route reliant Bouhajla à Imadat Jhina, s’est renversé, ce qui a provoqué des blessures graves à 28 personnes âgées entre 30 et 35 ans. Et au mois de janvier 2017, une camionnette transportant des ouvrières pour la cueillette des olives, à El Hajeb El Ayoun, s’est renversée au niveau de la localité rurale d’Aouled Saïd Ben Ali et ce à cause de l’éclatement d’un pneu. Résultat : 16 femmes entassées à l’arrière du véhicule, sans aucune assurance, ont été gravement blessées et transférées à l’hôpital de Kairouan. Et dans la matinée du 11 février, un terrible accident est survenu entre les localités d’Essarja et de Gantra (délégation de Hajeb El Ayoun), causant le décès sur le coup du jeune conducteur et des blessures très graves à 16 ouvriers qui se rendaient vers les parcelles agricoles d’Essarja.
Le train sifflera de nouveau à Kairouan
Notons que les études techniques et économiques relatives à la réalisation du projet de la ligne ferroviaire reliant Enfidha à Kairouan ont été lancées le 10 avril 2017 pour un coût de 760.000D. Et on s’attend à ce que les travaux de réalisation de cet important projet débuteront en 2019 pour un budget de 180 milliards, et concerneront 48 kilomètres. Il va sans dire que ce projet d’envergure nationale, maintes fois reporté et bloqué, pourra prendre un grand essor dans les prochaines années, nécessitant moins d’énergie que d’autres moyens de transport largement dépendants des produits pétroliers. En outre, ce projet encouragera les hommes d’affaires à investir dans le gouvernorat de Kairouan et facilitera l’acheminement des marchandises et des voyageurs. Ce projet compte, bien évidemment, doter la ligne de techniques ferroviaires modernes telles que l’automatisation de la technique des signaux, les aiguillages automatiques et la régularisation du service de triage par ordinateur.